Shlomo Sand s’explique… et Olmert aussi.

Sur un site canadien francophone, Shlomo Sand s’expliquait le 4 décembre dernier sur les raisons qui l’ont poussées à écrire son livre quasi-blasphématoire “Comment le peuple juif fut inventé”. Et l’homme apparait beaucoups moins inquiétant que certaine pressse se complait à nous le décrire.

La fin de son interview est très claire sur sa vision d’Israel: “Je ne suis pas sioniste, je crois qu’Israël doit appartenir à tous ses citoyens, de différentes origines, mais peut garder des liens avec les Juifs de partout. Sinon, Israël ne va pas exister au Proche-Orient. Il va disparaître comme le royaume franc de Jérusalem, au temps des Croisades.” Evidemment, c’est une vision qui dérangera beaucoup de gens.

Et puisqu’il est temps de dire ces choses, je vous invite à lire l’article de Defensa sur Ehud Olmert: “Il y a dans les déclarations d’Olmert un aspect remarquable d’une perception inhabituelle qu’on doit mettre en évidence. La sensation qu’on éprouve est celle d’un homme qui se révolte, ou qui tente de se révolter contre une pesanteur générale qui bride le discours et contraint les actes. Il semble dire que ce qu’il dit, beaucoup de gens le pensent et bien peu osent le dire, même à voix basse. Il y a l’impression d’un système écrasant, qui pousse sans cesse à la surenchère, à la fuite en avant, à l’agressivité et vers les situations de tension, qui impose mécaniquement une politique brutale et sans issue. C’est le système de la montée aux extrêmes, aveugle, avec la brutalité qui marque les relations, y compris entre gens du même “camp”. Et l’auteur d’en tirer la conclusion suivante: “On comprend alors combien Israël, qu’on charge souvent de pouvoirs mystérieux, notamment pour en faire une influence comploteuse conduisant d’une main cachée la politique agressive des USA, est en réalité victime du même système qui nous étouffe tous”.

Lire autrement est-ce lire moins bien ?

“Lit-on moins de livres au fur et à mesure qu’Internet prend de plus en plus de place dans nos vies ? Et surtout les lit-on avec les mêmes facilités qu’auparavant ? Et qu’en est-il de la jeune génération ?”En d’autres mots: est-ce que Google rend idiot ?

“Plus ils utilisent le Web, plus ils doivent se battre pour rester concentrés sur de longues pages d’écriture.” Nous avons de plus en plus de mal à “interrompre notre surf internet en coupant momentanément le contact avec le flot continu d’informations dont nous sommes abreuvés.”

“Ces dernières années, j’ai eu la désagréable impression que quelqu’un, ou quelque chose, bricolait mon cerveau, en reconnectait les circuits neuronaux, reprogrammait ma mémoire. Mon esprit ne disparaît pas, je n’irai pas jusque là, mais il est en train de changer. Je ne pense plus de la même façon qu’avant. C’est quand je lis que ça devient le plus flagrant. Auparavant, me plonger dans un livre ou dans un long article ne me posait aucun problème. Mon esprit était happé par la narration ou par la construction de l’argumentation, et je passais des heures à me laisser porter par de longs morceaux de prose. Ce n’est plus que rarement le cas. Désormais, ma concentration commence à s’effilocher au bout de deux ou trois pages. Je m’agite, je perds le fil, je cherche autre chose à faire. J’ai l’impression d’être toujours en train de forcer mon cerveau rétif à revenir au texte. La lecture profonde, qui était auparavant naturelle, est devenue une lutte.”

“Lorsque nous lisons en ligne, dit-elle, nous avons tendance à devenir de « simples décodeurs de l’information ». Notre capacité à interpréter le texte, à réaliser les riches connexions mentales qui se produisent lorsque nous lisons profondément et sans distraction, reste largement inutilisée.”

Et ce ne sont pas seulement les enfant qui sont atteints: “même l’esprit adulte « est très plastique ». Les cellules nerveuses rompent régulièrement leurs anciennes connexions et en créent de nouvelles. « Le cerveau », selon Olds, « a la capacité de se reprogrammer lui-même à la volée, modifiant la façon dont il fonctionne. »”

“Dans le monde de Google, le monde dans lequel nous entrons lorsque nous allons en ligne, il y a peu de place pour le flou de la réflexion. L’ambiguïté n’est pas un préliminaire à la réflexion mais un bogue à corriger. Le cerveau humain n’est qu’un ordinateur dépassé qui a besoin d’un processeur plus rapide et d’un plus gros disque dur.”

“Peut-être ne suis-je qu’un angoissé. Tout comme il y a une tendance à glorifier le progrès technologique, il existe la tendance inverse, celle de craindre le pire avec tout nouvel outil ou toute nouvelle machine. Dans le Phèdre de Platon, Socrate déplore le développement de l’écriture.(…) « la plupart des arguments contre l’imprimerie était corrects et même visionnaires. » Mais, encore une fois, les prophètes de l’apocalypse ne pouvaient imaginer la myriade de bienfaits que le texte imprimé allait amener.”

