Avec des “si”, on mettrait l’Ukraine en bouteille

Une information majeure mais très, très insuffisamment sourcée puisque uniquement dans un média Hongrois (trad. en Français) et donc à traiter avec beaucoup de précautions. Elle changerait totalement la donne sur le plan diplomatique et militaire dans la région. La traduction française est précédée d’une introduction par Danielle Bleitrach qui trace utilement les limites étroites de l’éventuelle véracité de l’information.

Selon cette source non-officielle et intéressée autant qu’unique, la Pologne et l’Ukraine viendraient de signer des accords qui ressembleraient furieusement à la création d’une confédération des deux états puisque des polonais pourront occuper tous les postes civils autant dans l’ordre judiciaire qu’administratif, y compris la police voire plus si affinité comme on dite dans les petites annonces matrimoniales. Idem dans l’autre sens, ce qui tombe bien puisqu’il y a déjà 3.5 millions d’Ukrainiens en Pologne. Et encore plus de Polonais hors de leur pays vu la misère ambiante.

Dans ce cas, en première instance, les forces armées ou policière polonaises pourraient tout à fait être placées face à la Biélorussie ainsi que se charger d’assurer le maintien de l’ordre public à l’arrière. Les forces ukrainiennes qui étaient mobilisées pour ces fonctions seraient alors libres de rejoindre le front. Leur apport réel à la stabilisation du front est sujet à caution car ce ne sont généralement pas les troupes d’élite que l’on utilise pour faire la police à l’arrière. Nous verrons.

Sur le plan stratégique, Scott Ritter avait dès le 21 annoncé que le vent avait tourné en défaveur des Russes dès l’instant où les ukrainiens pouvaient recréer de nouvelles armées dans un territoire sûr. Il est clair que si le territoire polonais, sanctuarisé par l’Otan et la CEE, pouvait servir de centre de formation et de rééquipement de nouvelles troupes ukrainiennes, la guerre est très, très loin d’être finie. Si c’est exact, Scott Ritter était juste un peu en avance sur la musique. De là à dire qu’il était au courant de accords qui se préparaient, il n’y a qu’un pas facile à franchir qui revient à bâtir des suppositions sur des rumeurs.

Toujours si l’information est exacte, la création de la fédération polono-ukrainienne, si elle n’est pas entravée par un veto des chefs, en l’occurrence les autorités allemandes (pour la CEE) et USAméricaines (pour l’Otan), nous rapprocherait d’un grand pas vers l’affrontement généralisé voire nucléaire. Nul n’a prévu en effet les règles d’engagement des alliés occidentaux, dont l’article 5, dans les différents cas de figures qui vont se présenter avec cette entrée par la porte arrière de l’Ukraine dans les rangs américano-européens. La Pologne qui rêve depuis le début d’en découdre avec les Russes viendrait de réussir un beau coup qui coûterait cher à tout le monde, tant militairement qu’économiquement.

Kissinger venait d’appeler à Davos à un cessez-le-feu rapide pour éviter une alliance sino-russe. Il râlerait tant il est évident que si tout se déroule comme le prévoiraient les deux partenaires de la future fédération, l’alliance à l’Est serait définitivement scellée. Comme on le voit, cette annonce serait stratégiquement énorme.

Une dernière fois, cette information n’est PAS fiable et doit servir uniquement comme une incitation à scruter attentivement les signaux qui apparaissent sur le plan diplomatique dans la région puisqu’une Ukraine affaiblie est évidemment aussi une proie à dépecer.