Feu d’artifices à la RTBF

C’est pas la première fois mais c’est sur la première dans l’émission “Et Dien dans tout ça”  que nous avons pu entendre ce dimanche à 11:42  un invité, le Pr. Mossine El Ahmadi déclaré que Saddam (Hussein ?) a été tué par les religieux de son pays avec lesquels il avait pactisé. Et l’interviewer n’a même pas demandé si les USA n’avaient pas quelque chose à voir. Non, non, tout ça, c’est le danger islamique. Avant ça, le même avait chanté les louanges du régime tunisien. Faut-il vraiment que l’aspect laic de la dictature de Bourghuiba fasse oublier tout le reste ?

Que je n’aime pas les religieux, quels qu’ils soient, est une chose. Dire n’importe quoi à leur encontre ne sert pas la cause de la laïcité. Celle-ci n’étant qu’un moyen, pas le but.

Quelques minutes plus tard, dans l’émission “La Libraire Francophone”, nous avons pu entendre le présentateur nous déclarer qu’il ne prenait pas position dans la polémique qui sévit en Suisse autour de la nécessité ou non du dernier livre de Jacques Chessex. Celui-ci reparle du meurtre en d’un citoyen hélvétique par des nazis suisses vers 1940 pour la simple raison qu’il était juif. Pas position ?

Déjà fallait oser, mais quand on compare cette attitude au vocabulaire que le même employait quelques minutes plus tôt à propos d’un anarchiste du début du 20e siécle avait reçu  l’ordre de son organisation de détruire la monarchie espagnole, on comprend vite pourquoi Chessex ne l’aime pas. Oui, un anarchiste, espagnol qui plus est, qui a reçu un ordre. Faut vraiment rien connaitre à l’anarchie espagnole, pour oser sortir une pareille énormité. Bien sûr accolée aux mots “terroriste” et “assassin” car tuer un roi absolutiste (1), ce n’est pas un acte politique. Ben voyons.

Pour le fun, je rappelle quelques démonstrations pyrotechniques particulièrement réjouissantes, d’autant qu’elles sont peu nombreuses. D’abord le saut au deuxième étage de la voiture blindée de Carrero Blanco, “feu” le futur successeur de Franco. Ensuite, l’ex-dictateur Somoza coulant des jours heureux sous protection étatsunienne avec les milliards volés au Nicaragua dont la voiture, tout aussi blindée, a participé involontairement à une fiesta à base de missile blindicide. Dans les deux cas, le propriétaire était dedans 🙂 . Si vous en avez d’autres exemples, qu’un entarteur appelerait “épastrouillants”, en tête, n’hésitez pas à les publier dans les commentaires.

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(1) Monarchie absolutiste, je precise. Je ne parle pas de quasi-potiches type “Laeken” et consorts qui pour l’essentiel se limitent à toucher des millions de nos impôts pour draguer des gamines (majeures, quand même), s’acheter des Ferrari ou à faire travailler des militaires pour redécorer leurs villas.

Angélisme

Pour 2009, C.C.E. a décidé à l’unanimité d’offrir le Grand Prix de l’Angélisme 2008 à Maria Stephan et Erika Chenoweth pour leur travail « Why civil resistance works. The strategic logic of nonviolent conflit ».

Que disent ces deux chercheuses ? Que « les campagnes de lutte non violentes ont été couronnées de succès dans 53 % des cas, contre 26 % seulement pour les campagnes de résistance violente». C”est vrai que je ne me suis pas appuyé la lecture intégrale de leur recheche (en anglais, je vous le rappelle) qui est résumée en français mais je constate en première analyse que leur étude pourtant extensive a des bornes énormes. Et que ces bornes sont la perception occidentale, c’est à dire du pouvoir dominant, des enjeux de la lutte.

Je vais prendre l’exemple de 3 des génocides qu’à connu le siècle dernier. Aucun ne s’est attaqué à des populations en lutte. Ni les Arméniens en Turquie, ni les Juifs et les tziganes en Europe nazie, ni les Tutsi n’étaient des gens ou des groupes pratiquant la violence. Et ils ont eu lieu, c’est indéniable.

Autre exemple, deux régions qui sont souvent analysées sur C.C.E. parce que je les connais un peu moins mal que le reste: l’Amérique Latine et le Proche-Orient.

