La gauche de droite sera perdante et nous avec elle

Pour aujourd’hui, je ne saurais trop vous recommander la lecture de “L’incapacité de la gauche à reconnaître un paysage économique profondément modifié donne à Trump une réelle chance de remporter cette élection”. Oui, le titre est long mais l’article est court et se conclut brillamment par ces mots :

“La réélection éventuelle de Trump ne sera pas le résultat de sa capacité à résoudre les problèmes socio-économiques, mais plutôt le résultat de l’échec de l’opposition à les reconnaître. La gauche politique, attachée à l’économie néolibérale, est réticente à envisager des réformes économiques. Le résultat a été une plate-forme politique dénuée de sens et destructrice composée de politiques identitaires qui divisent, de théories du complot anti-russes et de se concentrer sur les personnalités plutôt que sur le contenu. Le ticket Joe Biden-Kamala Harris incarne parfaitement le vaisseau vide qu’est devenu le Parti démocrate.”

Ce texte décrit avec justesse l’impasse que représente “la gauche de droite”, idéologiquement incapable de sortir de “Tina” depuis 40 ans. Comme trop souvent et depuis trop longtemps, ce sont ses trahisons des luttes de la classe ouvrière, sa haine du marxisme et sa suffisance qui vont nous précipiter tout droit dans la catastrophe fasciste.

Comme en 1933 en Allemagne, nous voyons les nervis néo-nazis américains être protégés par une police qui n’obéit plus qu’à elle-même et à l’idéologie que sa fonction sous-tend. Et toujours comme en ’33, c’est l’agitateur lui-même, ici Trump, qui se pose en pacificateur des troubles que son idéologie fasciste et ses discours racistes ont provoqués dans une classe ouvrière jetée sciemment et depuis 40 ans dans une sous-prolétarisation à la fois financière, idéologique et politique.

Le 25 octobre 2019, j’avais imprudemment prédit que Joe Biden serait choisi par les Démocrates et qu’il allait perdre face à Trump. J’avais raison pour la première partie. J’espère toujours avoir tort pour la seconde mais je ne m’attendais pas à ce que ce ticket perdant se soit encore déforcé lui-même en s’adjoignant l’insignifiante et droitière Kamala Harris, destinée à remplacer le vieux Joe dès que le gâtisme du candidat se sera trop vu.

Cette “gauche de droite” ne nous décevra décidément jamais dans sa nullité en ne nous proposant que le néo-libéralisme de la finance, en perte de vitesse, comme alternative à l’extrême-droite d’une industrie lourde en voie d’extinction. A l’identique en France, Macron l’emporte encore sur Le Pen mais à force de “désespérer Billancourt” il est permis de se demander pour combien de temps encore. En Flandre, l’extrême-droite est déjà incontournable.

La prédiction foireuse du jour

Contrairement à ce que certains ont pu penser, dont moi, Trump a de grandes chances de perdre les élections présidentielles américaines car sa personnalité fragile a très logiquement complètement “lâché” face à la complexité du monde et des décisions à prendre dans cette période de crise sanitaire et économique. Sa dénégation du réel est devenue évidente pour tout américain qui a plus de deux cellules grises.

Il lui reste les religieux, les militaires de base et les rednecks. Même les cols bleus qui avaient été décisifs en 2016 vont être durement impactés par les retombées du Covid-19. Improbable redressement économique rapide ou perte des élections forment l’alternative actuelle.

Joe Trump ou Donald Biden ?

Le Démocrate Biden, militariste, impérialiste et chouchou de la finance mondialisée, soutenu par l’aile néo-cons du parti Républicain qui le reconnaît comme l’un des siens ou Trump, allié de l’industrie US et des fous de Dieu dont l’incompétence et, disons-le ouvertement, la folie avérée peut aboutir n’importe où mais qui est, jusqu’à présent, le seul président américain depuis Kennedy à ne pas avoir lancé de nouvelle guerre à l’étranger ?

Parlons franc : en tant qu’habitant des USA, battre Trump est un impératif malgré les casseroles (corruption, harcèlement, faucon) de Joe Biden. En tant qu’habitant d’Europe, mon jugement est largement plus réservé. Biden & Son, nous les avons vus à l’œuvre en Ukraine et il ne vont pas changer de route. Cette présidence signifiera une accentuation de la pression sur la Russie depuis l’Europe et ainsi qu’une très probable “révolution de couleur” en Biélorussie. Le tournant serbe vers l’Otan va s’accentuer. Etc… Cela va accélérer le raidissement russe déjà bien entamé.

