Des soldats (dé)mineurs

“Parmi tous ces petits arabes qui échappent, grâce aux démineurs belges, à une mort atroce ou à une mutilation à vie, on ne fera pas croire à De Crem qu’il n’y en a pas une forte proportion qui n’attendent qu’un prétexte pour devenir des terroristes islamistes sanguinaires”, voilà pourquoi notre sinistre de la Défense, Pieter De Crem veut retirer d’urgence nos démineurs du Liban où ils sont utiles. Pendant que de l’autre main, il en entasse dans la nasse de l’Afghanistan où des troupes autrement efficaces (Russes, notamment) se sont déjà cassées les dents.

On voudrait fabriquer des terroristes qu’on ne s’y prendrait pas autrement mais “Les doigts dans la crise” vous explique les autres implications beaucoup mieux que moi: http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?post/2008/10/24/Quon-se-le-dise-%3A-une-armee-cest-fait-pour-casser-la-gueule-aux-meteques-pas-pour-les-bonnes-oeuvres

Un petit dessert pas cher

Comment est-ce qu’une femme comme Agnès Desarthe qui a un visage aussi froid peut-elle écrire un roman aussi chaud ? Peut-être à cause de la lueur d’ironie que j’imagine dans son regard :-\

En tout cas, c’est rapide, on glisse d’une description à l’autre, d’un récit à une image, d’un fantasme à une catastrophe, sans avoir le temps de respirer. En même temps, c’est très dur et puis aussi très bon. Comme un gâteau aux poires et aux poivres.

“Mangez-moi” d’Agnès Desarthes (2006). Point P1741, 7€.

Et pourtant, je suis juif !

J’ai longuement hésité avant de parler de ce sujet, tant il est brûlant. Mais tant pis, je me lance: “Comment le peuple juif fut inventé” de Shlomo Sand est une bombe, ni plus ni moins. Faussaire, anti-sémite, historien au rabais: les qualificatifs n’ont pas manqué de saluer l’auteur de ce livre qui s’est remarquablement vendu… en Israël mais risque de solides problèmes… à l’étranger. L’ironie du propos de l’auteur tient aussi au fait qu’il affirme que les vrais descendant des habitants de la Palestine au temps des romains sont les Palestiniens d’aujourd’hui. C’est peu apprécié.

Si je n’ai pas les qualifications pour juger des qualités scientifiques de la recherche historique de Shlomo Sand, je peux certifier au moins une chose: ce livre n’empêche pas de s’affirmer juif. Je pense comme beaucoup que la judaïté ne relève pas d’une quelconque filiation avec un peuple d’il y a deux mille ans (*) mais bien plus avec une communauté de pensée, de culture, voire simplement la filiation avec les victimes du nazisme ou les kibboutznik.

Par contre, ce que ce livre met à mal, c’est la justification du sionisme et l’obstination de la toute grande majorité des Israeliens à refuser de reconnaître les droits élémentaires des Palestiniens des territoires qu’ils occupent. Ceux-là sont les victimes de ce livre mais aussi du simple bon sens.

Ce livre appelle indirectement à une refondation d’Israël sur la base de l’existence de tous. Les juifs qui pensent que ce livre remet en cause l’existence d’Israël adhèrent indirectement à l’existence de l’Eretz Israel de l’apartheid actuellement en place. Ils sont, à mes yeux, de biens pires ennemis des juifs et de l’idée de “l’an prochain à Jérusalem” que ce livre d’histoire.

A défaut de lire le bouquin, un article en parle en détail, donne quelques informations sur son auteur et précise les conditions qui ont entouré sa publication. Vous le trouverez là: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2258

(*) Je ne suis pas plus généticien qu’historien mais je veux bien parier qu’en deux mille ans, 25% de la population mondiale descend peu ou prou de n’importe qui.

On pouvait donc sauver le monde…

C’est la conclusion et le titre d’un article qui fait le bilan des “Objectifs du millénaire” (vous savez, ce machin onusien qu’on nous ressort de temps en temps mais dont on ne s’occupe guère) et ce à la lumière des milliers de milliard jetés dans les plans de relance subventions du capitalisme sauvage lancés tant en Europe qu’aux USA.

Le moins qu’on puisse dire c’est que le constat est amer: http://www.betapolitique.fr/3-000-000-000-000-on-pouvait-donc-13687.html

Qu’attend donc la gauche pour reprendre ces discours ? Ou est-elle embêté à ce point gangrénée par le réformisme qu’elle est incapable de critiquer sa participation aux années de pillage et de faire son aggiornamento ? Peut-être que comme il est dit dans le billet précédent “les gardiens du temple ne changent pas, c’est toujours la même bande qui tient les micros” malgré l’échec croissant de sa politique. Espèrons que ça change au fur et à mesure que la crise s’installe et que les gens se rendront compte que c’est eux qui subventionnent les erreurs des possédant.