L’Amérique Latine a connu 30 ans de dictatures militaires particulièrement sanguinaires et sans scrupules. Comme dans tous les régimes avant les dictatures, au Chili post-Allende, en Colombie pré-Uribe, l’opposition était civile, syndicale, non-violente et organisée. Les (para-)militaires ont tué, torturé, massacré sans état d’âme des dizaines voire des centaines de milliers d’activistes, de simples suspects et leurs famille dans l’impunité, si pas l’indifférence, la plus totale et avec la bénédiction des USA. Les résistances paysannes, non-violentes, sont massacrées par les para-militaires recrutés par les propriétaires latifundaires dans les mêmes conditions de quasi-silence médiatique.

Je ne parle même pas des populations indigènes, majoritairement non-violentes, qui sont massacrées aux Amériques depuis Pizarre sans que personne ne s’en aperçoive avant qu’il n’en reste plus qu’un pourcentage dérisoire, parfois inférieur à 1%. En Amérique Latine, les luttes civiles et électorales récentes n’ont permis de prendre le pouvoir qu’au moment où les USA ont chancelé en interne. Et elles ne tiennent que parce que cette puissance dominante est temporairement hypnotisée par ses bourbiers irakien et afghan. Et je crains que ce ne soit que pour ce temps seulement, si ce n’est déjà fini comme tente de le démontrer cet article de mondialisation.ca.

Au Moyen-Orient, le sort des Palestiniens n’a commencé à intéresser l’occident obnubilé par sa culpabilité directe ou indirecte dans le génocide juif qu’à partir du moment où des avions remplis de blancs ont été détournés. Bien sûr pour critiquer ces affreux terroristes. Mais au moins en parlant enfin d’eux. La plupart du temps, les Palestiniens ont enduré leur sort sans réaction violente. Les deux Intifida ont démarrées quand l’oppression israelienne est devenue particulièrement insupportable ou provocatrice. La prise du pouvoir du Hamas à Gaza a eu lieu au moment où les puissances (directement ou indirectement) occupantes s’apprêtaient à fournir des armes à leurs collaborateurs qui avaient été battus par les urnes. Et vraisemblablement pas pour décorer leur salon.

Les exemples de réussites de luttes civiles citées par l’étude ne sont pas innocentes: “Serbie (en 2000), à Madagascar (en 2002), en Géorgie (en 2003), en Ukraine (en 2004-2005), au Liban (en 2005) et au Népal (en 2006)”, dans la majorité des cas, les réussites allaient dans le sens voulu par le pouvoir mondial dominant et au moment où l’ancien pouvoir dominant régional, l’URSS dans la plupart des cas, avait disparu. Et ce n’est pas un hasard.

Même l’icône de la non-violence, Gandhi, n’a réussi en Inde que quand fonctionnait à plein régime le moteur de la décolonisation voulue par la nouvelle puissance montante pour chasser les européens du monde qu’ils occupaient et que le libéralisme voulait asservir à leur place.

Je ne dis pas que la violence est la seule solution, ni même la meilleure, loin de là. Je dis seulement que face au racisme (et c’est en cela qu’il est vicieux), face au fascisme (et c’est en cela qu’il est particulièrement haïssable), face au colonialisme qui réfute l’humanité des populations qu’il exploite, croire en la non-violence, c’est de l’angélisme. Pire, c’est culpabiliser et discréditer des luttes armées qui sont parfois la seule voie face à des pouvoirs que le sort de leurs victimes indiffère, la seule voie face à un pouvoir mondial dominant que leur sort indiffère tout autant.

Que ce pouvoir dominant soit actuellement étatsunien ne le rend ni pire ni meilleur que les précédents ou les suivants. Pour affirmer cela, je m’appuye sur l’expérience antérieure des dominations européennes et japonaise qui sous le manteau de la colonisation ont massacré dans l’indifférence et des proportions qui ramènent le génocide rwandais au niveau d’une farce estudiantine. Seul un monde multi-polaire, écologiste ET socialiste changera peut-être quelque chose à cela.

Alors, violence ou non-violence ? Je pense que ce n’est pas à nous de juger. Je pense que ce choix appartient aux peuples, aux groupes opprimés et pas à nous. Nous devrions limiter notre voix à appuyer, ou non, ces luttes. Je nous trouverais bien effrontés de jouer les donneurs de leçons auprès de gens qui sont souvent opprimés, par personnes interposées, par nos propres pays. Et les exemples que j’ai cités montrent clairement que certains bourreaux ne reculent devant aucune atrocité.

