Une liberté insoutenable

Petite remarque préliminaire: si cet article commence par une allusion au moyen-orient, ce n’est que pour rebondir et vous parler d’un dessein qui le dépasse largement.

Comme le souligne Danielle, l’agression sur Gaza a marqué un tournant dans la vision du moyen-orient mais peut-être aussi du monde. Des gens aussi surprenants qu’Henri Siegman, ancien directeur de l’American Jewish Congress ou la London Review of Book (traduite) prennent position contre l’occupation et le siège de la Palestine.

Sur ce dernier site, nous trouvons aussi un texte qui vient renforcer des propos tenus depuis longtemps par certains comme Loubnan ya Loubnan et popularisés plus récemment par des gens comme Naomi Klein et repris depuis par de plus en plus de gens. Et ce propos est clair et dépasse largement cette zone géographique qui focalise tant d’attention depuis peu.

Le soutien apporté jadis par Israel au Hamas contre Arafat, par les USA aux fondamentalistes de tous poils en Afghanistan ou au Pakistan via l’ISI ne sont pas le fait d’alliances opportunistes. Le support apporté à ce bouffon ivrogne d’Eltsine lors de la chute de l’URSS n’est pas un hasard. Le soutien apporté par les USA ou l’Allemagne, sous des prétextes foireux, aux partitions des pays comme en Yougoslavie, et je ne parle pas seulement du Kosovo, au Vénézuela ou en Bolivie. L’impunité accordé par la communauté internationale au terrorisme d’état du pouvoir colombien et à ses escadrons de la mort. La volonté d’annihilation de l’état irakien ou de l’infrastructure économique de Gaza, bien au-delà des quelques morts, qui fait d’ailleurs écho au même type de bombardement au Liban en 2006. La libéralisation de l’économie avec ses résultats parfois presque drôles ou franchement catastrophiques, vraiment. L’humanitarisme dévoyé à la Bill Gates dont le pouvoir financier est tel qu’il impose ses choix néo-libéraux et pro-OGM aux pays qu’il “aide”. Le silence de RSF face à la main-mise des puissances économiques sur les médias et la perte de crédibilité de ceux-ci : manipulés/manipulateurs plus ou moins conscients, voire même aux tentatives de censure d’Internet. Tout cela dessine un tableau bien clair à qui prend un peu de recul. Mais nous allons commencer par quelques définitions

Un pays se caractérise par un territoire mais aussi et surtout par une population organisée, des relations sociales fortes, des modes pacifiques de résolution des conflits de besoins et d’aspiration, un contrôle économique qui aide les plus faibles et protège la majorité de la violence des acteurs les plus puissants. Tout ceci forme un cadre structuré qui fait toute la différence entre la civilisation et la loi de la jungle et dont l’état n’est qu’une des composantes mais la plus essentielle par son caractère unique, par son monopole et l’obligation de s’y soumettre.

Au contraire, un territoire est une zone géographique avec des ressources. Que celles-ci soient minérales ou vivantes. Qu’il s’agisse de pétrole, de zones propices à l’exploitation agricole, avicole ou forestière, de ressources génétiques naturelles, humaines ou simplement d’espace. Aucun des mots qui précède n’est choisi au hasard:  ni “exploitation” ni “ressource” ni même “génétique” ou “humain”.

Ronald Reagan avait déclaré: “l’état n’est pas la solution, l’état est le problème”. Le rêve de ceux qui l’ont porté au pouvoir et tous les autres après lui, aux USA ou ailleurs, est de transformer les pays en territoires. Leur but est de casser les structures où les humains s’expriment, se différencient et s’unissent, où ils se structurent et s’organisent plus démocratiquement.

Ce but est poursuivi de manière douce via una managerialisation de la société, si bien décrite par « Les Mots du Pouvoir », par la publicité qui impose des stéréotypes inhumains, individualistes et consuméristes ou de manière plus dure comme dans les formes modernes de « management des ressources humaines », d’individualisation des rapports sociaux voire même d’attaque contre la protection sociale en refusant d’admettre son importance dans la pacification de la société globale. Elle peut s’exprimer de façon violente en tuant les leaders des contre-pouvoirs ou de manière plus soft en les harassant ou en truquant les élections à coup de centaines de millions. Plus durement en supportant les pouvoir politiques les plus corrompus et les plus incapables et en renversant Allende. En finançant des organisations acquises à leur thèses ou en armant les para-militaires et autres escadrons de la mort.