“Dans le monde de 2001, les hommes sont devenus si semblables aux machines que le personnage le plus humain se trouve être une machine. C’est l’essence de la sombre prophétie de Kubrick : à mesure que nous nous servons des ordinateurs comme intermédiaires de notre compréhension du monde, c’est notre propre intelligence qui devient semblable à l’intelligence artificielle.”

Bas les masques

Dans un article de fond, percutant, l’économiste Paul Jorion règle son compte au monde tel que le rêvent les gestionnaires du capitalisme qu’ils soient libéraux ou socio-démocrates et les met face à une réalité déjà évoquée dans mes articles précédants: ou les pouvoirs en place se lancent dans une réforme qui fera passer le New Deal roosveltien pour une opérette de boulevard ou les pouvoirs ne le seront bientôt plus. En place, je veux dire. “L’insurection qui vient” avait publié la Fabrique. Nous y seront bientôt. Et le plus tôt sera le mieux.

Les blogs sont-ils une source d’information ?

Que voilà une question qu’elle est bonne, madame. Les blogs et autres médias électroniques sont-ils porteurs d’une information qui porte la moindre fiabilité. Sont-ils utiles ou sont-ce des pertes de temps ?

Première question à se poser: où chercher l’information ?

Pas évident de nos jours: la majorité pour ne pas dire la quasi-totalité des médias papiers ou radio-tv sont sous influence. Influence du pouvoir politique qui en nomme les dirigeants (France-Info). Influence de leurs propriétaires dont ils sont une “danseuse” et comme tels priés de se plier à leur idéologie (Le Figaro et Fox News). Influence de la rentabilité qui fait qu’il est plus facile de hurler avec les loups que d’exprimer une idée originale ou minoritaire (à peu près toute la presse régionale). Influence de la rentabilité toujours qui veut du sang à la une (La DH). Influence de la publicité qui fait qu’on ne critique pas ceux qui sont les réels acheteurs (la quasi-totalité des médias). Influence de l’image enfin qui impose de ne parler que des sujets photogéniques ou simplement ceux où il est possible d’avoir des images. Influence du direct alors que comme le dit Thierry Meyssan « le journalisme n’est pas une technique de description, mais un art de la compréhension. Loin de garantir la vérité, l’immédiateté la rend vulnérable aux apparences et aux préjugés » (France 24 et CNN)

Images: parle-t-on encore de l’Irak maintenant que toute la presse occidentale a dû la quitter entre les enlèvements, les “bavures” US, et l’insécurité générale de ce pays hors de contrôle. Et à propos de contrôle, qui a parlé des 250 camions incendiés le 8/12 en Afghanistan (non, ce n’est pas un incident) .On reparle du Congo (5 millions de morts en 5 ans, quand même) parce que le nain de jardin sponsorisé par le Fouquet’s a fait une déclaration à la TV à l’occasion de la réunion de la nomenklatura européenne ces derniers jours à Bruxelles. Et après ? Et avant ? Qui en parlait mis à part la remarquable Colette Braeckman ? Qui parle encore de la situation dans le ghetto de Gaza maintenant que les journalistes sont empêchés d’y rentrer librement ?

Foulard et new-age

Pourquoi les mêmes qui hurlent à la laïcité dès qu’on parle du foulard islamique sont-ils les premiers à encenser le Dalaï-lama, ancien chef religieux et temporel du Tibet esclavagiste et moyenâgeux, (mal) camouflé aujourd’hui sous une soutane bouddhiste non-violente et très new-age. Et comme quasi-tout ce qui est new-age, dissimulant une idéologie élitiste, violemment obscurantiste et réactionnaire sous quelques apparences de nouveauté.

Halte au génocide de l’économie

Trouvé dans les commentaires du Soir: entraver la circulation d’un train c’est “une tentative délibérée de nuire au fonctionnement de la société”. Comme je vous le dis 😀

A ce tarif, frauder le fisc devrait a fortiori être considéré comme du terrorisme, ne parlons pas des grèves, des manifestations, des hedges funds (1), des patrons qui pratiquent le chantage à l’externalisation ou à la délocalisation, de la fraude sociale qui devraient être assimilés à des crimes contre l’humanité, au moins. Et la mondialisation devrait être vue comme l’antéchrist.

En-dehors de ce commentaire délirant, je vous encourage vivement à lire cette carte blanche intitulée “La Fabrique du Terrorisme” qui rappelle fortement l’appel doit je vous avait parlé dans cet article-.

J’ai trouvé la référence de cet article sur mouvements.be qui comme beaucoups d’autres portails tel que Rezo.net, référence aussi l’article de Eric Hazan: “Regardez ce qui se passe en Grèce: c’est de ça qu’ils ont peur“. Et si vous ne savez pas ce qui se passe en Grèce, allez voir CSP qui vous en dira trois mots avec son énergie coutumière.