Au moins la leçon de ghetto de Varsovie nous a appris cela: on ne lutte pas contre les bouchers en se conduisant comme des moutons. Mais en restant des humains, debout, fièrement. Et les armes à la main si nécessaire. Pensons-y pendant que nous accusons de terrorisme ceux qui (nous) résistent pendant que nous ou seïdes les volons, les affamons, les empêchons de se soigner, de s’éduquer et de travailler. Ou plus simplement dit: de vivre, tout simplement.

Mise à jour: actuellement se déroulent en Thailande des luttes non-violentes pour le pouvoir. La première manche a été gagnée par les pro-libéraux, les jaunes. Aujourd’hui les rouges, issus des campagnes, copient leurs moyens d’actions et leur revendication d’élections anticipées. Les premiers avaitent été bien traités dans nos médias et par la police. On va bien voir si le même traitement sera accordés aux seconds. Personnellement, j’en doute pour toutes les raisons évoquées ci-dessus.

Danielle se tait ? Non !

Disparait Reparait aujourd’hui (*)  de la blogosphère une de ses voix les plus puissantes et les plus originales. Chouette cadeau de noel 🙁

Lassée de la bétise, lassée de la méchanceté, lassée de prêcher dans ce qu’elle voit à tort comme un désert, victime de son succès qui lui amenait nombre de mails haineux, Danielle Bleitrach a avait décidé de fermer “Changement de société” alias “soci013”.

Où d’autre lirons-nous désormais cette traduction de l’intervention de Dick Cheney sur ABC où il reconnaissait explicitement avoir autorisé la torture dont je parlais dans mon article précédent ?

Où d’autre lirons-nous les nombreux articles sur l’amérique latine, là où la gauche devrait aller chercher ses nouveaux modèles après l’échec sanglant de sa gestion du capitalisme ?

Où d’autre lirons-nous les analyses politiques et philosophiques fondamentales, profondes et orginales que nous apportait Danielle ? Sans langue de bois, sans concessions, elle nous apportait un contenu d’une rare profondeur. Evidemment, cette profondeur n’allait pas sans une certaine longueur qui décourageait ceux qui ne consacrent pas plus de 2 minutes à un texte. Ce qui amenait des remarques acerbes de sa part quand quelqu’un prenait la parole en omettant un élément dont elle avait parlé.

Où d’autre lirons-nous la critique féroce de l’exploitation, de l’asservissement ?

Où trouverons-nous encore une voix juive, aussi féroce dans sa critique d’Israel que de l’anti-sémitisme qu’elle a vécu dans son corps et qui a marqué prfondément son esprit.

Ou trouverons-nous encore cette foi dans l’internationalisme socialiste ? Cette analyse marxiste qui avait annoncé la crise et fournit un des rares moyen d’en sortir ?

Ailleurs, difficilement, moins bien. Nul(le) n’est indispensable, certaines voix sont simplement encore plus irremplaçables que d’autres. Danielle est de celles-là. Je pleure.

Elle annonce un livre, je revis et je ne manquerai de vous en faire part 🙂

(*) Mise à jour: Ce matin 1e janvier, Danielle a rouvert son blog 🙂  Du coup J’ai corrigé certains aspects de ce post, dont le titre.

Lire autrement est-ce lire moins bien ?

“Lit-on moins de livres au fur et à mesure qu’Internet prend de plus en plus de place dans nos vies ? Et surtout les lit-on avec les mêmes facilités qu’auparavant ? Et qu’en est-il de la jeune génération ?”En d’autres mots: est-ce que Google rend idiot ?

“Plus ils utilisent le Web, plus ils doivent se battre pour rester concentrés sur de longues pages d’écriture.” Nous avons de plus en plus de mal à “interrompre notre surf internet en coupant momentanément le contact avec le flot continu d’informations dont nous sommes abreuvés.”