Comme me le disait Sophie Goldmann « ce qui est frappant dans ce tableau, c’est l’utilisation des sciences sociales à des fin destructrices ». C’est le dévoiement de la connaissance de ce qui unit les humains pour les désunir. C’est la liberté insoutenable qui est est laissée aux puissances, notamment financières, dont nous payons les pertes pendant qu’ils empochent les bénéfices. C’est l’idéologie que porte le néo-libéralisme. Une idéologie morbide d’exploitation sans retour. Or « le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur » disait Daniel Pennac.

En guise de conclusion temporaire: cet article n’est qu’une première réflexion. Beaucoup doit encore être fait. C’est ce à quoi C.C.E. va s’attacher avec votre aide dans les articles à venir.

P.S. : Le titre fait référence à une contre-utopie d’Ira Levin de 1970: “Un bonheur insoutenable” Ed. J’ai Lu, N° 434.

Nous gagnons et nous gagnerons encore

Pendant que la haine l’emporte sur la misère dans un coin de monde, l’amour concurrence l’égalité dans un autre.

En amérique latine, la gauche vient de gagner le Salvador. Elle avait déjà le Vénézuela, le Pérou, le Brésil et tant d’autres pays de cette ancienne colonie de United Fruit et autres CIA.

Plutôt que de continuer à pleurer dans un combat perdu où seul règne le chaos voulu par le libéralisme et dénoncé si efficacement par Naomi Klein dans son dernier livre, pourquoi ne pas regarder de l’autre côté, là où la gauche gagne et montre qu’un avenir radieux existe ?

Des liens dans un prochain article. Restez à l’écoute 😉

Dos à dos ? Dos à dos !

J’en ai marre du Moyen-Orient !

Je ne renvoie pas dos à dos l’occupant et l’occupé, l’oppresseur et l’oppressé, le faible qui se débat et le fort qui le maltraite sciemment pour le forcer à partir, le paysan dont on vole les terres et le colon qui s’installe sur le bien d’autrui, le civil armé de pierres et le militaire armé de missiles pas plus que je ne renvoie dos à dos le Hamas haineux et religieux qui a gagné les élections contre la pourriture du Fatah post-Arafat et le gouvernement raciste et colonial d’Israel.

Je renvoie dos à dos les racistes de tous bords, les communautaristes, les religieux obscurantistes et assassins, les nationalistes qui ne rêvent que d’un “Eretz Israel” bati sur l’illusion “d’une terre sans peuple” ou à contrario d’une “terre musulmane nettoyée de sa souillure”. Je renvoie dos à dos les fous de Dieu et les états terroristes. Je renvoie dos à dos les haineux et les haineux.

Je vous ai épargné jusqu’à présent les discours délirants de certains rabbins et ultra-nationalistes israeliens, parfois ministres, ou la haine de la LDJ. Mais si certains continuent à me justifier la barbarie israelienne par les discours de fanatiques musulmans (ou vice-versa, d’ailleurs), je vais aussi m’y mettre. Il y a du deni de l’autre dans les deux camps. Et il ne faudra plus me pousser beaucoup pour qu’il y ait un camp de plus. Enfin, si, il faudra me pousser beaucoup, beaucoup, quand même 😉 Mais ce n’est pas l’envie qui me manque.

Je terminerai en disant que je n’ai pas une larme pour les (rares) américains morts du fait d’Al Quaïda ou que les (encore plus rares) israëliens morts du fait du Hamas. Ces deux mouvements ont été financés par les gouvernements de ces victimes pour gêner, voire tuer leurs ennemis du moment: le communisme athée soviétique et le laïque Arafat. Ces mouvements religieux se sont retournés contre leurs anciens parrains. Bien fait pour leurs pieds. J’ai mal malgré tout car je n’aime pas la mort, et je pleure les rares parmi elles qui avaient lutté contre le support de leur gouvernement à ces groupes religieux. Comme je pleure les victimes qui ont tentés de s’interposer entre le marteau et l’enclume. Et il y en a. C’est dire si c’est con un religieux… ou si leurs anciens patrons y ont encore de l’influence :-/

Le vrai scandale c’est que ces “parrains” agressent aujourd’hui, sous ce prétexte, les seules victimes innocentes de ces groupes qu’ils ont forgés: les peuples où ils se trouvent.

