“Quand Golias a dénoncé, en 1995, l’implication de l’église dans le génocide rwandais, ça a valsé sec ! Je m’étais rendu sur place et j’avais des preuves des responsabilités de l’épiscopat français, qui a accueilli et caché des personnes ayant participé au génocide. C’est une fâcheuse habitude de l’église : elle l’avait déjà fait après la Deuxième Guerre mondiale, quand avait été mis en place un réseau pour exfiltrer les dignitaires nazis vers l’Amérique Latine. Evidemment, nos révélations n’ont pas vraiment plu : Golias a eu droit à cinq procès, nous en avons gagné quatre et perdu un, pour une broutille juridique.
Pour sortir cette enquête, j’avais passé un bout de temps au Nord-Kivu. Et j’avais été assez étonné de ne pas y croiser beaucoup de journaliste. En fait, la plupart de ceux qui y étaient, que ce soit pour Le Monde, pour La Croix ou pour l’association Reporters Sans Frontières (RSF), faisaient leur enquête depuis l’hôtel… Ils n’ont pas honoré le métier de journaliste, c’est le moins qu’on puisse dire.
RSF vous a même fait un procès…
Oui. A l’époque, en 1994, l’association avait remis son prix annuel à André Sibomana, un prêtre et journaliste rwandais. Nous avons été les premiers – et presque les seuls – à écrire qu’il avait une responsabilité dans le génocide, en raison d’une prose favorisant l’ethnicisme. RSF nous a attaqué en justice, mais j’étais sûr de mes informations et nous avons gagné. Depuis, Robert Ménard s’est vengé en menant contre nous une profonde œuvre de désinformation.”
La suite de l’interview du redac-chef de Golias chez Article XI.