La constitution du Hamas ne reconnait pas Israël

“Ce sont des bêtes marchant sur deux pattes”, non daté. “Il n’y a pas semblable chose (…), ils n’ont jamais existé.” (15 juin 1969). “(Les) écraser (…), comme des sauterelles”, non daté.  Dans le New York Times : « Lorsque nous aurons colonisé le pays, tout ce que (ils) seront capables de faire sera de détaler tout autour comme des cafards drogués dans une bouteille”, avril 1998 soit bien après les accords d’Oslo. Et ça continue comme ça pendant une page dans ce florilège rassemblé par Rachid BRAHMI pour Le Grand Soir. Ah oui, bien sûr, ce sont des extrémistes qui parlent comme ça de leurs ennemis: un chef d’état-major, un président fondateur de l’état, quelques premiers ministres… tous israéliens. Mais la constitution du Hamas ne reconnait pas Israël.

La constitution du Likhoud, elle déclare: « Les communautés juives de Judée, Samarie et Gaza sont la réalisation des valeurs sionistes. La colonisation du pays est l’expression claire du droit irréfutable du peuple juif sur la Terre d’Israël et constitue un atout important dans la défense des intérêts vitaux de l’État d’Israël. Le Likoud continuera de renforcer et de développer ces communautés et il empêchera leur déracinement » et plus loin  « Le gouvernement d’Israël rejette catégoriquement l’établissement d’un État arabe palestinien à l’ouest du Jourdain. Les Palestiniens peuvent mener leur vie librement dans le cadre d’une autonomie mais pas en tant qu’Etat indépendant et souverain. Ainsi par exemple, en matière d’affaires étrangères, de sécurité, d’immigration et d’écologie, leur activité sera limitée pour se conformer aux impératifs de l’existence d’Israël, de sa sécurité et de ses besoins nationaux ». Mais la constitution du Hamas ne reconnait pas Israël.

“Du fait de « la tension existant… entre la définition de l’État d’Israël comme État juif et sa proclamation d’un engagement à une égalité citoyenne, Israël a marqué des réserves à l’égard d’un certain nombre de clauses de conventions internationales en matière de droits de l’homme », extrait du Livre de la Citoyenneté édité par le Ministère de l’Enseignement (israelien). En clair, ça veut dire: pas d’égalité entre juifs et non-juifs. On savait déjà que ce n’était pas une réalité, voici que c’est intégré à l’idéologie officielle. Mais la constitution du Hamas ne reconnait pas Israël.

“Benyamin Nétanyahou et Avigdor Liberman ont mené une campagne sur le dos des Arabes israéliens. Ces derniers forment environ 20 % de la population.” Avigdor Lieberman en rajoute : « Puisque les Palestiniens ont l’audace de demander le droit au retour, il doit aussi y avoir un droit d’expulsion ». Sur la situation des arabes en Eretz Israel, Jean Bricmont vous explique ça bien mieux que moi. Mais la constitution du Hamas ne reconnait pas Israël.

“Plus de 70 % de la population israélienne justifie les attaques militaires à Gaza dans lesquelles sont morts plus de 1300 palestiniens, dont 90% de civils selon les organisations humanitaires”. A contrario, “400 ONG  ont déposé plainte devant la Cour Pénale Internationale de La Haye le 22 janvier pour crime de guerre et crime contre l’humanité.” dit le blog ‘Les actualités du droit“. Le même qui rappelle que “l’Autorité Palestinienne, dans le cadre d’un consensus politique – fort rare – a donné compétence à la Cour Pénale Internationale pour enquêter sur les territoires palestiniens, dont Gaza, et ce depuis 2002″ Mais la constitution du Hamas ne reconnait pas Israël.

Quand à la façon de faire taire toute voix discordante, ce post d’Article 11 et Plume de Presse en parlent mieux que moi, nombreux exemples (français) à l’appui. Plus sérieusement, si vous voulez savoir ce qu’est le Hamas, allez jeter un coup d’œil par exemple sur cet article du Centre Tricontinental ou celui paru chez Michel Collon. Mais ni constitution, ni la loi, ni la classe politique, ni la quasi-unanimité de la population israélienne ne reconnaissent la Palestine  :-/

Les forcer à partir, la seule constante – Mise à jour 2

Pour documenter un peu mon propos précédent, je vous invite à lire Dominique Vidal (journaliste au Monde Diplomatique) “Comment Israel expulsa les Palestiniens” (21€) qui y fait une synthèse des apports des “nouveaux historiens” israeliens sur ce sujet.