Un message d’espoir

Il y a une habitude déjà bien installée sur ce blog, c’est de récréminer contre tout ce qui ne va pas. Alors, pour une fois que nous pouvons relayer un message d’espoir, il n’y a vraiment pas de raisons de se gêner.

Sous le titre “En Equateur, la révolution citoyenne est en marche”, Le Grand Soir a réalisé l’interview de la Secrétaire aux Peuples, aux Mouvements Sociaux et à la Participation Citoyenne du gouvernement équatorien. Avouez que ça une gueule autrement plus positive que… Bah, ne gâchons pas notre plaisir avec des malandrins et sautons directement sur http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7269

Si tous les médias du monde se donnaient la main…

“Quand on est en avance sur son temps, il arrive, de temps en temps, que le temps vous rattrape et que, ce qui hier était encore dénigré comme des divagations extrémistes, devient soudain une opinion courante, voire un cliché conventionnel.” La crise financière actuelle nous en donne un bel exemple.

Ce que dénonce l’auteur de l’article, c’est “que les gardiens du temple ne changent pas, c’est toujours la même bande qui tient les micros, et elle est toujours aussi mal inspirée, manipulatrice et prisonnière de ses préjugés et idées préconcues.”

C’est écrit aux USA, sur les USA mais on croirait entendre une critique de la RTBF: http://libertesinternets.wordpress.com/2008/10/16/sam-smith-un-moment-historique-pour-les-progressistes/


Un “populiste” flamand aux élections wallones

Le parti ultra-libéral De Decker vient déposer sa merdre pondre un oeuf en Wallonie via son mentor Rudy Aernoudt. “Les doigts dans la crise” vient de pondre un article très argumenté qui démonte efficacement quelques arguments de son discours: http://www.lesdoigtsdanslacrise.info/index.php?post/2008/10/20/Rudy-Aernoudt-vient-faire-son-marche-en-Wallonie

A lire absolument pour avoir des munitions si vous en entendez parler autour de vous. Vous pouvez aussi supporter son discours poujadiste mais alors, je me demande ce que vous faites ici 😉

Ca sent le souffre

Il y a deux auteurs que j’aime particulièrement et dont l’oeuvre telle qu’on nous l’a apprise est défigurée car certains de leurs ouvrages sentent le souffre.

Ce blog vous déjà parlé des oeuvres du socialiste Jack London. Et quand je dis “socialiste”, il s’agit du socialisme marxiste du début du siècle, avant l’invention de la sociale-démocratie puis sa soumission à l’idéologie du marché. Nous qualifierions  aujourd’hui ses positions de “communistes” et de “syndicalistes révolutionnaire”.

Il y a aussi Georges Orwell. Cet immense écrivain anti-stalinien a toujours été de gauche, et pas rose. Franchement rouge. Combattant de la guerre d’Espagne, l’homme s’est défini comme socialiste, démocrate mais socialiste. Faussement décrite comme anti-totalitaire (quoi que ce mot puisse recouvrir), son oeuvre la plus connue, 1984 dénonce toute oppression. L’homme est un défenseur de la liberté d’expression, aux côtés des anarchistes, gauchistes et assimilés, pas du côté de la liberté du renard libre dans le poulaillier libre. Et contrairement à des bobards bien établis, il a toujours combattu le maccarthysme.

Pourquoi vous reparler de ces deux auteurs maintenant, me direz-vous avec justesse. Tout simplement parce que tous les deux ont écrit au moins un livre décrivant les bas-fonds de leur époque dans leur propre pays: “Le Peuple de l’Abime” sous la plume l’américain et “Down and Out in London and Paris” ou “Le quai de Wigan” sous la plume de l’anglais. Et vu l’avenir qui s’annonce, ces livres commencent à prendre l’allure d’un guide de voyage qu’on devrait lire avant de visiter un pays :-p

Ces deux écrivains de gauche ont aussi écrit pour qu’a la lumière de leur expérience, le capitalisme ne resserve pas aux générations futures les plats déjà connus comme inmangeables de leur temps. Cela vaut donc peut-être la peine de relire leurs romans et essais. Je pense notamment à la dénonciation de l’impérialisme anglais par Orwell dans Une histoire birmane.

Mais bon vous faites ce que vous voulez et peut-être que êtes-vous plus intéressés à lire “Ensemble” ou “Parlons-en” ? N’oubliez pas que faute d’une opposition crédible, l’abandon du credo néo libéral se fera au profit du capital.