Ils ne sont pas venus ou ne sont pas restés

Certains ne sont pas restés car l’identification “Etoile de David – Croix Nazie” est insupportable. Là, les organisateurs, comme nous tous, ont eu tort. L’interdiction de ces panneaux, non pas brutale mais argumentée ET systématique, aurait été la seule réaction correcte. Elle n’a été le fait que d’une minorité agissante mais trop limitée.

Certains ne sont pas venus car nombre d’e-mails appelant à la manifestation avaient un contenu anti-sémite certain. Et c’était déjà une raison suffisante pour ne pas venir. Cette information ne m’était pas connue jusqu’à aujourd’hui mais je n’ai pas les sources. Si quelqu’un en a reçu, merci de me les faire suivre.

Certains ont eu peur. Là, ils ont eu tort aussi. Comme a eu tort l’ambassadrice israelienne qui a parlé de “gigantesque manifestation anti-sémite”. A sa décharge, reconnaissons qu’elle est dans son rôle: justifier l’agressivité israelienne et faire peur à tous les juifs pour les faire venir en Israel qui, à certains égards, se dépeuple: de plus en plus de nationaux mais marginalement moins d’habitants. Ce n’est plus la terre de lait et miel: crise économique, paranoïa anti-terroriste, inégalité et corruption s’accroissent là plus qu’ailleurs.

Certains ont attaqué par écrit dans Le Soir ou par SMS ceux qui ont participé, faisant clairement allusion à l’antienne de la “terrrrible menace islamique” (480 morts dans le monde en 2007: à peine le bilan d’une journée dans l’Irak occupé ou d’une semaine d’agression sur Gaza). S’ils avaient raison de critiquer les amalgames puants, ils ont négligé le fait que le gouvernement israelien compte et/ou a compté dans le passé nombre de racistes, de personnes niant l’existence de l’autre peuple et de religieux ultras dans leurs ministres. Et qu’ils auraient du là aussi être de bon compte. Au surplus, ils ont maladroitement fait le jeu du communautarisme car leur carte blanche dans Le Soir qui a été unaniment acclamée à l’extrême-droite qui en tirera argument dans le futur,  jouait dangereusement sur les amalgames. Erreur donc aussi, du moins à mes yeux. Et aux vôtres ?

Certains enfin ont refusé de jouer à l’alibi ou à la caution, qu’elle soit juive ou de gauche. En effet, les musulmans affichés étaient une majorité. Ecrasante aux yeux de certains qui ont confondu couleur de peau ou tenue et croyance voire racisme. A nous, croyants ou non, de gauche ou non mais respecteux de chacun de devenir la majorité la prochaine fois en ne répétant pas les erreurs les plus évidentes. J’en ai relevé certaines, vous en avez sûrement d’autres à signaler.

J’espère que vous en ferez un débat constructif, ici ou ailleurs. En tout cas, les commentaires de ce billet vous sont ouverts. La gauche n’a pas toujours raison, elle le sait mais doit aussi savoir tirer profit de ses erreurs.

Pourquoi j’ai manifesté ce dimanche-là

D’abord parce toute injustice, toute oppression me révolte. Et que le bombardement délibéré des civils et des installations civiles me dégoute (1).

Plus précisément, j’ai manifesté un certain dimanche, environné de barbus et de drapeaux verts comme on me l’a reproché, justement parce que je ne voulais pas laisser ces manifestants croire que seuls des musulmans manifestaient pour dénoncer le massacre de Gaza. C’est parce que j’ai voulu leur faire voir qu’un individu “blanc” et se réclamant de sa judaïté était là, comme beaucoup. Et que donc ils manifestaient contre les actes de l’état d’Israel d’aujourd’hui et pas contre les juifs, ni même contre les “blancs”. Parce que c’est la seule chance qu’une issue au conflit en Palestine soit autre chose qu’une extermination ou une déportation.