D’autre part, Shalom Archav diffuse actuellement sur son site un rapport aussi officiel que jusque-là secret qui démontre la parfaite connaissance par l’état israelien du caractère totalement illégal, même en regard du droit israelien, de nombre de constructions en Cisjordanie. Elles sont en effet situées sur des terres privées palestiennes. Nous ne parlons pas ici seulement de “colonies sauvages”, aussi abusif que puisse être ce terme pour des peuplements parfaitement acceptés par l’IDF qui par contre n’hésite pas à faire exploser toute construction palestienne qui lui déplait. Nous ne parlons pas seulement de “colonies légales”, aussi abusif que puisse être ce terme au regard du droit international. Nous parlons aussi de constructions réalisées par l’Etat, telle que postes de police ou casernes de pompiers.

Au surplus, je vous invite à consulter, signalés par Contrinfo, les rapports de l’ONU et de la FAO sur les dégats probablement irréversibles que les bombardements israeliens sur Gaza ont engendrés pour l’agriculture par la destruction des champs et troupeaux ainsi que sur l’approvisionnement en eau potable via la contamination possible des nappes phréatiques de la zone. Et bien sûr, les deux rapports déplorent l’impossibilité d’importer les matériaux et engins nécessaires pour réparer ou simplement limiter les dégats vu la continuation du blocus.

Toujours dans la même région et pour la même periode, selon des témoignages récurrents, les soldats de l’IDF se sont livrés a du vandalisme systématique dans les rares habitations qu’ils n’ont pas détruites en partant. Bien sûr ce ne sont que des accusations de terroristes potentiels dont certains auraient même voté pour le Hamas. Comment oserions-nous les mettre en balance avec le comportement habituel de “l’armée la plus morale du monde” 😉 On peut par contre être sûr de savoir ce que ces “terroristes” voteront la prochaine fois.

Encore une fois: quelle autre logique est-elle ici mise en place que celle du choix pour les Palestiniens entre l’affrontement armé et le départ ? C’est une question que tente de résoudre Noam Chomsky dans un texte dont la traduction est parue dans Le Grand Soir.

Conférence ANNULEE: tout le monde l’a vu, personne ne l’a lu

MISE A JOUR

Une fois n’est pas coutume, je vais vous faire le lien vers un article alors que tout le monde l’a déjà fait: tant mouvement.be que rezo.net et tous les autres, même si je ne les ai pas tous fait pour des raisons déjà expliquées.

L’article “Israel a-t-il perdu la guerre” pose une question de pure réthorique qui n’intéresserait plus personne si ce n’est qu’il donne la parole à Shlomo Sand, l’auteur de “Comment le peuple juif fut inventé” dont tout le monde parle, dont moi, et que bien peu ont lu. Et pour 23€ c’est dommage de vous en priver. Ca commence par quelques pointes d’humour, comme le veut la tradition hébraïque(1), et ça continue par une puissante analyse générale de la notion de nationalisme avant d’attaquer le vif du sujet qui n’est pas mal non plus. C’est encore plus bourré de références qu’un article de votre serviteur sauf qu’il s’agit le plus souvent d’introuvables et épais bouquins, en anglais ce qui est de l’hébreu pour la majorité d’entre vous. En plus, ils ne sont pas souvent à la BN (2) ce qui ne facilite pas leur consultation.

ANNULATION !

Si je vous en parle, c’est que le bonhomme donne une conférence-débat (!) à Bruxelles. A l’UPJB le samedi 14 février à 20h15, pour être précis. Leur site n’est plus mis à jour depuis des lustres mais donne l’adresse : 61 rue de la Victoire à 1060 Bruxelles (Métro Parvis de St Gilles). C’est 6€ sauf pour les fauchés: 2€. Autant d’intelligence pour même pas le prix d’un café, ça vaut le déplacement. Et si le buzz fonctionne, le débat sera animé.