“La Guerre c’est la Paix”

Le Nobel a encore fait très fort, cette année. En 1976, leurs collègues de la Banque Nationale Suédoise avaitent couronné l’oeuvre de Milton Friedman, l’économiste dont les oeuvres géniales ont ruinés tous les pays qui les avaient appliquées: du Chili post-Allende aux USA aujourd’hui. Maintenant, ils viennent de couronner celui qui a ouvert la boite de Pandore en matière de droit international. Le finlandais Martti Ahtisaari est nobélisé pour avoir concocté il y a peu l’indépendance du Kosovo dans des Balkans déjà bien balkanisés.

Partout dans le monde, des régions sont stratégiques de par leur position, leur industrie, leurs richesses minérales. A l’époque des décolonisations les grandes puissances de l’époque, Angleterre en tête,  n’ont eu de cesse de créer ces confetti partout dans le monde. Voyons quelques exemples:

– L’Irlande socialiste de 1917 n’a pu être libérée du joug britannique que sous réserve que la zone industrielle du Nord, de gauche, reste propriété anglaise. Le très beau film “Michael Collins” occulte remarquablement ce fait. Et les Anglais n’ont été prêt à y faire des concessions, et donc y ramener la paix, que quand l’industrie sidérurgique y est morte, comme partout dans le monde et donc que le Nord a perdu toute sa valeur.

– L’Irak a été séparé de sa partie koweitii, la plus riche en pétrole, lors de sa décolonisation, toujours anglaise, d’ailleurs. Je ne sais d’ailleurs si l’énorme richesse pétrolière de l’Irak n’est pas une découverte postérieure à la décolonisation.

Jusqu’à présent, un frein à ce goût des découpages était un principe fondateur du droit international : l’utis posseditis juris. Une expression latine savante qui désigne l’intangibilité des frontières, notamment héritées de la décolonisation. Ca n’a l’air de rien, le Droit International mais c’est le fondement de bien des actions incompréhensibles sans ça:

– Les USA ne désignent pas sous le nom de torture leur utilisation des méthodes quasi-nazies d’interrogatoire car ils ont signé un traité bannissant la torture.

– Dans les années ’80, les USA sont allés balader leur porte-avions sous le nez du lybien Kadhafi et ont descendu deux de ses chasseurs. Provocation gratuite ? Non pas. Ils ont fait ça dans un golfe méditéranéen que celui-ci affirmait faire partie de ses eaux territoriales. Les américains sont allés prouver qu’il n’en avait pas la possession et donc qu’il ne pouvait pas le réclamer.

– Israel n’a jamais défini ses frontières, se réservant ainsi le droit d’annexer ce qu’elle voulait tout en gardant une apparence de respect du droit international.

– Les palestiniens n’ont pas déclaré l’existence de l’Etat Palestinien et se limitent à une “Autorité Palestienne” car ils n’ont pas le contrôle du territoire, occupé par Israel.

– Les bateaux russes actuellement en balade au large du Venezuela sont dépourvues d’armes nucléaires. Pour ne pas déplaire aux USA, alors que les Russes n’arrêtent pas de leur prouver qu’ils ne les craignent plus ? Incompréhensible ! Non pas, mais la zone est couverte par un traité de dénucléarisation. Eh !

Revenons-en à l’ânerie de Martti Ahtisaari. En découpant le confetti kosovien, sous l’égide de l’ONU mais au mépris du principe fondateur du Droit International Public, il a ouvert la porte à toutes les folies indépendantistes et par là à une déstabilisation majeure de la scène internationale. Bien sûr, cela fait le jeu de  ses maîtres, USA et Russie, aux dépens de la sécurité, même limitée, que le droit apportait aux plus faibles et au plus pauvres.

Voyons quelques exemples de ces régions stratégiques qui se sont découvertes plus ou moins récemment des velleités d’indépendances, c’est parfois folklorique, c’est souvent tragique :

– Le Biafra a déclaré son indépendance en 1967, dès que les anglo-saxons y ont découvert du pétrole. Ca a loupé, en grosse partie parce que cet indépendance n’avait pas été reconnue par la majorité de la scène internationale. Et le Nigéria a pu conserver son pétrole, ce qui ne serait plus le cas aujourd’hui après le changement initié par le finlandais couronné.

– De nos jours, au Pérou et au Vénézuela, les région que les USA encouragent (de la voix et de l’argent) à devenir indépendantes sont celles qui contiennent les réserves de gaz et de pétrole.

– Le Québec et la Flandre veulent chacun leur indépendance au nom de leur soi-disant “vitalité industrielle”, due pour la première à l’immense production hydro-électrique du coin (celui des chutes du Niagara) et pour la deuxième au port d’Anvers.