Il y a encore moyen de se proclamer juif, même journaliste juif (donc non-manifestant) au milieu de manifestants pour Gaza, sans risque. Je veux que ça continue. Je ne veux pas d’une importation du conflit comme cela arrive en France (et des deux côtés (2), ce que les 1e pages “oublient”).  Je ne veux pas laisser ces belges musulmans seuls face à des imams plus ou moins fous de Dieu. Comme je veux aussi pouvoir continuer à me réclamer ailleurs de mes origines turques (3), sans risques.

Quand à l’omniprésence de la référence à l’Islam… Eh, cette manifestation issue de 120 organisations a principalement impliqué des mosquées marocaines, avec des mots d’ordres précis d’ailleurs: pas de racisme, pas de rappel du nazisme, manifestation familiale. Mots d’ordre qui ont été suivis. Les références aux nazis étaient le fait de groupes minoritaires, peut-être de laIcs, non-encadrés par ces mosquées.

Pour ce qui est des casseurs, de l’avis unanime d’organisateurs comme Pierre Galland et des policiers que j’ai rencontrés ultérieurement, ils étaient le fait de 200 à 300 jeunes extérieurs à la manifestation, qui sont venus APRES, pour casser.
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(1) Au surplus, Israel est parti mais le blocus est toujours là et au moins 400.000 personnes sont privées d’eau potable à Gaza parce que toute l’infrastructure est détruite par ces bombardements “ciblés-mon-oeil”.

(2) La LDJ d’ailleurs interdite en Israel, honneur à lui, pas en France, honte à elle.

(3) Grâce à quoi mes arrières-grands-parents sont justes morts de faim et de misère, pas raflés au Vel d’Hiv par des flics bien français.

Feu d’artifices à la RTBF

C’est pas la première fois mais c’est sur la première dans l’émission “Et Dien dans tout ça”  que nous avons pu entendre ce dimanche à 11:42  un invité, le Pr. Mossine El Ahmadi déclaré que Saddam (Hussein ?) a été tué par les religieux de son pays avec lesquels il avait pactisé. Et l’interviewer n’a même pas demandé si les USA n’avaient pas quelque chose à voir. Non, non, tout ça, c’est le danger islamique. Avant ça, le même avait chanté les louanges du régime tunisien. Faut-il vraiment que l’aspect laic de la dictature de Bourghuiba fasse oublier tout le reste ?

Que je n’aime pas les religieux, quels qu’ils soient, est une chose. Dire n’importe quoi à leur encontre ne sert pas la cause de la laïcité. Celle-ci n’étant qu’un moyen, pas le but.

Quelques minutes plus tard, dans l’émission “La Libraire Francophone”, nous avons pu entendre le présentateur nous déclarer qu’il ne prenait pas position dans la polémique qui sévit en Suisse autour de la nécessité ou non du dernier livre de Jacques Chessex. Celui-ci reparle du meurtre en d’un citoyen hélvétique par des nazis suisses vers 1940 pour la simple raison qu’il était juif. Pas position ?

Déjà fallait oser, mais quand on compare cette attitude au vocabulaire que le même employait quelques minutes plus tôt à propos d’un anarchiste du début du 20e siécle avait reçu  l’ordre de son organisation de détruire la monarchie espagnole, on comprend vite pourquoi Chessex ne l’aime pas. Oui, un anarchiste, espagnol qui plus est, qui a reçu un ordre. Faut vraiment rien connaitre à l’anarchie espagnole, pour oser sortir une pareille énormité. Bien sûr accolée aux mots “terroriste” et “assassin” car tuer un roi absolutiste (1), ce n’est pas un acte politique. Ben voyons.

Pour le fun, je rappelle quelques démonstrations pyrotechniques particulièrement réjouissantes, d’autant qu’elles sont peu nombreuses. D’abord le saut au deuxième étage de la voiture blindée de Carrero Blanco, “feu” le futur successeur de Franco. Ensuite, l’ex-dictateur Somoza coulant des jours heureux sous protection étatsunienne avec les milliards volés au Nicaragua dont la voiture, tout aussi blindée, a participé involontairement à une fiesta à base de missile blindicide. Dans les deux cas, le propriétaire était dedans 🙂 . Si vous en avez d’autres exemples, qu’un entarteur appelerait “épastrouillants”, en tête, n’hésitez pas à les publier dans les commentaires.

