L’article de CNN sur le soldat israélien se retourne contre lui après l’apparition d’allégations de crimes de guerre

Le 21 octobre, CNN a publié un article sur les traumatismes psychologiques subis par les soldats israéliens qui ont participé à l’invasion de la bande de Gaza. L’article ne mentionnait pas que ceux qu’il visait à humaniser avaient commis des actes de meurtre, détruit des infrastructures civiles et s’étaient même filmés au cours de l’opération.

L’article, intitulé « Les soldats israéliens qui reviennent de la guerre luttent contre les traumatismes et le suicide », a suscité de vives réactions. Les lecteurs ont critiqué CNN pour avoir tenté de susciter de la sympathie pour des combattants qui, selon le droit international et des preuves vidéo accablantes, sont responsables de crimes de guerre

Le point central de l’article était l’histoire d’Eliran Mizrahi, un soldat de réserve du 271e bataillon d’ingénierie de combat. Mizrahi s’est suicidé après avoir été blessé par des résistants palestiniens. On lui a ensuite diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique.

CNN présente Mizrahi comme « un civil pendant la plus grande partie de sa vie, travaillant comme directeur dans une entreprise de construction israélienne. Après avoir été témoin des massacres commis par le Hamas, il a ressenti le besoin de se battre ». Cette description a été fournie à CNN par la mère du soldat, Jenny, qui a également émis l’hypothèse suivante : « Je me demande si mon fils a tué quelqu’un et s’il n’a pas pu le supporter ».

En réalité, Mizrahi vivait dans la colonie illégale de Ma’ale Adumim, exclusivement juive, située en Cisjordanie palestinienne, ce qui soulève des questions sur le rôle que son entreprise de construction a pu jouer dans la construction de bâtiments sur des terres occupées, en violation du droit international. Mizrahi avait le grade de sergent-chef avancé et a fait l’objet d’un documentaire de la chaîne israélienne Channel 13 intitulé « Back from Gaza », dans lequel on le voit chanter, sourire et rire tout en participant à la destruction d’habitations civiles.

Son ami d’enfance, Guy Zaken, qui a travaillé aux côtés de Mizrahi en tant que conducteur de bulldozer militaire D9, a témoigné devant une commission de la Knesset que lui et son équipe « ont écrasé des centaines de terroristes, morts et vivants ».

« Après que Mizrahi a mis fin à ses jours, des vidéos et des photos ont fait surface sur les médias sociaux montrant le réserviste en train de détruire des maisons et des bâtiments à Gaza et posant devant des structures vandalisées », indique l’article de CNN, ajoutant qu’il avait “prétendument” partagé le contenu sur ses comptes de médias sociaux. L’article cite également la sœur de Mizrahi, Shir, qui a déclaré que les réactions en ligne étaient « difficiles » et a ajouté : « Je sais qu’il avait un bon cœur ».

Toutefois, après avoir examiné le matériel répertorié sur les médias sociaux par le journaliste palestinien Younis Tirawi, la caractérisation de CNN peut être qualifiée de fausse. Les vidéos ont été mises en ligne dès décembre 2023. On y voit Mizrahi superposer une musique comique à des images où il détruit des infrastructures civiles et fait sauter des maisons avec des explosifs.

Le soldat israélien Eliran Mizrachi à Gaza a partagé des vidéos sur TikTok, le montrant en train de s’amuser à démolir des maisons civiles au cours des dernières heures. La musique de fond est ajoutée par lui. D’après les commentaires de la vidéo, il est affilié à la division 271.

Compte TikTok : eliranmizrahci pic.twitter.com/CdlLU8rDuD

– Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) 20 décembre 2023

Tirawi a méticuleusement documenté de nombreux cas de soldats israéliens postant des vidéos dans lesquelles ils humilient des civils palestiniens, détruisent des magasins, brûlent des bâtiments et portent la lingerie de femmes déplacées et assassinées. Il a également mis en lumière des cas où des soldats ajoutent de la musique à des vidéos dans lesquelles ils défèquent et détruisent des maisons civiles. Cette tendance très répandue chez les soldats israéliens a été décrite comme une nouvelle forme de « snuff movie ».

En outre, les preuves vidéo et le témoignage de l’ami de Mizrahi confirment que ce dernier a non seulement participé à la mutilation de corps palestiniens et à l’écrasement de personnes vivantes, mais aussi à la destruction d’infrastructures civiles. Un rapport publié par Amnesty International affirme que les actions des conducteurs de bulldozers D9, tels que Mizrahi, justifient une enquête sur les crimes de guerre.

« La campagne de ruine menée sans relâche par l’armée israélienne à Gaza est une campagne de destruction gratuite. Nos recherches ont montré comment les forces israéliennes ont anéanti des immeubles d’habitation, forcé des milliers de familles à quitter leur logement et rendu leur terre inhabitable », a déclaré Erika Guevara-Rosas, d’Amnesty International.