– L’indpéndance de l’Ossétie n’intéresserait personne s’il n’y règnait pas une forte odeur d’oléduc pétrolier. Et les Russes n’ont jamais caché qu’ils y voyaient une réponse du berger à la bergère de la fiction indépendantiste kosovare.

Couronner d’un Nobel de la Paix celui qui est à l’origine de ces premières effusions et des flots de sang à venir, voilà une parfaite illustration de l’orwellienne devise “la Guerre c’est la Paix”.

RSF pue de la gueule

Je n’aime pas Reporters Sans Frontières. Du tout.

Depuis 2006 et l’enquête obstinée d’une journaliste américaine (http://vdedaj.club.fr/spip/article.php3?id_article=518 ), nous savons que RSF est financée par les services secrets états-uniens. RSF a même récemment fini par le reconnaître… après avoir prétendu pendant des années, par la voix de son actuel président, se financer uniquement par la vente de calendriers (sic). Je n’aime pas les gens financés par les services secrets. Et je n’aime pas les menteurs, surtout quand ils me prennent pour une bille.

Je n’aime pas non plus les gens qui financent leurs ONG politiques avec l’argent de gouvernements en place, surtout quand il s’agit de gouvernements aussi corrompus que l’était Taiwan en 2007 (http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=8702) ou d’organisations aussi douteuses que celles des anti-castristes de Floride.

Je n’aime pas les gens qui fréqentent aussi assidument les puissants que ne le fait Robert Ménard, l’ex-président de RSF. Tiens, pourquoi “ex-” ? Est-ce que sa démission surprise aurait à voir avec l’enquête parlementaire en cours au USA sur le bon usage de l’argent public par le “Center for a free Cuba”, un des gros donateurs de RSF : http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7198 ? Ou c’est simplement le (très) gros salaire qu’il va toucher dans son nouveau job dans une monarchie pétrolière ?

Je n’aime pas les organisations soi-disant de défense des Droits de l’Homme qui attaquent sur ordre, tels des chiens bien dressés. Les cibles préférées de RSF sont Cuba, la Chine et le Vénézuela de Hugo Chavez. Regardez qui me paie, vous saurez qui j’attaque. Attaquer Cuba où le dernier journaliste mort date de l’époque pré-castriste alors qu’ils se font tuer en silence et par dizaines en Colombie, à un jet de pierre de là, serait incompréhensible si on oubliait que le narco-régime colombien est un grand allié de Washington.

Et surtout, je hais les gens qui donnent des leçons de morale journalistique aux pays en voie de développement sans JAMAIS regarder chez eux quels sont les effets de la possession de la presse par des grands groupes industriels dans son pays d’origine. Est-il encore vraiment utile de rappeller que ceux qui contrôlent 85% du lectorat et de l’audimat en France, patrie de RSF, étaient aux cotés de Sarkozy quand il fêté sa victoire aux présidentielles dans un resto de luxe.

Si la presse est dans une telle crise aujourd’hui, c’est en grande partie parce que sa crédibilité avoisine le zéro absolu. A chaque crise ou conflit, ils se sont laissés manipuler. Il serait lassant de tous les relever : Irak, Tibet, Yougoslavie, Kosovo et maintenant la crise bancaire que tous les experts qui ne sont pas accueillis à la RTBF annonçaient depuis 18 mois, au moins. Pendant que ceux qui se sont plantés continuent d’y parader.

Si vous voulez plus de précisions sur les média-mensonges, je peux vous conseiller Michel Collon (http://www.michelcollon.info) qui excelle à ce sport. Il se pose la même question que vous et moi: manipulés à ce point, c’est de l’incompétence ou c’est voulu ? Disons que c’est structurel.

Ceux qui relèvent la tête se font tirer dessus. Dans nos pays, par la méthode maintenant connue et éprouvée du harcèlement judiciaire. Je vous en parlerai dans un autre article mais souvenez-vous de la quarantaine de procès que Clearstream a intenté à Denis Robert, sans que RSF ne soulève jamais la moindre objection.

Ne pas se pencher sur les raisons du délabrement du 4e pilier de la démocratie, le laisser mourir en refusant de porter le fer sur la plaie est au moins une honte, sinon un crime. Et par son silence sélectif, RSF en est un complice actif.

Dernière minute: Au moment de mettre cet article sous presse, un de mes collègues me passe cet article: ’L’UNESCO retire son patronage à la Journée pour la liberté sur Internet, organisée par Reporters sans frontières.” L’article date de mars 2008 mais illustre bien mes propos : http://reopen911.wordpress.com/2008/03/15/rsf-et-les-douze-salopards/