“Ces dernières années, j’ai eu la désagréable impression que quelqu’un, ou quelque chose, bricolait mon cerveau, en reconnectait les circuits neuronaux, reprogrammait ma mémoire. Mon esprit ne disparaît pas, je n’irai pas jusque là, mais il est en train de changer. Je ne pense plus de la même façon qu’avant. C’est quand je lis que ça devient le plus flagrant. Auparavant, me plonger dans un livre ou dans un long article ne me posait aucun problème. Mon esprit était happé par la narration ou par la construction de l’argumentation, et je passais des heures à me laisser porter par de longs morceaux de prose. Ce n’est plus que rarement le cas. Désormais, ma concentration commence à s’effilocher au bout de deux ou trois pages. Je m’agite, je perds le fil, je cherche autre chose à faire. J’ai l’impression d’être toujours en train de forcer mon cerveau rétif à revenir au texte. La lecture profonde, qui était auparavant naturelle, est devenue une lutte.”

“Lorsque nous lisons en ligne, dit-elle, nous avons tendance à devenir de « simples décodeurs de l’information ». Notre capacité à interpréter le texte, à réaliser les riches connexions mentales qui se produisent lorsque nous lisons profondément et sans distraction, reste largement inutilisée.”

Et ce ne sont pas seulement les enfant qui sont atteints: “même l’esprit adulte « est très plastique ». Les cellules nerveuses rompent régulièrement leurs anciennes connexions et en créent de nouvelles. « Le cerveau », selon Olds, « a la capacité de se reprogrammer lui-même à la volée, modifiant la façon dont il fonctionne. »”

“Dans le monde de Google, le monde dans lequel nous entrons lorsque nous allons en ligne, il y a peu de place pour le flou de la réflexion. L’ambiguïté n’est pas un préliminaire à la réflexion mais un bogue à corriger. Le cerveau humain n’est qu’un ordinateur dépassé qui a besoin d’un processeur plus rapide et d’un plus gros disque dur.”

“Peut-être ne suis-je qu’un angoissé. Tout comme il y a une tendance à glorifier le progrès technologique, il existe la tendance inverse, celle de craindre le pire avec tout nouvel outil ou toute nouvelle machine. Dans le Phèdre de Platon, Socrate déplore le développement de l’écriture.(…) « la plupart des arguments contre l’imprimerie était corrects et même visionnaires. » Mais, encore une fois, les prophètes de l’apocalypse ne pouvaient imaginer la myriade de bienfaits que le texte imprimé allait amener.”

“Dans le monde de 2001, les hommes sont devenus si semblables aux machines que le personnage le plus humain se trouve être une machine. C’est l’essence de la sombre prophétie de Kubrick : à mesure que nous nous servons des ordinateurs comme intermédiaires de notre compréhension du monde, c’est notre propre intelligence qui devient semblable à l’intelligence artificielle.”

Les blogs sont-ils une source d’information ?

Que voilà une question qu’elle est bonne, madame. Les blogs et autres médias électroniques sont-ils porteurs d’une information qui porte la moindre fiabilité. Sont-ils utiles ou sont-ce des pertes de temps ?

Première question à se poser: où chercher l’information ?

Pas évident de nos jours: la majorité pour ne pas dire la quasi-totalité des médias papiers ou radio-tv sont sous influence. Influence du pouvoir politique qui en nomme les dirigeants (France-Info). Influence de leurs propriétaires dont ils sont une “danseuse” et comme tels priés de se plier à leur idéologie (Le Figaro et Fox News). Influence de la rentabilité qui fait qu’il est plus facile de hurler avec les loups que d’exprimer une idée originale ou minoritaire (à peu près toute la presse régionale). Influence de la rentabilité toujours qui veut du sang à la une (La DH). Influence de la publicité qui fait qu’on ne critique pas ceux qui sont les réels acheteurs (la quasi-totalité des médias). Influence de l’image enfin qui impose de ne parler que des sujets photogéniques ou simplement ceux où il est possible d’avoir des images. Influence du direct alors que comme le dit Thierry Meyssan « le journalisme n’est pas une technique de description, mais un art de la compréhension. Loin de garantir la vérité, l’immédiateté la rend vulnérable aux apparences et aux préjugés » (France 24 et CNN)

Images: parle-t-on encore de l’Irak maintenant que toute la presse occidentale a dû la quitter entre les enlèvements, les “bavures” US, et l’insécurité générale de ce pays hors de contrôle. Et à propos de contrôle, qui a parlé des 250 camions incendiés le 8/12 en Afghanistan (non, ce n’est pas un incident) .On reparle du Congo (5 millions de morts en 5 ans, quand même) parce que le nain de jardin sponsorisé par le Fouquet’s a fait une déclaration à la TV à l’occasion de la réunion de la nomenklatura européenne ces derniers jours à Bruxelles. Et après ? Et avant ? Qui en parlait mis à part la remarquable Colette Braeckman ? Qui parle encore de la situation dans le ghetto de Gaza maintenant que les journalistes sont empêchés d’y rentrer librement ?