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(1) Voir notamment “Dieu comprend les histoires drôles” de Victor Malka. Ed. Sagesse. 6,5 €

(2) la BN c’est la BIBLIOTHEQUE nationale, pas la Banque, bande d’incultes 😉

Les forcer à partir, la seule constante

Le massacre de Gaza vient à peine de se terminer et la RTBF a déjà repris ses habitudes: 4 roquettes sont tombées sur Israel, sans faire la moindre victime, et le JP de 13:00 s’étend en long en large et en travers sur les futures “justes représailles d’Israel” sans donner la parole à quiconque d’autre. En France, c’est le même discours sur toutes les chaïnes.

Aucune explication sur le fait que ces roquettes sont la seule façon pour les Palestiniens de Gaza de protester contre le blocus économique qui continue de les réduire à la misère, car si quelques convois humanitaires passent, insuffisants d’ailleurs, c’est bien tout. Rien dans cela ne permet de reconstruire Gaza dont l’infrastructure a été détruite sciemment et dans de bien plus grandes proportions que la population. Faites la balance: 1.300 morts d’une main et 150.000 à 400.000 personnes privées d’eau de l’autre. Qu’est-ce que l’Israeli Defence Force (IDF) visait prioritairement à votre avis ?

Tant ce blocus économique que cette destruction et les tirs délibérés sur les enfants sont d’ailleurs la démonstration que le gouvernement colonial d’Israel n’a qu’un but: non pas la sécurité de ses propres citoyens mais forcer la population locale à “choisir” le chemin de l’exil. Cette expulsion systématique et forcée est d’ailleurs la seule constante de la politique israelienne depuis 1948. Et même avant, si vous tenez compte des attentats terroristes commis par des futurs premiers ministres comme Begin et consorts depuis les années “30.

Vous ne me croyez pas ? D’accord, alors trouvez-moi une autre logique qui explique:

– l’irrationalité de l’écrasement de Gaza qui a endommagé l’image d’Israel au point de provoquer chez beaucoup des prises de conscience douloureuses qui dépassent parfois même le cas palestinien. Et je ne parle même pas des horreurs comme à Zeitoun.

– la surexploitation des puits de Gaza par les colons, au temps où il y en avait, qui a conduit ceux-ci à se saliniser par infiltration des eaux de la Méditérannée toute proche, rendant la région invivable.

Quittons Gaza pour la Cisjordanie: quelle rationalité ont

– les 600 ou 800 points de contrôle à l’intérieur même des bantoustans palestiniens dont le passage demande de 2 à 8 heures chacun et y empêche donc tout développement vie économique avec les résultats que l’on peut prévoir. Et accessoirement, l’impunité du comportement humiliant des soldats israeliens à l’égard des civils qui sont obligés de subir en silence.

– la destruction des plantations à chaque occasion. Pour rappel, un olivier met 50 (cinqante) ans avant de produire sa première olive. C’est dire le choc économique que représentent ces saccages.

– le laissez-faire des progroms commis par les colons, si dommageables qu’ils soient pour l’image des juifs.

– le contrôle par l’armée des populations civiles. Il est clair que si vous mettez des conscrits armés de fusil, sans protections adaptées, face à des gamins qui leur lancent des pierres, ils finiront par tirer. Ca c’est passé en Irlande pour casser le mouvement pacifiste avant même de se passer en Palestine. Avec les mêmes conséquences: le passage des lanceurs de pierre à la lutte armée. Alors qu’un équipement adapté (armure, bouclier, gaz lacrymogène, auto-pompe, etc…) existe et est employé dans tous les autres pays riches. De même, si vous tirez des missiles pour tuer des palestiniens, même “ciblés”, vous allez tuer des familles entières, avec toujours les mêmes résultats: la radicalisation ou le départ.

– la colonisation constante, sous tous les gouvernements israeliens, même pendant les années qui ont suivi Oslo, et l’appropriation systèmatique de l’eau et des meilleures terres, y compris privées, y compris au mépris du peu de droit encore laissé aux habitants arabes de Palestine voire même d’Israel. Même l’équivalent isrelien de la Cour Suprême a condamné nombre d’entre elles. Sans le moindre effet, d’ailleurs, l’armée refusant systématiquement d’appliquer ces décisions, sauf si elles ne sont que symboliques et temporaires.