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(1) Monarchie absolutiste, je precise. Je ne parle pas de quasi-potiches type “Laeken” et consorts qui pour l’essentiel se limitent à toucher des millions de nos impôts pour draguer des gamines (majeures, quand même), s’acheter des Ferrari ou à faire travailler des militaires pour redécorer leurs villas.

Trop de sérieux nuit

Pour rompre avec la morosité ambiante, je vous propose quelques sites qui devraient amener un peu de soleil dans ce ciel pluvieux

D’abord viedemerde.fr vous rapporte quelques situations qui ont amené leurs protagonistes à proclamer “quelle vie de merde”, mais vous pouvez donner votre avis, si vous parvenez à vous arrêter de rire.

Bashfr.org vous familiarisera avec les messages que vos têtes blondes échangent avec les têtes blondes des autres parents. Pour ceux qui ont conservé un peu d’esprit ado ou qui fréquentent un peu les chat, c’est un bon moment garanti.

Enfin les habitués des forums et autres sites de discussions se régaleront avec trollsvelus.fr. Ils démarrent seulement mais font déjà très fort.

Et si ce n’était pas absurde ?

Absurde est le premier mot qui vient quand on pense aux 3 dernières “médiatiquement grandes” agressions occidentales contre des populations musulmanes: Gaza, Afghanistan et Irak.

J’ai autant de mal à imaginer des terroristes “fous”, que des dirigeants, même colonialistes ou fondamentalistes chrétiens, “irrationnels”. Si on cherche un peu, tous les actes terroristes de groupes ou d’états sont sous-tendus par une logique, une histoire, une rationnalité. Peut-être abominable mais existante.

Alors pourquoi voit-on ici des gens raisonnables bombarder des infrastructures civiles, détruire le tissu social, discréditer même le pouvoir qu’ils ont mis en place par des exigences et des actes qui paraissent n’avoir aucun sens comme le montre J-P Chevènement sur son blog pour le cas de Gaza ? Et vous trouverez sans peine sur le net d’autres articles qui montrent à quel point les USA déstabilisent les fantoches posés par eux en Irak et en Afghanistan. Où est la logique ?

Sans parler d’un “complot”, mais plutôt d’une identité de vue et d’intérêt, Louban ya Loubnan tente de trouver une logique paralèlle entre la méthode d’attaque de Gaza et celle de l’Irak. Il entrevoit une volonté identique de créer le chaos. Il redécouvre l’idéologie néo-conservatrice du “chaos créateur” dont le net nous a déjà parlé à de nombreuses reprises. Si vous voulez, je vous ferai une recherche à ce sujet mais Naomi Klein dans son dernier ouvrage “La stratégie du choc” en montre nombre d’exemples et en démonte le fonctionnement. Je vous souhaite bonne lecture critique des deux.

La lâcheté et le silence

Pour une certaine gauche juive, l’identité juive s’est construite sur le refus d’accepter la Shoah comme seule identité possible. Ils se sont tournés vers Israel comme refuge, image valorisante et rassurante de la condition juive. Aujourd’hui cette gauche sioniste est déchirée entre l’illusion et l’horrible réalité: son idéal est devenu le dernier état colonial d’origine (principalement) européenne.

Alors, il leur reste trois voies, aussi absurdes les unes que les autres:

– l’autisme qui engendre une panique permanente et renforce cet autisme. Car la moindre critique entame aisément cet équilibre fragile qui repose sur un déni du réel que tout rappelle.

– le support de “l’occident laic” (Pologne incluse ?) face au “péril” de l’islamisme. Comme si depuis 1919, les morts n’ont pas toujours été à 1.000 arabo-musulmans pour un “blanc”. Comme si Israel et les USA (et le reste de l’Otan) n’avaient soutenu, défendu, financé partout les religieux pour contrer le “commmunisme athée” de l’OLP ou de l’Afghanistan. Comme si l’islamisme avait plus de morts innocents sur la conscience que le c(h)rétinisme anglo-saxon, tant à l’échelle du siècle que des 8 dernières années.

