Qui va payer ? Mise à jour 12/05/10

Qui va payer quoi, d’abord ? Ben, la crise pardi. Parce que ne vous faites pas d’illusions, elle arrivera jusqu’à nous. Parce que ça n’a pas commencé de finir comme le souligne le Monde Diplomatique synthétisant les informations parues dans la presse économique anglo-saxonne . Je sais que vous ne lisez (presque) jamais les articles que je met derrière mes liens mais  cette fois-ci, le sujet est tellement vaste et complexe que je ne vais pas me risquer à des explications que je maitriserai pas. Je vous invite donc à commencer par le lien ci-dessus pour comprendre de quoi on va parler.

Nous allons partir du principe que vous avez au moins parcouru l’article ci-dessus dont revoici le lien. Quoi lourdingue ? Eh, on va parler d’économie donc un peu d’attention svp. Et puis, comme on parle de chose autrement plus sérieuses (notre porte-monnaie) que de pays lointain (un bicot de plus ou de moins, hein) il va falloir que je vous présente des références. Ne venez pas me dire que je suis cynique : j’aurai vraiment du mal à vous croire si vous me prétendez être plus concernés par un mort à 20.000 km d’ici que par la lecture de votre fiche de paie.

Ah oui, une chose encore, si vous lisez régulièrement la presse anglo-saxonne de qualité (NY Times, Asian Times [AT], Fincancial Times [FT], etc…) dont je parlais ci-dessus ou plus facilement les traductions publiées et commentées par Contreinfo, ainsi que les sites comme Rezo.net, le très européen Les Dessous de Bruxelles et les internationaux blogs du Diplo, passez votre chemin, vous savez déjà de quoi on va parler. Je les remercie pour leurs publications ou leurs sélections d’articles qui ont servi de base à la présente note.

Posons un premier axiome : les entreprises transnationales et à fortiori les entreprises financières sont des zones de non-droit. Dit autrement, vous déconnez avec votre déclaration d’impôt ou le parking de votre belle auto : biiing. Par contre, 99,97% des infractions sociales constatées ne sont PAS poursuivies comme le démontre cette étude française. Je doute que ce soit différent ailleurs. Quand aux matières fiscales, je vous invite a écouter un jour une discussion entre experts, ça ouvre les yeux sur les subtilités de la manipulation de bilan. Ne parlons même pas des niches fiscales et autres manipulations internationales, vous connaissez déjà.

Deuxième axiome : les entités financières jouent avec votre argent, pas le leur. Elles font faillite, les gouvernements les renflouent ou leur fournissent des déversoirs à déchets toxiques : Fanny Mae et Freddy Mac aux USA par exemple. Elle gagnent, elles se distribuent des dividendes et des bonus, je vous dit que ça. Pile je gagne, face tu perds. Ca aussi, vous le saviez déjà certes, mais la première référence de ce billet et celles-ci vous l’expliquent avec des mots simples pour des gens comme vous et moi. Histoire que la prochaine fois que les médias rendent compte du “sauvetage” de la Grèce, vous puissiez comprendre que c’est le bénéfice des spéculateurs qu’ils ont en fait sauvegardé.

Ces spéculateurs et autres Goldman-Sachs, ils se sont “gavés grave” sur les pays de l’Est. Et les dettes de ceux-ci qu’ils ne pourront assumer, comme l’assure Michael Hudson dans le FT,  c’est vous qui les payerez. Et ce n’est que le début, comme l’ironise lourdement Jean-Luc Melenchon dans une explication toute simple de ce qui vient de se passer ce WE. Rappelez-vous que l’épongement de la faillite d’une seule des sept grosses banques suisses avait couté 10.000 FS (5.000 € si le FS ne s’était pas cassé la gueule) à chaque Suisse, du bébé au vieillard. Et les banques suisses ne sont pas les seules à être lourdement engagées dans ces régions : l’Allemagne, le Nord de l’Europe sont dans le même sac (non, je ne retrouve pas les liens que je vous avais préparés, va falloir me croire sur parole, là).

Vous vous dites, oui mais bon, les diktat du FMI, la crise grecque, la Suisse, c’est pas nous ça. Ben voyons, vous dit MartinWolf dans le FT : en fait la finance internationale est un monstre fou qui va nous dévorer tous. La théorie des dominos, vous connaissez ? Allez voir ce beau schéma tout simple du NY Times, il montre comment l’effondrement de la consommation grecque va se répercuter chez ceux qui la fournissaient : l’Allemagne, par exemple. Le Portugal, ce sera dans le nez des Espagnols, etc…. C’est ce qu’on appelle la contagion des PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Spain). Et après ce sera nous (France, Belgique) en passant probablement par la case “Grande-Bretagne”. Les USA sont protégés pour l’instant par le statut de “monnaie de réserve” du dollar, mais pour combien de temps encore ? Outre l’Europe qui s’est doté de l’€, de plus en plus de pays commencent à choisir d’utiliser d’autres monnaies comme base pour leurs échanges. C’est aussi vrai en Amérique Latine (avec même le projet de mise en place d’une monnaie unique, le “Sucre”) et à l’est de l’Europe : de la Russie à la Chine, pour faire simple.

En même temps, il existe des solutions autres que de prendre aux pauvres pour donner aux riches, et si vous avez lu les liens ci-dessus jusqu’au bout, vous en avez pu en lire certaines. En voici d’une au Japon, et un exemple tiré de worldbank.org, mais aussi tout ce qu’on voit dans les pays d’Amérique Latine. Parce que si l’Europe clame sa pub “halte à la pauvreté” c’est qu’elle a tout fait pour la créer comme le rappelle Ignacio Ramonet. Et si malgré les décisions de ce WE, les grands argentiers européens auront perdu le contrôle comme le dit Stratfor (désolé c’est en VO mais c’est vachement intéressant), c’est parce qu’il l’ont bien voulu et que les politiques économiques choisies par 20 des 27 pays de la zone € sont des échecs patents, Allemagne et Irlande inclus comme le souligne André Lamassoure dans un entretien accordé aux journal économique Les Echos.

Les Belges vont voter en juin. Pour quelques jours, les politiciens de ce pays vont devoir écouter autre chose que les lobbyistes dont les actions sont bien décrites dans cet article des Dessous de Bruxelles. Hier certains allemands, demain encore d’autres iront remplir les urnes. Alors, soyez sympa pour vous-mêmes : choisissez des gens qui prendront dans les poches bien remplies au lieu de leur offrir des intérêts notionnels (oui, oui, Reynders, on parle de toi).

Oui, oui, je sais : “élections, pièges à cons”. OK, mais si vous pensez vraiment qu’en matière de contrôle des foules, les expériences accumulées depuis 50 ans de l’Irlande du Nord à la Palestine en passant par les pays d’Amérique Latine ont été perdues, vous rêvez. Vous êtes transparent pour les marchands (je vous en parlerai dans un prochain article sur la vie privée), imaginez-vous ce que vous êtes pour les flics. Vous ne serez donc vraiment pas à armes égales quand vous voudrez descendre dans la rue parce que ceux que vous n’avez pas voulu élire vous auront amputé votre salaire ou votre pension de 20 ou 30%. Et ça c’est pas une probabilité mais une certitude pour peu que le coup monté en Grèce à coups de désinformations réussisse.

Encore une fois, vous n’êtes pas obligés de me croire sur parole : ceci est une revue de presse. Si vous suivez les liens derrière chaque mot souligné en bleu, vous trouverez un article sérieux que j’ai collationné pour vous ces dernières semaines qui explique, illustre ou démontre le texte.

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