– la construction du mur, sur les terres palestiennes, détruisant les plantations et asphyxiant bien des villages en les coupants de leurs terres agricoles.

– l’aide apportée par Israel à la naissance du Hamas au temps de l’OLP (bon là, c’est peut-être la même connerie qui avait conduit les USA à armer les talibans contre le pouvoir socialiste en Afghanistan)

– l’humiliation constante de leur propre Pétain local: Mahmoud Abbas.

Finissons ce rapide tour avec “Israel-frontière de 1967”. Quel sens donner à:

– La confiscation des terres de tous les palestiniens qui ont fui tous les combats depuis 1948, à commencer par ceux de Deir Yassine, qui a été abondamment publicisé par le nouvel état israelien lui-même dans le but d’accroitre la panique. Cette appropriation est illégale, au yeux du droit international privé: pour prendre un exemple en Europe, dès l’effondrement du mur de Berlin, les anciens propriétaires allemands qui avaient fui l’avancée soviétique en 1945 sont venus récupérer les biens que le gouvernement communiste avait réquisitionné et revendu à ceux qui étaient réstés. La justice leur a donné systématiquement raison.

– la politique d’apartheid à l’égard des arabes restés en Israel-’67.

On peut continuer longtemps. J’attend les contre-arguments mais il n’y en aura pas car il n’y a pas d’autre logique imaginable, point.

Dos à dos ? Dos à dos !

J’en ai marre du Moyen-Orient !

Je ne renvoie pas dos à dos l’occupant et l’occupé, l’oppresseur et l’oppressé, le faible qui se débat et le fort qui le maltraite sciemment pour le forcer à partir, le paysan dont on vole les terres et le colon qui s’installe sur le bien d’autrui, le civil armé de pierres et le militaire armé de missiles pas plus que je ne renvoie dos à dos le Hamas haineux et religieux qui a gagné les élections contre la pourriture du Fatah post-Arafat et le gouvernement raciste et colonial d’Israel.

Je renvoie dos à dos les racistes de tous bords, les communautaristes, les religieux obscurantistes et assassins, les nationalistes qui ne rêvent que d’un “Eretz Israel” bati sur l’illusion “d’une terre sans peuple” ou à contrario d’une “terre musulmane nettoyée de sa souillure”. Je renvoie dos à dos les fous de Dieu et les états terroristes. Je renvoie dos à dos les haineux et les haineux.

Je vous ai épargné jusqu’à présent les discours délirants de certains rabbins et ultra-nationalistes israeliens, parfois ministres, ou la haine de la LDJ. Mais si certains continuent à me justifier la barbarie israelienne par les discours de fanatiques musulmans (ou vice-versa, d’ailleurs), je vais aussi m’y mettre. Il y a du deni de l’autre dans les deux camps. Et il ne faudra plus me pousser beaucoup pour qu’il y ait un camp de plus. Enfin, si, il faudra me pousser beaucoup, beaucoup, quand même 😉 Mais ce n’est pas l’envie qui me manque.

Je terminerai en disant que je n’ai pas une larme pour les (rares) américains morts du fait d’Al Quaïda ou que les (encore plus rares) israëliens morts du fait du Hamas. Ces deux mouvements ont été financés par les gouvernements de ces victimes pour gêner, voire tuer leurs ennemis du moment: le communisme athée soviétique et le laïque Arafat. Ces mouvements religieux se sont retournés contre leurs anciens parrains. Bien fait pour leurs pieds. J’ai mal malgré tout car je n’aime pas la mort, et je pleure les rares parmi elles qui avaient lutté contre le support de leur gouvernement à ces groupes religieux. Comme je pleure les victimes qui ont tentés de s’interposer entre le marteau et l’enclume. Et il y en a. C’est dire si c’est con un religieux… ou si leurs anciens patrons y ont encore de l’influence :-/

Le vrai scandale c’est que ces “parrains” agressent aujourd’hui, sous ce prétexte, les seules victimes innocentes de ces groupes qu’ils ont forgés: les peuples où ils se trouvent.