Halte au génocide de l’économie

Trouvé dans les commentaires du Soir: entraver la circulation d’un train c’est “une tentative délibérée de nuire au fonctionnement de la société”. Comme je vous le dis 😀

A ce tarif, frauder le fisc devrait a fortiori être considéré comme du terrorisme, ne parlons pas des grèves, des manifestations, des hedges funds (1), des patrons qui pratiquent le chantage à l’externalisation ou à la délocalisation, de la fraude sociale qui devraient être assimilés à des crimes contre l’humanité, au moins. Et la mondialisation devrait être vue comme l’antéchrist.

En-dehors de ce commentaire délirant, je vous encourage vivement à lire cette carte blanche intitulée “La Fabrique du Terrorisme” qui rappelle fortement l’appel doit je vous avait parlé dans cet article-.

J’ai trouvé la référence de cet article sur mouvements.be qui comme beaucoups d’autres portails tel que Rezo.net, référence aussi l’article de Eric Hazan: “Regardez ce qui se passe en Grèce: c’est de ça qu’ils ont peur“. Et si vous ne savez pas ce qui se passe en Grèce, allez voir CSP qui vous en dira trois mots avec son énergie coutumière.

Egalement référencé partout, cet article des “Mots Ont Un Sens (mais finalement on s’en fout)” qui rapporte que “Subprimes: Fannie et Freddie connaissaient les risques“. Et si d’avoir plongé sciemment le monde dans la crise économique la plus grave des 100 dernières années, c’est pas du terrorisme tel que l’entend le monsieur cité plus haut, on se demande bien ce qui en est. En tout cas pas les écolos de Tarnac ni probablement les “islamistes” récemment arrêtés en Belgique et certainement pas Bahar Kimyongür. Ou alors, moi aussi… et vous, pour m’avoir lu 😀

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(1) l’article référencé là est en anglais mais si vous ne devez en lire qu’un, lisez celui-.

Les aventures de Golias au Rwanda

“Quand Golias a dénoncé, en 1995, l’implication de l’église dans le génocide rwandais, ça a valsé sec ! Je m’étais rendu sur place et j’avais des preuves des responsabilités de l’épiscopat français, qui a accueilli et caché des personnes ayant participé au génocide. C’est une fâcheuse habitude de l’église : elle l’avait déjà fait après la Deuxième Guerre mondiale, quand avait été mis en place un réseau pour exfiltrer les dignitaires nazis vers l’Amérique Latine. Evidemment, nos révélations n’ont pas vraiment plu : Golias a eu droit à cinq procès, nous en avons gagné quatre et perdu un, pour une broutille juridique.

Pour sortir cette enquête, j’avais passé un bout de temps au Nord-Kivu. Et j’avais été assez étonné de ne pas y croiser beaucoup de journaliste. En fait, la plupart de ceux qui y étaient, que ce soit pour Le Monde, pour La Croix ou pour l’association Reporters Sans Frontières (RSF), faisaient leur enquête depuis l’hôtel… Ils n’ont pas honoré le métier de journaliste, c’est le moins qu’on puisse dire.

RSF vous a même fait un procès…

Oui. A l’époque, en 1994, l’association avait remis son prix annuel à André Sibomana, un prêtre et journaliste rwandais. Nous avons été les premiers – et presque les seuls – à écrire qu’il avait une responsabilité dans le génocide, en raison d’une prose favorisant l’ethnicisme. RSF nous a attaqué en justice, mais j’étais sûr de mes informations et nous avons gagné. Depuis, Robert Ménard s’est vengé en menant contre nous une profonde œuvre de désinformation.”

La suite de l’interview du redac-chef de Golias chez Article XI.

Couac au Monde

Une fois de plus, entre le titre qui dit “Le ministère de l’intérieur dément l’étude d’un fichier par couleur de peau et origine ethnique” et le texte qui dit “Dans un projet de rapport du groupe pour le gouvernement, que s’est procuré l’AFP jeudi 4 décembre, une des conclusions propose de tester le fichage des suspects sur la base de leur couleur de peau et de leur origine ethnique” qui a raison dans cet article du Monde ?