Malgré la réalité soigneusement étudiée et documentée non seulement par Amnesty International, mais aussi par la plupart des organisations mondiales de défense des droits de l’homme, CNN a utilisé un langage qui a soigneusement construit un récit sympathique autour de la santé mentale d’un soldat engagé dans des actions que la Cour mondiale a reconnues comme un cas plausible de génocide.

Les critiques soutiennent que le reportage de CNN est emblématique d’une tendance plus large de deux poids deux mesures au sein des médias d’entreprise. Par exemple, le New York Times a publié des articles sur les « crises de panique » des soldats israéliens comme étant dignes d’intérêt, alors qu’il n’a pas fourni d’informations similaires sur la santé mentale des civils libanais ou palestiniens qui sont tués et blessés en grand nombre.

Comment l’enfant de 3 ou 4 ans est-il mort ?

Comment l’enfant de 3 ou 4 ans est-il mort ?

« Une balle perdue s’est retrouvée accidentellement dans la camionnette »

Oh, et pourquoi ne pas dire « enfant » ? pic.twitter.com/cD4rkpiJfs

– Saul Staniforth (@SaulStaniforth) 8 janvier 2024

L’attaque aveugle d’Israël au Liban, qui a fait des dizaines de morts et des milliers de blessés, a été saluée et décrite comme un acte d’ingéniosité malgré le fait qu’elle visait des civils innocents. L’ancien directeur de la CIA, Leon Panetta, l’a qualifiée d’acte de terrorisme. Pourtant, lorsque le Hezbollah a lancé une attaque ciblée de drone contre une base militaire, plusieurs médias ont qualifié les quatre soldats israéliens tués d’« adolescents », Sky News annonçant solennellement leurs noms en direct.

À l’inverse, un présentateur de Sky News a récemment qualifié de « jeune fille » une jeune Palestinienne abattue par un soldat israélien et a déclaré que la balle avait « trouvé son chemin » jusqu’à elle.

Photo principale : collage de photos tirées des comptes de médias sociaux d’Eliran Mizrahi, qui témoignent de son séjour à Gaza.

Robert Inlakesh est un analyste politique, un journaliste et un réalisateur de documentaires actuellement basé à Londres, au Royaume-Uni. Il a vécu et réalisé des reportages dans les territoires palestiniens occupés et anime l’émission « Palestine Files ». Réalisateur de « Steal of the Century : Trump’s Palestine-Israel Catastrophe ». Suivez-le sur Twitter @falasteen47



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Traduit par Deepl.com

Israël est en train de perdre la guerre de la communication à cause d’un petit truc imbécile

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dès que vous écrivez sur la Palestine ou Israël, il y a un des représentants officieux de l’Ambassade de cette dernière qui vient s’incruster en tête des commentaires (kss, kss, les trolls). Son discours ne varie guère : Palestiniens terroristes, droits historiques du peuple juif, Torah, victimes de la Shoah… Comme si les arabes avaient le moins du monde à voir avec ce dernier point qui est un pur problème américano-européen. Pas seulement allemand parce que si les Nazis ont pu mener leur massacre, c’est aussi parce que tous les pays occidentaux avaient fermé leurs frontières aux réfugiés juifs allemand.

D’un autre coté, je sais que c’est mal de compter les victimes mais avec 6 à 7 millions de victimes du nazisme, les juifs européens ne sont pas les plus nombreux. Ce titre leur est ravi par les Soviétiques qui, outre les soldats au combat, se sont fait tuer au bas mot une si pas deux dizaines de millions des leurs entre famines provoquées par les nazis et camps de concentration, notamment pour les soldats prisonniers. De même, en proportion les juifs font au mieux jeu égal avec les Rroms qui ont eux aussi perdu à peu près la moitié de leur population dans les camps nazis. Et ça ne les aide guère aux yeux de l’Europe moderne.

Il est par contre indiscutable pour tous les historiens sérieux, comme pour les survivants de ce conflit ou des déportations que les Juifs étaient la cible privilégiée et systématique des nazis tant sur le terrain que dans leur propagande. Si les nazis n’en ont pas tué plus, ce n’est pas faute d’avoir essayé : par exemple, en pleine débâcle nazie les trains de déportés juifs en directions des camps de concentration avaient priorité sur les convois militaires, c’est dire l’acharnement. C’est attesté par d’innombrables sources dont les cheminots français. Et dans les camps, surtout à la veille de leur libération par les Russes puis les anglo-saxons, ce furent les juifs que les nazis envoyèrent en priorité dans les chambres à gaz avant d’essayer de camoufler leurs crimes.

Ceci posé, soyons un peu correct aussi avec les Palestiniens. D’abord, les alliés de 1945 ont remboursé leur dette à l’égard les juifs avec de l’argent arabe : la Palestine. Ensuite, un groupe de gens viendrait me piquer ma maison et mes terres en arguant que selon un livre de légendes apocryphes et bourrée de contradictions, cette terre leur fut donné par leur dieu à un moment donné il y a deux ou trois mille ans. Qu’en prime, depuis plus d’un demi-siècle, ils me remboursent en me lançant des missiles sur la gueule chaque fois qu’ils veulent gagner une élection… Je sais pas pour vous, mais moi, je serais plutôt énervé et même un peu extrémiste.