Ils ne sont pas venus ou ne sont pas restés

Certains ne sont pas restés car l’identification “Etoile de David – Croix Nazie” est insupportable. Là, les organisateurs, comme nous tous, ont eu tort. L’interdiction de ces panneaux, non pas brutale mais argumentée ET systématique, aurait été la seule réaction correcte. Elle n’a été le fait que d’une minorité agissante mais trop limitée.

Certains ne sont pas venus car nombre d’e-mails appelant à la manifestation avaient un contenu anti-sémite certain. Et c’était déjà une raison suffisante pour ne pas venir. Cette information ne m’était pas connue jusqu’à aujourd’hui mais je n’ai pas les sources. Si quelqu’un en a reçu, merci de me les faire suivre.

Certains ont eu peur. Là, ils ont eu tort aussi. Comme a eu tort l’ambassadrice israelienne qui a parlé de “gigantesque manifestation anti-sémite”. A sa décharge, reconnaissons qu’elle est dans son rôle: justifier l’agressivité israelienne et faire peur à tous les juifs pour les faire venir en Israel qui, à certains égards, se dépeuple: de plus en plus de nationaux mais marginalement moins d’habitants. Ce n’est plus la terre de lait et miel: crise économique, paranoïa anti-terroriste, inégalité et corruption s’accroissent là plus qu’ailleurs.

Certains ont attaqué par écrit dans Le Soir ou par SMS ceux qui ont participé, faisant clairement allusion à l’antienne de la “terrrrible menace islamique” (480 morts dans le monde en 2007: à peine le bilan d’une journée dans l’Irak occupé ou d’une semaine d’agression sur Gaza). S’ils avaient raison de critiquer les amalgames puants, ils ont négligé le fait que le gouvernement israelien compte et/ou a compté dans le passé nombre de racistes, de personnes niant l’existence de l’autre peuple et de religieux ultras dans leurs ministres. Et qu’ils auraient du là aussi être de bon compte. Au surplus, ils ont maladroitement fait le jeu du communautarisme car leur carte blanche dans Le Soir qui a été unaniment acclamée à l’extrême-droite qui en tirera argument dans le futur,  jouait dangereusement sur les amalgames. Erreur donc aussi, du moins à mes yeux. Et aux vôtres ?

Certains enfin ont refusé de jouer à l’alibi ou à la caution, qu’elle soit juive ou de gauche. En effet, les musulmans affichés étaient une majorité. Ecrasante aux yeux de certains qui ont confondu couleur de peau ou tenue et croyance voire racisme. A nous, croyants ou non, de gauche ou non mais respecteux de chacun de devenir la majorité la prochaine fois en ne répétant pas les erreurs les plus évidentes. J’en ai relevé certaines, vous en avez sûrement d’autres à signaler.

J’espère que vous en ferez un débat constructif, ici ou ailleurs. En tout cas, les commentaires de ce billet vous sont ouverts. La gauche n’a pas toujours raison, elle le sait mais doit aussi savoir tirer profit de ses erreurs.

Pourquoi j’ai manifesté ce dimanche-là

D’abord parce toute injustice, toute oppression me révolte. Et que le bombardement délibéré des civils et des installations civiles me dégoute (1).

Plus précisément, j’ai manifesté un certain dimanche, environné de barbus et de drapeaux verts comme on me l’a reproché, justement parce que je ne voulais pas laisser ces manifestants croire que seuls des musulmans manifestaient pour dénoncer le massacre de Gaza. C’est parce que j’ai voulu leur faire voir qu’un individu “blanc” et se réclamant de sa judaïté était là, comme beaucoup. Et que donc ils manifestaient contre les actes de l’état d’Israel d’aujourd’hui et pas contre les juifs, ni même contre les “blancs”. Parce que c’est la seule chance qu’une issue au conflit en Palestine soit autre chose qu’une extermination ou une déportation.

Il y a encore moyen de se proclamer juif, même journaliste juif (donc non-manifestant) au milieu de manifestants pour Gaza, sans risque. Je veux que ça continue. Je ne veux pas d’une importation du conflit comme cela arrive en France (et des deux côtés (2), ce que les 1e pages “oublient”).  Je ne veux pas laisser ces belges musulmans seuls face à des imams plus ou moins fous de Dieu. Comme je veux aussi pouvoir continuer à me réclamer ailleurs de mes origines turques (3), sans risques.

