Le Nobel a encore fait très fort, cette année. En 1976, leurs collègues de la Banque Nationale Suédoise avaitent couronné l’oeuvre de Milton Friedman, l’économiste dont les oeuvres géniales ont ruinés tous les pays qui les avaient appliquées: du Chili post-Allende aux USA aujourd’hui. Maintenant, ils viennent de couronner celui qui a ouvert la boite de Pandore en matière de droit international. Le finlandais Martti Ahtisaari est nobélisé pour avoir concocté il y a peu l’indépendance du Kosovo dans des Balkans déjà bien balkanisés.
Partout dans le monde, des régions sont stratégiques de par leur position, leur industrie, leurs richesses minérales. A l’époque des décolonisations les grandes puissances de l’époque, Angleterre en tête, n’ont eu de cesse de créer ces confetti partout dans le monde. Voyons quelques exemples:
– L’Irlande socialiste de 1917 n’a pu être libérée du joug britannique que sous réserve que la zone industrielle du Nord, de gauche, reste propriété anglaise. Le très beau film “Michael Collins” occulte remarquablement ce fait. Et les Anglais n’ont été prêt à y faire des concessions, et donc y ramener la paix, que quand l’industrie sidérurgique y est morte, comme partout dans le monde et donc que le Nord a perdu toute sa valeur.
– L’Irak a été séparé de sa partie koweitii, la plus riche en pétrole, lors de sa décolonisation, toujours anglaise, d’ailleurs. Je ne sais d’ailleurs si l’énorme richesse pétrolière de l’Irak n’est pas une découverte postérieure à la décolonisation.
Jusqu’à présent, un frein à ce goût des découpages était un principe fondateur du droit international : l’utis posseditis juris. Une expression latine savante qui désigne l’intangibilité des frontières, notamment héritées de la décolonisation. Ca n’a l’air de rien, le Droit International mais c’est le fondement de bien des actions incompréhensibles sans ça:
– Les USA ne désignent pas sous le nom de torture leur utilisation des méthodes quasi-nazies d’interrogatoire car ils ont signé un traité bannissant la torture.
– Dans les années ’80, les USA sont allés balader leur porte-avions sous le nez du lybien Kadhafi et ont descendu deux de ses chasseurs. Provocation gratuite ? Non pas. Ils ont fait ça dans un golfe méditéranéen que celui-ci affirmait faire partie de ses eaux territoriales. Les américains sont allés prouver qu’il n’en avait pas la possession et donc qu’il ne pouvait pas le réclamer.
– Israel n’a jamais défini ses frontières, se réservant ainsi le droit d’annexer ce qu’elle voulait tout en gardant une apparence de respect du droit international.
– Les palestiniens n’ont pas déclaré l’existence de l’Etat Palestinien et se limitent à une “Autorité Palestienne” car ils n’ont pas le contrôle du territoire, occupé par Israel.
– Les bateaux russes actuellement en balade au large du Venezuela sont dépourvues d’armes nucléaires. Pour ne pas déplaire aux USA, alors que les Russes n’arrêtent pas de leur prouver qu’ils ne les craignent plus ? Incompréhensible ! Non pas, mais la zone est couverte par un traité de dénucléarisation. Eh !
Revenons-en à l’ânerie de Martti Ahtisaari. En découpant le confetti kosovien, sous l’égide de l’ONU mais au mépris du principe fondateur du Droit International Public, il a ouvert la porte à toutes les folies indépendantistes et par là à une déstabilisation majeure de la scène internationale. Bien sûr, cela fait le jeu de ses maîtres, USA et Russie, aux dépens de la sécurité, même limitée, que le droit apportait aux plus faibles et au plus pauvres.
Voyons quelques exemples de ces régions stratégiques qui se sont découvertes plus ou moins récemment des velleités d’indépendances, c’est parfois folklorique, c’est souvent tragique :
– Le Biafra a déclaré son indépendance en 1967, dès que les anglo-saxons y ont découvert du pétrole. Ca a loupé, en grosse partie parce que cet indépendance n’avait pas été reconnue par la majorité de la scène internationale. Et le Nigéria a pu conserver son pétrole, ce qui ne serait plus le cas aujourd’hui après le changement initié par le finlandais couronné.
– De nos jours, au Pérou et au Vénézuela, les région que les USA encouragent (de la voix et de l’argent) à devenir indépendantes sont celles qui contiennent les réserves de gaz et de pétrole.
– Le Québec et la Flandre veulent chacun leur indépendance au nom de leur soi-disant “vitalité industrielle”, due pour la première à l’immense production hydro-électrique du coin (celui des chutes du Niagara) et pour la deuxième au port d’Anvers.
– L’indpéndance de l’Ossétie n’intéresserait personne s’il n’y règnait pas une forte odeur d’oléduc pétrolier. Et les Russes n’ont jamais caché qu’ils y voyaient une réponse du berger à la bergère de la fiction indépendantiste kosovare.
Couronner d’un Nobel de la Paix celui qui est à l’origine de ces premières effusions et des flots de sang à venir, voilà une parfaite illustration de l’orwellienne devise “la Guerre c’est la Paix”.