– l’accusation sans fondement: “la gauche ne voit que les quelques morts à Gaza et se tait face à tous les autres massacres. C’est de l’anti-sémitisme caché”. Ah bon, la gauche ne s’est pas impliquée dans la lutte républicaine nord-irlandaise, même qu’elle soutenait déjà les “terroristes” de l’IRA au nom des 5 (cinq, pas mille) morts du “Bloody Sunday” ? Ah bon, la gauche n’a jamais dénoncé le colonialisme ? Ah bon, la gauche (y compris juive) n’a pas lutté contre le racisme anti-noirs aux USA ou en Afrique du Sud ? Ah bon, la gauche n’a jamais critiqué le massacre des indiens dans les amériques par les colons chrétiens d’Angleterre et d’Espagne (et plus si affinités) ? Ah bon, la gauche n’a pas manifesté contre Pinochet et ses émules ? Ah bon, la gauche ne s’est jamais engagée dans la résistance (parfois gesticulante, certes) à toutes les oppressions, en y laissant force morts (parfois de ridicule,certes) et assassinés ? Non, tous ces combats ont été menés et gagnés par Raymond Aron et Albert Camus ;-)

– et le plus absurde: le soutien au nom de la Shoah. Comme si cette horreur était radicalement différente de toutes celles qui l’ont précédée, suivie ou accompagnée. Pour en citer quelques’unes: le belge Leopold II a (fait) tuer 50 % de la population congolaise, la colonisation des amériques a tué 60 à 100 % de la population locale, l’Algérie Française (1 ou 2 millions de morts?) et tous les autres colonialismes, les marches de la mort pour les Arméniens turcs (assassinés par un pouvoir… laïc !), les froides tueries de Chinois lors de l’occupation japonaise, les slaves et tziganes par les nazis, etc….

Si toutes les survivants des génocides réclamaient un pays ethniquement pur, je crains qu’il ne ne nous faille bien plus qu’une 2e terre. Et si en plus, ils en tiraient argument pour ne pas respecter les lois de la guerre, alors, il faudrait souhaiter qu’on en revienne à l’âge de la pierre pour ne pas voir exploser notre verte boule.

Ceci posé, ne vous méprenez pas sur ma position: si l’existence des juifs, comme de tout groupe, était menacée, je n’hésiterai pas à prendre les armes, celles que je sais et que j’ose manier. Ce ne sont pas celles de la guerre. Mais je ne critiquerai jamais ceux qui ont le courage de prendre ce chemin. Même si c’est de la folie, car il y a pire que la folie: il y a la lâcheté et le silence.

Je remonte dans le texte, pour que ne le ratiez pas, le commentaire qui vient de m’être envoyé car je pense qu’il comble un manque dans ce que j’ai écrit:

“Il y a encore une autre figure… celle qui refuse de hurler avec les loups et qui sans nier l’inacceptable soutient désespérément toutes les initiatives porteuses d’espoir, de dialogue, d’humanité… Bref qui recherche simplement un peu de lumière dans un monde de brute …
Naïf peut-être …. mais j’assume”.

Lettre ouverte à un ami pro-israelien

Un ami vient de m’envoyer un courriel montrant des enfants, visiblement musulmans, en armes et les mettant en parallèle avec les photos d’enfants morts à Gaza. Le premier expliquant le second à ses yeux. Le tout accompagné du message “Il n’y a rien de pire que d’enseigner la haine à des enfants” “, “comme si dans le passé, nos propres organisations de lutte pour la création d’Israël n’avaient pas recruté des enfants” lui répond Gideon Lévy en anglais dans Haaretz

Mais je voudrais lui dire qu’il a tellement raison : les priver de soins, de vaccins, d’école, de nourriture voire même de vie ne sont que pêchés véniels à coté de l’enseignement de la haine. Et les terroriser, les priver d’avenir, tuer leurs proches n’est-il pas le plus fort des enseignements.

Cet ami me répondra qu’à la différence des terroristes (comprendre “non-occidentaux”), Israel ne vise pas spécifiquement des civils. Ouais… outre qu’au contraire, il est avéré que Tsahal tire volontairement sur les médecins et infirmiers, comme dit  le même Gideon Lévy en anglais dans Haaretz:The IDF has no mercy for the children in Gaza nursery schools (et ici en français) qui ajoute “on peut déclarer que le Hamas se cache parmi la population civile, comme si le ministère de la Défense israélien à Tel-Aviv n’était pas situé au cœur d’une population civile, comme s’il y avait des endroits dans la bande de Gaza qui n’étaient pas au cœur d’une population civile.”