Globalement, nous nous dirigeons tout droit vers une guerre en Europe ou en tout cas d’alarmants bruits de bottes qui vont accentuer en retour la répression des forces progressistes dont nous avons déjà goûté les effluves sur tout l’ouest-européen et en Amérique Latine au temps de sa vice-présidence : militarisation de la police, caporalisation de la justice, mise au pas des syndicats, “libéralisation” des services notamment d’État, écrasement des pauvres au profit des puissants, le tout recouvert d’un mince vernis vert, assaisonné d’un “féminisme” de droite et d’un timide anti-racisme d’apparence.

Le bide de Joe Biden à la présidentielle américaine

Aux primaires démocrates, Joe Biden ne trouve pas d’argent en étant honnête comme il l’avait promis au début de sa campagne. Il va donc se vendre via un SuperPAC. Ce dernier est un fond qui permet aux riches donateurs et grandes sociétés de se ménager un accès direct au prochain président en échange d’argent pendant sa campagne.

S’y ajoutent les Super-Délégués, c’est à dire les apparatchik du Parti Démocrate qui détiennent un tiers des voix nécessaires pour choisir le prétendant. C’est eux qui avaient pavé la voie à Trump en choisissant la très droitière Hillary Clinton contre Bernie Sanders qui avait partie gagnée. A mon sens, ils recommenceront car ils pensent, à nouveau à tort, avoir déjà gagné l’élection présidentielle.

De mauvaises langues prétendent que les apparatchik démocrates préfèrent la victoire des Républicains à celle de la gauche de leur propre parti. Il faut dire que ces derniers pourraient vouloir les sacquer après toutes les saloperies qu’ils leur ont fait, ils étaient d’ailleurs nommés pour cela. Et à chaque élection, la rage de la base, plus à gauche, augmente contre eux. D’autant qu’ils font régulièrement perdre des élections a priori faciles. Hillary n’étant que la dernière en date depuis 1980.

De l’autre côté, le Président ne sera jamais destitué car la majorité républicaine du Sénat ne va pas se tirer une balle dans le pied. Au contraire, ces arguties judiciaires contre Trump agacent prodigieusement les électeurs, autant par leur inutilité que par leur répétition.

En conclusion, je tiens les paris que l’élection USA 2020 va voir s’affronter Joe Biden et Donald Trump mais aussi que le républicain d’extrême-droite va gagner contre le candidat trop centriste devenu, en plus, celui de la finance, de l’industrie de l’armement et du secteur privé de la santé. Tous “bien-aimés” (ironie inside) de l’électorat démocrate qui votent contre ça chaque fois qu’ils peuvent. Ils pourraient ne pas se déranger voire voter Trump, comme ils l’ont déjà fait en 2016. Qui relève le gant dans les commentaires ?

Je ne pense pas que Bernie Sanders passera jamais l’obstacle de son parti, encore moins Tulsi Gabbard. L’alternative, ce sera la fadasse Liz Warren, c’est à dire un Obama bis qui gagnera mais ne servira pas à plus que ne l’avait fait Obama. Ce sera quand même beaucoup mieux que le big business guerrier et financier qui porte Biden. Ne parlons même pas des folies trumpiennes. Mais ne rêvons pas d’une amnistie sur les lanceurs d’alertes ni de l’indispensable musellement des finances, des multi-nationales, gafam et les 8 super-riches qui possèdent la moitié de la planète en 2019. Rappel: ils étaient 62 pour posséder ce pactole en 2016.

En face, le pouvoir russe va changer puisque Poutine est sur le départ et, là, bien malin qui pourra dire dans quelle direction. Nous savons juste que ce sera plus instable que ce n’était pendant les bientôt 20 ans de règne de Poutine. Une raison de plus de craindre une victoire de Joe Biden qui emmènera Hillary comme Vice-présidente ou pire: aux affaires étrangères. Elle ne rêve que d’en découdre avec la Russie (puissance nucléaire) et ses alliés. Elle et sa complice Victoria Nulland ont déjà au moins deux guerres/destructions à leur actif : Libye et Ukraine plus, probablement, celle en Syrie et un paquet d’autres saloperies. Et, non, ni vous ni moi ne souhaitons que la prochaine guerre se passe sur notre sol. Déjà que l’Ukraine avait amené une sensible militarisation de l’extrême-droite européenne et americaine qui n’avait pas besoin de ça pour se développer… Je vous conseille à ce dernier sujet “Le nazisme et la civilisation occidentale” de Jean-Louis Vullierme.

