Le massacre de Gaza vient à peine de se terminer et la RTBF a déjà repris ses habitudes: 4 roquettes sont tombées sur Israel, sans faire la moindre victime, et le JP de 13:00 s’étend en long en large et en travers sur les futures “justes représailles d’Israel” sans donner la parole à quiconque d’autre. En France, c’est le même discours sur toutes les chaïnes.
Aucune explication sur le fait que ces roquettes sont la seule façon pour les Palestiniens de Gaza de protester contre le blocus économique qui continue de les réduire à la misère, car si quelques convois humanitaires passent, insuffisants d’ailleurs, c’est bien tout. Rien dans cela ne permet de reconstruire Gaza dont l’infrastructure a été détruite sciemment et dans de bien plus grandes proportions que la population. Faites la balance: 1.300 morts d’une main et 150.000 à 400.000 personnes privées d’eau de l’autre. Qu’est-ce que l’Israeli Defence Force (IDF) visait prioritairement à votre avis ?
Tant ce blocus économique que cette destruction et les tirs délibérés sur les enfants sont d’ailleurs la démonstration que le gouvernement colonial d’Israel n’a qu’un but: non pas la sécurité de ses propres citoyens mais forcer la population locale à “choisir” le chemin de l’exil. Cette expulsion systématique et forcée est d’ailleurs la seule constante de la politique israelienne depuis 1948. Et même avant, si vous tenez compte des attentats terroristes commis par des futurs premiers ministres comme Begin et consorts depuis les années “30.
Vous ne me croyez pas ? D’accord, alors trouvez-moi une autre logique qui explique:
– l’irrationalité de l’écrasement de Gaza qui a endommagé l’image d’Israel au point de provoquer chez beaucoup des prises de conscience douloureuses qui dépassent parfois même le cas palestinien. Et je ne parle même pas des horreurs comme à Zeitoun.
– la surexploitation des puits de Gaza par les colons, au temps où il y en avait, qui a conduit ceux-ci à se saliniser par infiltration des eaux de la Méditérannée toute proche, rendant la région invivable.
Quittons Gaza pour la Cisjordanie: quelle rationalité ont
– les 600 ou 800 points de contrôle à l’intérieur même des bantoustans palestiniens dont le passage demande de 2 à 8 heures chacun et y empêche donc tout développement vie économique avec les résultats que l’on peut prévoir. Et accessoirement, l’impunité du comportement humiliant des soldats israeliens à l’égard des civils qui sont obligés de subir en silence.
– la destruction des plantations à chaque occasion. Pour rappel, un olivier met 50 (cinqante) ans avant de produire sa première olive. C’est dire le choc économique que représentent ces saccages.
– le laissez-faire des progroms commis par les colons, si dommageables qu’ils soient pour l’image des juifs.
– le contrôle par l’armée des populations civiles. Il est clair que si vous mettez des conscrits armés de fusil, sans protections adaptées, face à des gamins qui leur lancent des pierres, ils finiront par tirer. Ca c’est passé en Irlande pour casser le mouvement pacifiste avant même de se passer en Palestine. Avec les mêmes conséquences: le passage des lanceurs de pierre à la lutte armée. Alors qu’un équipement adapté (armure, bouclier, gaz lacrymogène, auto-pompe, etc…) existe et est employé dans tous les autres pays riches. De même, si vous tirez des missiles pour tuer des palestiniens, même “ciblés”, vous allez tuer des familles entières, avec toujours les mêmes résultats: la radicalisation ou le départ.
– la colonisation constante, sous tous les gouvernements israeliens, même pendant les années qui ont suivi Oslo, et l’appropriation systèmatique de l’eau et des meilleures terres, y compris privées, y compris au mépris du peu de droit encore laissé aux habitants arabes de Palestine voire même d’Israel. Même l’équivalent isrelien de la Cour Suprême a condamné nombre d’entre elles. Sans le moindre effet, d’ailleurs, l’armée refusant systématiquement d’appliquer ces décisions, sauf si elles ne sont que symboliques et temporaires.
– la construction du mur, sur les terres palestiennes, détruisant les plantations et asphyxiant bien des villages en les coupants de leurs terres agricoles.
– l’aide apportée par Israel à la naissance du Hamas au temps de l’OLP (bon là, c’est peut-être la même connerie qui avait conduit les USA à armer les talibans contre le pouvoir socialiste en Afghanistan)
– l’humiliation constante de leur propre Pétain local: Mahmoud Abbas.
Finissons ce rapide tour avec “Israel-frontière de 1967”. Quel sens donner à:
– La confiscation des terres de tous les palestiniens qui ont fui tous les combats depuis 1948, à commencer par ceux de Deir Yassine, qui a été abondamment publicisé par le nouvel état israelien lui-même dans le but d’accroitre la panique. Cette appropriation est illégale, au yeux du droit international privé: pour prendre un exemple en Europe, dès l’effondrement du mur de Berlin, les anciens propriétaires allemands qui avaient fui l’avancée soviétique en 1945 sont venus récupérer les biens que le gouvernement communiste avait réquisitionné et revendu à ceux qui étaient réstés. La justice leur a donné systématiquement raison.
– la politique d’apartheid à l’égard des arabes restés en Israel-’67.
On peut continuer longtemps. J’attend les contre-arguments mais il n’y en aura pas car il n’y a pas d’autre logique imaginable, point.
L’expulsion des Palestiniens des terres de Palestine comme constante de la politique coloniale et guerrière de l’Etat sioniste, c’est effectivement ce que démontre le professeur juif américain Norman FINKELSTEIN (l’auteur de “L’Industrie de l’holocauste” aussi), dans “Mythes et réalité du conflit israélo-palestinien” (éd. Aden, 2007).
Cet excellent ouvrage est à recommander à tout qui veut décoder la façon dont les sionistes, non seulement font l’histoire, mais encore veulent qu’on la retienne en créant de toutes pièces leur propre mythologie toute empreinte d’angélisme.
Merci pour ton argumentaire, Johndoev !
Juste une petite précision à y ajouter : le “Mur d’enfermement” ne fait pas seulement que couper les paysans de leurs terres, il vise surtout à couper la Cisjordanie en 5 ou 6 petits territoires qu’Israël pourra asphyxier comme il asphyxie aujourd’hui (et le cas échéant, pilonne) Gaza.