Certes, ce vol remonte au milieu du siècle dernier (la Shoah aussi si on va par là malgré son horreur), mais les Irlandais, ça fait cinq siècles que les Britanniques leur ont piqué les terres les plus riches et les plus fertiles de leur île et ils n’ont toujours pas pardonné ni abandonné l’idée de récupérer leur souveraineté sur toute leur terre. La haine des “Brits” est toujours solidement ancrée en Irlande comme aux USA où nombre d’entre eux ont dû fuir pour échapper aux famines provoquées par la cupidité et la rapacité de la classe dirigeante anglaise. A leur propos, notons au passage que cette dernière semble n’avoir guère changé au 20e siècle : en 1943, le gouvernement de sir Winston Churchill fut très probablement la cause principale d’une famine qui fit 3 millions de morts en Inde.

Revenons en Palestine avec les accusations de terrorisme. La définition la plus couramment acceptée du terrorisme est qu’il s’agit du fait d’utiliser une violence meurtrière pour influencer les décisions politique d’un groupe social. La proportion des morts depuis 1967 est globalement de 1 Israélien pour 100 Palestiniens. Cette disproportion ne fait que s’accentuer. Qui est donc le terroriste ? Est-ce la méthode qui va les départager ?

En règle générale, les “heurts” comme les appellent les médias occidentaux serviles qui essaient d’égaliser entre occupés et occupants, ce sont des pierres contre des balles. Bizarrement, les balles sont plus meurtrières. Surtout quand il y a des blindés de leur côté. Où avez-vous vu qu’on utilise des balles pour réprimer une manifestation, même violente dans un pays occidental depuis la seconde guerre mondiale ? Le “Bloody Sunday” en Irlande est devenu une chanson à succès de U2. “Bloody tous les jours” en Palestine renvoie dos à dos les assassins et les victimes sur nos écrans de TV.

Une bombe, qu’on l’amène en voiture dans une zone civile ou qu’on la balance en grappes depuis un avion sur un territoire aussi densément peuplé que Gaza, laquelle est la terroriste et laquelle est l’expression, certes imbécile, d’une rage impuissante ? Cette question a été résolue par les Israéliens eux-même qui n’ont pas hésité amener à la tête de leur gouvernement au lendemain de leur indépendance l’homme qui décida de faire sauter l’immeuble de l’administration civile anglaise en Palestine avant 1948. Attentat terroriste s’il en fût.

Un petit rappel pour nos ami.e.s fleur bleue (ou verte) : vous vous souvenez du chinois à la place Tien An Men qui a arrêté à lui tout seul une colonne de char. C’est beau la lutte non-violente, hein. J’aime beaucoup aussi et vous devriez demander à l’américaine Rachel Corrie ce qu’elle en pense. Mais… justement, le problème c’est que vous ne pouvez pas ! Le bulldozer blindé israélien, lui, ne s’est pas arrêté devant cette jeune femme très photogénique qui s’était placée comme bouclier pour protéger des habitations que l’autorité militaire avait décidé de détruire, très illégalement d’ailleurs. Le blindé lui a froidement roulé dessus et est allé détruire les maisons. Vous imaginez la photogénie après être passé sous de chenilles d’un Caterpillar blindé ? Non, moi non plus, je ne veux pas imaginer. Posez-vous la question : s’ils peuvent faire ça impunément à une Rachel Corrie blanche et américaine (important pour les média, tout ça), vous imaginez ce qu’ils peuvent faire à des arabes, bruns, vaguement apatrides dont beaucoup sont, en prime, des musulmans ?

Malgré tout, aujourd’hui, l’État Juif comme il s’intitule lui-même, est en train de perdre la guerre de la communication. Non, pas à cause de la sauvagerie de leur ex-premier ministre, son remplaçant sera probablement pire d’ailleurs. Non, à cause d’un appareil vraiment imbécile : le mal-nommé smartphone (en anglais, “smart” veut dire futé, intelligent). On pouvait jadis faire disparaître les images sans lesquelles il n’y a pas de passage à la TV, en chassant les journalistes. Aujourd’hui, n’importe qui a en main une caméra qui va pouvoir rapporter les clichés sanglants de l’oppression des civils via l’internet au monde entier. C’est le même problème auquel sont confrontés toutes les polices : aux USA où les massacres impunis des Afro-américains par la police Euro-américaine le sont de moins en moins, en France où les trop habituelles bavures policières sont révélées dans toute leur iniquité par des appareils à quelques centaines d’€. Avouez que c’est ballot quand même !

Edit du 23 juin : Caitlin Johnstone écrit avec infiniment de talent mais en anglais sur un thème comparable dans ” Humanity Is Sloppily, Awkwardly Lumbering Toward Consciousness“. Si une traduction française de ce texte devait apparaître, vous trouverez le lien sur ce site.

Edit 25 juin : un lien vers l’article Operation Barbarossa Was a War of Racial Annihilation paru sur Jacobin Mag été rajouté dans le texte.