Huawei sous Linux

Attaqué par les USA, le constructeur chinois de smartphone Huawei se voit menacé au niveau des éléments matériels nécessaires à la construction des appareils, le hardware. Il est aussi menacé dans son utilisation d’Android, le logiciel qui fait tourner l’appareil, le software.

Pour remplacer Android, il existe notamment une solution finlandaise, Sailfish, basée, comme lui, sur Linux. Elle cible les entreprises qui souhaitent plus de confidentialité pour leurs smartphones que ce qu’offre le logiciel américain dont le modèle économique est basé sur l’exploitation des données personnelles, comme toujours chez Google, sa compagnie mère*. Sailfish peut parfaitement faire tourner les apps écrites pour Android, la compatibilité est parfaite. Évidemment, les modèles économiques de ces dernières sont aussi le plus souvent basés sur l’intrusion systématique dans la vie privée de ses utilisateurs. On n’en sort pas.

Sailfish a été fourni aux Russes sous le nom d’Aurora OS. C’est ce dernier qui est proposé aux Chinois de Huawei. Si l’opération réussit, ce sera évidemment un bonus pour leurs utilisateurs, mieux protégés qu’avec Android et les américains se seront tiré une balle dans le pied. Depuis l’irruption de Trump à la présidence, il en ont pris l’habitude.

Un petit mot encore. Linux, logiciel libre crée par Linus Torvald, quasi-monopolise le monde de l’informatique. Il se trouve sur à peu près tous les serveurs, dans et hors internet, même chez son arche-ennemi, Microsoft. Il fait tout fonctionner: les usines, les ascenseurs et tous vos gadgets du quotidien, surtout si vous avez le rêve de robotiser votre maison. Le seul endroit où il ne perce pas, c’est sur vos ordinateurs de bureau parce que Microsoft a longtemps été la firme qui dépensait le plus en marketing et publicité au monde. Et aussi parce qu’il est plus riche et puissant que nos gouvernants.

Notez à ce sujet que dans leur toute grande majorité les informaticiens qui eux savent de quoi ils parlent en matière de sécurité, limitent au minium l’emprise de l’informatique et surtout d’Internet dans leurs habitations et ailleurs, comme le montre ce comic-strip humoristique. Les bureaux de vote sont spécialement vulnérables.

Mise à jour du 29/08/19.20:46: un dysfonctionnement inquiétant d’une machine à voter au Mississippi.

(*) Juridiquement, la société mère dans la galaxie de Google est Alphabet. Historiquement et financièrement, c’est Google, le moteur de recherche omni-présent, omnipotent et menteur.

Iran ou Bolton ? (bis)

Dans un article précédent, je posais la question de savoir ce qui explosera en premier: John Bolton ou l’Iran ? Sous la pression de son conseiller va-t-en guerre, d’Israël et de ses alliés arabes, Trump est monté à l’arbre et se demande comment en redescendre.

Si vous ne devez lire qu’un article, je vous conseille celui de Entelekheia. Complet, il reprend les différentes versions des évènements des derniers jours et met en avant l’opposition à la guerre de la part de journalistes influents auprès de Trump.

Sur son site, Elijah J. Magnier développe en de nombreux articles les extraits forcément limités qui fondent une partie de l’analyse de l’article de Entelekheia. Il est étonnamment équilibré et aussi clair qu’on peut l’être sur les buts et moyens de l’Iran comme sur l’absence de perspectives positives pour Donald Trump. Avec ou sans guerre, l’été s’annonce chaud.

Le souvent pertinent “Les Crises” s’est fendu d’un rare article original sur les racines du conflit, axé principalement sur l’analyse des vues des USA et de Trump.

Le même sujet est analysé en anglais par The Moon of Alabama que j’ai trouvé via Nidal sur le flux d’information SeenThis.