Egalement référencé partout, cet article des “Mots Ont Un Sens (mais finalement on s’en fout)” qui rapporte que “Subprimes: Fannie et Freddie connaissaient les risques“. Et si d’avoir plongé sciemment le monde dans la crise économique la plus grave des 100 dernières années, c’est pas du terrorisme tel que l’entend le monsieur cité plus haut, on se demande bien ce qui en est. En tout cas pas les écolos de Tarnac ni probablement les “islamistes” récemment arrêtés en Belgique et certainement pas Bahar Kimyongür. Ou alors, moi aussi… et vous, pour m’avoir lu 😀

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(1) l’article référencé là est en anglais mais si vous ne devez en lire qu’un, lisez celui-.

Un mauvais souvenir (bis)

Je vous avais déjà parlé de la shoah tzigane dans un article précécédent mais je n’avais pas cité de sources sur la réalité de ce enième génocide nazi. Voila un article de la LDH Toulon, des gens très actifs qui ont notamment démontré que Dati raconte n’importe quoi en matière de criminalité enfantine.

Ce sont les mêmes qui ont publié ce  rappel de Stefan Zweig de ce que “Avant 1914, la terre avait appartenu à tous les hommes. Chacun allait où il voulait et y demeurait aussi longtemps qu’il lui plaisait”. Eh oui, comme l’a souligné l’autre soir Mattéo Alalouf à l’Université Populaire, le droit de circuler librement est le plus ancien des droits de l’homme. Il remonte à la plus haute antiquité et même avant. Comme on le voit, nos libertés ont bien “progressé” depuis.

Les aventures de Golias au Rwanda

“Quand Golias a dénoncé, en 1995, l’implication de l’église dans le génocide rwandais, ça a valsé sec ! Je m’étais rendu sur place et j’avais des preuves des responsabilités de l’épiscopat français, qui a accueilli et caché des personnes ayant participé au génocide. C’est une fâcheuse habitude de l’église : elle l’avait déjà fait après la Deuxième Guerre mondiale, quand avait été mis en place un réseau pour exfiltrer les dignitaires nazis vers l’Amérique Latine. Evidemment, nos révélations n’ont pas vraiment plu : Golias a eu droit à cinq procès, nous en avons gagné quatre et perdu un, pour une broutille juridique.

Pour sortir cette enquête, j’avais passé un bout de temps au Nord-Kivu. Et j’avais été assez étonné de ne pas y croiser beaucoup de journaliste. En fait, la plupart de ceux qui y étaient, que ce soit pour Le Monde, pour La Croix ou pour l’association Reporters Sans Frontières (RSF), faisaient leur enquête depuis l’hôtel… Ils n’ont pas honoré le métier de journaliste, c’est le moins qu’on puisse dire.

RSF vous a même fait un procès…

Oui. A l’époque, en 1994, l’association avait remis son prix annuel à André Sibomana, un prêtre et journaliste rwandais. Nous avons été les premiers – et presque les seuls – à écrire qu’il avait une responsabilité dans le génocide, en raison d’une prose favorisant l’ethnicisme. RSF nous a attaqué en justice, mais j’étais sûr de mes informations et nous avons gagné. Depuis, Robert Ménard s’est vengé en menant contre nous une profonde œuvre de désinformation.”

La suite de l’interview du redac-chef de Golias chez Article XI.

Couac au Monde

Une fois de plus, entre le titre qui dit “Le ministère de l’intérieur dément l’étude d’un fichier par couleur de peau et origine ethnique” et le texte qui dit “Dans un projet de rapport du groupe pour le gouvernement, que s’est procuré l’AFP jeudi 4 décembre, une des conclusions propose de tester le fichage des suspects sur la base de leur couleur de peau et de leur origine ethnique” qui a raison dans cet article du Monde ?

Une bonne occasion de rappeller que le journaliste n’a aucun pouvoir sur la titraille(1) qui est le fait de la rédaction en chef. Et de constater le fossé qui continue de se creuser au Monde entre une direction sarkozyste et certains (anciens) journalistes issus de l’époque où Le Monde était de (centre-)gauche.

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(1) La “titraille” inclus le titre et les inter-titres

Guerre à l’analphabétisme

La Bolivie se propose de bannir l’analphabétisme de son territoire. Il deviendrait ainsi le 3e pays d’Amérique latine après Cuba (1961), et le Venezuela (2005). Evidemment, des pays peu appréciés du Parti de la Presse et de l’Argent (PPA) dont voici une carte.

Bolivie, Bolivie, j’ai pas entendu déjà parler de ce pays ? Ah oui, ce coin perdu où les provinces riches bourrées de gaz ne veulent plus faire partie du même pays que les pauvres. Evidemment, utiliser les richesses du pays pour TOUT le monde, ça ne fait pas plaisir aux possédants.

Même que le pouvoir central a dû expulser l’ambassadeur américain accusé (à tort surement 😉 ) de soutenir la prise d’autonomie par les armes des provinces les plus riches. Faut dire que l’oiseau a déjà un lourd passé d’animateur, comme au Kosovo, d’autonomies plus ou moins téléguidées,  et de nettoyages ethniques.

Bon l’info n’est pas toute fraîche mais c’est suffisament positif pour mériter de ne pas être oublié.