Quand à l’omniprésence de la référence à l’Islam… Eh, cette manifestation issue de 120 organisations a principalement impliqué des mosquées marocaines, avec des mots d’ordres précis d’ailleurs: pas de racisme, pas de rappel du nazisme, manifestation familiale. Mots d’ordre qui ont été suivis. Les références aux nazis étaient le fait de groupes minoritaires, peut-être de laIcs, non-encadrés par ces mosquées.

Pour ce qui est des casseurs, de l’avis unanime d’organisateurs comme Pierre Galland et des policiers que j’ai rencontrés ultérieurement, ils étaient le fait de 200 à 300 jeunes extérieurs à la manifestation, qui sont venus APRES, pour casser.
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(1) Au surplus, Israel est parti mais le blocus est toujours là et au moins 400.000 personnes sont privées d’eau potable à Gaza parce que toute l’infrastructure est détruite par ces bombardements “ciblés-mon-oeil”.

(2) La LDJ d’ailleurs interdite en Israel, honneur à lui, pas en France, honte à elle.

(3) Grâce à quoi mes arrières-grands-parents sont justes morts de faim et de misère, pas raflés au Vel d’Hiv par des flics bien français.

Et si ce n’était pas absurde ?

Absurde est le premier mot qui vient quand on pense aux 3 dernières “médiatiquement grandes” agressions occidentales contre des populations musulmanes: Gaza, Afghanistan et Irak.

J’ai autant de mal à imaginer des terroristes “fous”, que des dirigeants, même colonialistes ou fondamentalistes chrétiens, “irrationnels”. Si on cherche un peu, tous les actes terroristes de groupes ou d’états sont sous-tendus par une logique, une histoire, une rationnalité. Peut-être abominable mais existante.

Alors pourquoi voit-on ici des gens raisonnables bombarder des infrastructures civiles, détruire le tissu social, discréditer même le pouvoir qu’ils ont mis en place par des exigences et des actes qui paraissent n’avoir aucun sens comme le montre J-P Chevènement sur son blog pour le cas de Gaza ? Et vous trouverez sans peine sur le net d’autres articles qui montrent à quel point les USA déstabilisent les fantoches posés par eux en Irak et en Afghanistan. Où est la logique ?

Sans parler d’un “complot”, mais plutôt d’une identité de vue et d’intérêt, Louban ya Loubnan tente de trouver une logique paralèlle entre la méthode d’attaque de Gaza et celle de l’Irak. Il entrevoit une volonté identique de créer le chaos. Il redécouvre l’idéologie néo-conservatrice du “chaos créateur” dont le net nous a déjà parlé à de nombreuses reprises. Si vous voulez, je vous ferai une recherche à ce sujet mais Naomi Klein dans son dernier ouvrage “La stratégie du choc” en montre nombre d’exemples et en démonte le fonctionnement. Je vous souhaite bonne lecture critique des deux.

La lâcheté et le silence

Pour une certaine gauche juive, l’identité juive s’est construite sur le refus d’accepter la Shoah comme seule identité possible. Ils se sont tournés vers Israel comme refuge, image valorisante et rassurante de la condition juive. Aujourd’hui cette gauche sioniste est déchirée entre l’illusion et l’horrible réalité: son idéal est devenu le dernier état colonial d’origine (principalement) européenne.

Alors, il leur reste trois voies, aussi absurdes les unes que les autres:

– l’autisme qui engendre une panique permanente et renforce cet autisme. Car la moindre critique entame aisément cet équilibre fragile qui repose sur un déni du réel que tout rappelle.

– le support de “l’occident laic” (Pologne incluse ?) face au “péril” de l’islamisme. Comme si depuis 1919, les morts n’ont pas toujours été à 1.000 arabo-musulmans pour un “blanc”. Comme si Israel et les USA (et le reste de l’Otan) n’avaient soutenu, défendu, financé partout les religieux pour contrer le “commmunisme athée” de l’OLP ou de l’Afghanistan. Comme si l’islamisme avait plus de morts innocents sur la conscience que le c(h)rétinisme anglo-saxon, tant à l’échelle du siècle que des 8 dernières années.