Une bonne occasion de rappeller que le journaliste n’a aucun pouvoir sur la titraille(1) qui est le fait de la rédaction en chef. Et de constater le fossé qui continue de se creuser au Monde entre une direction sarkozyste et certains (anciens) journalistes issus de l’époque où Le Monde était de (centre-)gauche.

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(1) La “titraille” inclus le titre et les inter-titres

La guerre en Aghanistan est (aussi) une bonne idée

D’abord il faudra vraiment mettre le paquet: “les Soviétiques n’ont pas réussi à maîtriser le pays, même lorsqu’ils avaient 100 000 hommes sur le terrain, et 150 000 soldats afghans à l’appui”. Et d’une part, ces soldats étaient autrement motivés que les occidentaux et d’autre part, le pouvoir local communiste avait une autre assise que l’actuel, corrompu et impuissant. Et même lui est obligé de déclarer souhaiter nous voir partir.

Et pourquoi ne sommes-nous pas motivés ?

Parce que nous manquons de vraies raisons d’y aller. La raison idéologique européenne qui est la libération des femmes afghanes (un exemple, qui est peut-être une manipulation, ici ) est insuffisante pour nous faire risquer de voir des morts de “race blanche” (les autres on s’en fout, hélas) comme dirait le nauséeux Zemmour. Et la raison idéologique américaine de la “guerre au terrorisme” jusitifie mal que cette “guerre” fasse plus de morts étatsuniens que le-dit terrorisme.

Alors, si on essayait la vérité: on est là pour sécuriser un pipe-line qui doit, dans le futur, nous alimenter en pétrole sans dépendre des russes car le prochain eldorado pétrolier se trouvent dans les marches de l’ancien empire soviétique.

Ah oui, mais non ! D’abord, nous sommes bien incapables de regarder plus loin que le bout de notre nez, sinon les signes sans cesse plus alarmants du désastre écologique en cours nous auraient déjà fait réfléchir sur notre modèle économique anti-écologique. Ensuite, il faudrait expliquer que nous sommes en train de recréer une guerre froide contre l’Est (Russie et Chine) et admettre, notamment, que ce n’est par accident que l’avocat américain qui préside actuellement la Géorgie a attaqué l’Ossétie philo-russe. Là aussi, une forte odeur de pétrole, comme jadis au Biafra. Et pour ne pas croire que les USA étaient derrière cette affaire, je vous invite à lire, en anglais, comment ils ont piégé un autre futur ex-allié, Saddam Hussein en 1990.

C’était une des merveilles de la politique bushienne-fils dont les américains ont (déjà) du mal à se distancier que d’avoir réussi à unir tout le monde contre eux. Et ça ne changera qu’en façade, et encore.

C’est aussi un paradoxe apparent que les deux anciennes patries “du socialisme réalisé” n’arrivent à s’entendre que maintenant qu’elles sont devenues plus ou moins officiellement du capitalisme d’état. Notez que ça leur réussit mieux que le “laissez-faire” des néo-libéraux que Poutine avait remplacé et qui ont ces derniers mois brillament réussi à convaincre les gouvernements occidentaux à faire cadeau de 2.500 milliards au système financier. Comme s’il ne s’était pas déjà suffisament engraissé sur le dos de notre pouvoir d’achat.

Mais revenons au Moyen-Orient, pas pour longtemps. Une autre raison pour tenter de gagner en Afghanistan est de réparer la “perte de face” que constitue, pour les USA, le bourbier Irakien.

Et tant que nos militaires sont là, ils ne sont pas ailleurs. Par exemple en amérique latine qui pourrait être le prochain terrain d’entraînement. C’est d’ailleurs pour ça que les médias se déchainent contre le Vénézuela et ses voisins socialistes:  il nous faudra gagner une guerre avant que nos néo-colonies ne prennent leur indépendance et ne menacent les approvisionnement quasi-gratuits qui nous autorisent notre mode de (non-)vie. Mais, toujours aussi cyniquement, il est largement plus facile de faire passer une guerre, avec toutes ses bavures, contre des arabes, musulmans de surcroît, que contre des latinos chrétiens.

Vous voyez bien que la guerre en Afghanistan est une bonne idée. Aussi bonne que la plantureuse assistante du patron, si vous voyez ce que je veux sous-entendre dans le genre frais et délicat.