Plus généralement, le message de cet ami semble indiquer qu’à ses yeux tous les musulmans ne sont qu’une seule “race”: des images d’enfant arabes ou turcs prises quelque part dans le monde justifient le massacre de civils dans un pays précis mais différent. Ma perception est accentuée par le raisonnement que je lui ai souvent entendu énoncer: que les Palestiniens chassés de leurs terres pouvaient n’avaient qu’à aller “ailleurs”, sous-entendu “dans le monde arabe” bien sûr. Pas en occident (URSS incluse) qui pourtant était le responsable de leur expatriation, voire même uniquement en Allemagne puisqu’en dernier ressort c’était quand même ce pays qui avait porté au pouvoir et soutenu jusqu’à l’écroulement de son rêve le fou responsable de la Shoah (et de la mort de 50% des Tziganes et de millions de civils slaves).

Autre chose, l’entrainement militaire des tout jeunes, montré sur ces photos n’est pas une preuve de “haine”, a fortiori anti-sémite. Et ici en europe, il n’y avait PAS un seul message anti-sémite à la manif de dimanche à Bruxelles que j’ai couverte de bout en bout. Et s’y proclamer “juif”, ce que je fais systématiquement face à des gens dont je veux tester l’anti-sémitisme (*), ne m’y a attiré aucun problème. Au contraire, cela m’a attiré la sympathie  d’un jeune d’origine marocain qui m’a accompagné pendant toute cette “inspection” et avec qui j’échangeais des traductions des rares slogans en arabe et l’identification des groupes arabes et turcs contre information sur les organisations de gauches représentées. Plus même, dans aucune des manifestations récentes dont j’ai lu les comptes-rendus, les journalistes n’ont signalés de slogans  racistes sauf pour ce qui concerne cette violente agression devant un lycée parisien, typique importation du conflit qui a eu “curieusement” peu d’écho dans la presse. Mais si vous vous donnez la peine d’aller lire l’article de cet excellent blogueur, vous comprendrez pourquoi même l’hyper-réactif Sakro en a aussi peu parlé.

Pour le reste, je voudrai le renvoyer à  ce texte sans haine publié sur le site de mon amie Danielle http://socio13.wordpress.com/2009/01/17/sermon-au-soldat-de-tsahal-par-dr-idrissi-my-ahmed/#comment-10204 et au commentaire que j’y ai ajouté.

Je voudrais aussi lui conseiller De Defensa qui reporte que même les alliés les plus fidèles d’Israel commencent à avoir des doutes sur la tactique sans stratégie d’Israel à Gaza. Mais il y bien plus sur ce site. Notamment “Un autre texte, du San Francisco Chronicle décrit combien la crise de Gaza divise également la communauté juive US, sans doute dans une mesure qui n’a pas de précédent. C’en devient presque inquiétant. Comme bien d’autres, je crains autant le soutien inconditionnel ancien qu’un retournement massif de la politique occidentale qui risque au contraire d’attiser la situation.

Enfin, je voudrais lui dire que sa position est aujourd’hui indéfendable. L’ONU se plaint du bombardement de son QG à Gaza et de l’incendie de son entrepôt de nourriturele Président de l’Assemblée générale de l’ONU accuse Israël de violer le droit international, MSF abonde dans le même sens (en audio), des organisations israeliennes appellent à une intervention humanitaire à Gaza. La liste est interminable. Même le drigeant du Hamas Israel Hanyieh ne pose pour la paix que des conditions aussi raisonnables qu’humaines, basés d’ailleurs sur des arguments repris par Courrier International: le blocus a commencé en 2006 qui rappelle aussi que la trève de 6 mois rompue cet hiver a été rompue d’abord par des attaques israeliennes et le refus de lever le blocus d’une population affamée.

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(*) de même que je me réclame de mon ascendance turque chaque fois que je rencontre un anti-musulman ou “suspecté de”. Je suis d’ailleurs reconnaissant à ce pays qui a contribué à sauver mes arrières-grands-parents de la déportation nazie, mais pas de la mort, hélas.