– l’accusation sans fondement: “la gauche ne voit que les quelques morts à Gaza et se tait face à tous les autres massacres. C’est de l’anti-sémitisme caché”. Ah bon, la gauche ne s’est pas impliquée dans la lutte républicaine nord-irlandaise, même qu’elle soutenait déjà les “terroristes” de l’IRA au nom des 5 (cinq, pas mille) morts du “Bloody Sunday” ? Ah bon, la gauche n’a jamais dénoncé le colonialisme ? Ah bon, la gauche (y compris juive) n’a pas lutté contre le racisme anti-noirs aux USA ou en Afrique du Sud ? Ah bon, la gauche n’a jamais critiqué le massacre des indiens dans les amériques par les colons chrétiens d’Angleterre et d’Espagne (et plus si affinités) ? Ah bon, la gauche n’a pas manifesté contre Pinochet et ses émules ? Ah bon, la gauche ne s’est jamais engagée dans la résistance (parfois gesticulante, certes) à toutes les oppressions, en y laissant force morts (parfois de ridicule,certes) et assassinés ? Non, tous ces combats ont été menés et gagnés par Raymond Aron et Albert Camus ;-)

– et le plus absurde: le soutien au nom de la Shoah. Comme si cette horreur était radicalement différente de toutes celles qui l’ont précédée, suivie ou accompagnée. Pour en citer quelques’unes: le belge Leopold II a (fait) tuer 50 % de la population congolaise, la colonisation des amériques a tué 60 à 100 % de la population locale, l’Algérie Française (1 ou 2 millions de morts?) et tous les autres colonialismes, les marches de la mort pour les Arméniens turcs (assassinés par un pouvoir… laïc !), les froides tueries de Chinois lors de l’occupation japonaise, les slaves et tziganes par les nazis, etc….

Si toutes les survivants des génocides réclamaient un pays ethniquement pur, je crains qu’il ne ne nous faille bien plus qu’une 2e terre. Et si en plus, ils en tiraient argument pour ne pas respecter les lois de la guerre, alors, il faudrait souhaiter qu’on en revienne à l’âge de la pierre pour ne pas voir exploser notre verte boule.

Ceci posé, ne vous méprenez pas sur ma position: si l’existence des juifs, comme de tout groupe, était menacée, je n’hésiterai pas à prendre les armes, celles que je sais et que j’ose manier. Ce ne sont pas celles de la guerre. Mais je ne critiquerai jamais ceux qui ont le courage de prendre ce chemin. Même si c’est de la folie, car il y a pire que la folie: il y a la lâcheté et le silence.

Je remonte dans le texte, pour que ne le ratiez pas, le commentaire qui vient de m’être envoyé car je pense qu’il comble un manque dans ce que j’ai écrit:

“Il y a encore une autre figure… celle qui refuse de hurler avec les loups et qui sans nier l’inacceptable soutient désespérément toutes les initiatives porteuses d’espoir, de dialogue, d’humanité… Bref qui recherche simplement un peu de lumière dans un monde de brute …
Naïf peut-être …. mais j’assume”.

Lettre ouverte à un ami pro-israelien

Un ami vient de m’envoyer un courriel montrant des enfants, visiblement musulmans, en armes et les mettant en parallèle avec les photos d’enfants morts à Gaza. Le premier expliquant le second à ses yeux. Le tout accompagné du message “Il n’y a rien de pire que d’enseigner la haine à des enfants” “, “comme si dans le passé, nos propres organisations de lutte pour la création d’Israël n’avaient pas recruté des enfants” lui répond Gideon Lévy en anglais dans Haaretz

Mais je voudrais lui dire qu’il a tellement raison : les priver de soins, de vaccins, d’école, de nourriture voire même de vie ne sont que pêchés véniels à coté de l’enseignement de la haine. Et les terroriser, les priver d’avenir, tuer leurs proches n’est-il pas le plus fort des enseignements.

Cet ami me répondra qu’à la différence des terroristes (comprendre “non-occidentaux”), Israel ne vise pas spécifiquement des civils. Ouais… outre qu’au contraire, il est avéré que Tsahal tire volontairement sur les médecins et infirmiers, comme dit  le même Gideon Lévy en anglais dans Haaretz:The IDF has no mercy for the children in Gaza nursery schools (et ici en français) qui ajoute “on peut déclarer que le Hamas se cache parmi la population civile, comme si le ministère de la Défense israélien à Tel-Aviv n’était pas situé au cœur d’une population civile, comme s’il y avait des endroits dans la bande de Gaza qui n’étaient pas au cœur d’une population civile.”

Plus généralement, le message de cet ami semble indiquer qu’à ses yeux tous les musulmans ne sont qu’une seule “race”: des images d’enfant arabes ou turcs prises quelque part dans le monde justifient le massacre de civils dans un pays précis mais différent. Ma perception est accentuée par le raisonnement que je lui ai souvent entendu énoncer: que les Palestiniens chassés de leurs terres pouvaient n’avaient qu’à aller “ailleurs”, sous-entendu “dans le monde arabe” bien sûr. Pas en occident (URSS incluse) qui pourtant était le responsable de leur expatriation, voire même uniquement en Allemagne puisqu’en dernier ressort c’était quand même ce pays qui avait porté au pouvoir et soutenu jusqu’à l’écroulement de son rêve le fou responsable de la Shoah (et de la mort de 50% des Tziganes et de millions de civils slaves).

Autre chose, l’entrainement militaire des tout jeunes, montré sur ces photos n’est pas une preuve de “haine”, a fortiori anti-sémite. Et ici en europe, il n’y avait PAS un seul message anti-sémite à la manif de dimanche à Bruxelles que j’ai couverte de bout en bout. Et s’y proclamer “juif”, ce que je fais systématiquement face à des gens dont je veux tester l’anti-sémitisme (*), ne m’y a attiré aucun problème. Au contraire, cela m’a attiré la sympathie  d’un jeune d’origine marocain qui m’a accompagné pendant toute cette “inspection” et avec qui j’échangeais des traductions des rares slogans en arabe et l’identification des groupes arabes et turcs contre information sur les organisations de gauches représentées. Plus même, dans aucune des manifestations récentes dont j’ai lu les comptes-rendus, les journalistes n’ont signalés de slogans  racistes sauf pour ce qui concerne cette violente agression devant un lycée parisien, typique importation du conflit qui a eu “curieusement” peu d’écho dans la presse. Mais si vous vous donnez la peine d’aller lire l’article de cet excellent blogueur, vous comprendrez pourquoi même l’hyper-réactif Sakro en a aussi peu parlé.

Pour le reste, je voudrai le renvoyer à  ce texte sans haine publié sur le site de mon amie Danielle http://socio13.wordpress.com/2009/01/17/sermon-au-soldat-de-tsahal-par-dr-idrissi-my-ahmed/#comment-10204 et au commentaire que j’y ai ajouté.

Je voudrais aussi lui conseiller De Defensa qui reporte que même les alliés les plus fidèles d’Israel commencent à avoir des doutes sur la tactique sans stratégie d’Israel à Gaza. Mais il y bien plus sur ce site. Notamment “Un autre texte, du San Francisco Chronicle décrit combien la crise de Gaza divise également la communauté juive US, sans doute dans une mesure qui n’a pas de précédent. C’en devient presque inquiétant. Comme bien d’autres, je crains autant le soutien inconditionnel ancien qu’un retournement massif de la politique occidentale qui risque au contraire d’attiser la situation.

Enfin, je voudrais lui dire que sa position est aujourd’hui indéfendable. L’ONU se plaint du bombardement de son QG à Gaza et de l’incendie de son entrepôt de nourriturele Président de l’Assemblée générale de l’ONU accuse Israël de violer le droit international, MSF abonde dans le même sens (en audio), des organisations israeliennes appellent à une intervention humanitaire à Gaza. La liste est interminable. Même le drigeant du Hamas Israel Hanyieh ne pose pour la paix que des conditions aussi raisonnables qu’humaines, basés d’ailleurs sur des arguments repris par Courrier International: le blocus a commencé en 2006 qui rappelle aussi que la trève de 6 mois rompue cet hiver a été rompue d’abord par des attaques israeliennes et le refus de lever le blocus d’une population affamée.

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(*) de même que je me réclame de mon ascendance turque chaque fois que je rencontre un anti-musulman ou “suspecté de”. Je suis d’ailleurs reconnaissant à ce pays qui a contribué à sauver mes arrières-grands-parents de la déportation nazie, mais pas de la mort, hélas.