L’Europe a perdu la guerre d’Ukraine

Au cas où vous auriez vécu sous une pierre ces derniers jours ou, plus simplement, que vous ne lisiez pas l’anglais, le fait est que l’Ukraine a perdu la guerre et que les médias occidentaux qui donnent le ton l’on reconnu discrètement. Sur la plan local, Zelensky a personnellement lié le sort de la guerre à la bataille de Severodonetsk qui est déjà perdue sauf pour “le petit village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur”, en l’occurrence l’usine Azov où les défenseurs sont encerclés et donc promis à une mort certaine.

Grosse différence aussi entre cette usine Azot et Azovstal à Donestk où combattaient DNR-LNR et Tchétchènes alliés aux Russes, ces derniers auraient maintenant 20 fois plus de canons, 40 fois plus de munitions selon cette source (plus probablement 2 et 4 fois) que leurs adversaires et comme si ça ne suffisait pas, ils ont le monopole de l’air et des bombardements stratégiques. Sur ce dernier point, les Ukrainiens ne peuvent répondre qu’avec les quelques canons César de 155 mm vendus par les Français qu’ils utilisent pour bombarder des villes avec des munitions qui sont interdites au point que le fournisseur affirmait les avoir détruites dès avant 2015. Mais bon, on sait que l’Ouest et la parole donnée… Ah non, là c’est un traité (ONU) sur les armes à sous-munitions qui n’est pas respecté mais qui va punir un pays de l’OTAN ?

Deuxième grosse différence, il ne s’agit plus néo-nazis longuement formés (en toute connaissance de cause) et armés par les USA et ses alliés mais principalement de conscrits, peu ou pas formés, et armés de ce qu’on a trouvé, c’est à dire pas grand-chose en dehors d’un vieil AK47 et de “pas assez” de munitions. Souvent sans officiers ni sous-officiers expérimentés. Entre ces manques d’encadrement, d’armement lourd et la certitude que la guerre est déjà perdue, les désertions se multiplient.

Un point commun et désormais habituel : les boucliers de civils qui protègent les “courageux” soldats ukrainiens de l’artillerie russe au meilleur de sa forme. D’autant que les Russes ont abandonné leurs préjugés humanitaires encombrants du début de la guerre et ne répugnent plus guère à utiliser l’artillerie et ses gros dégâts collatéraux plutôt que le sang de ses soldats versés pour chaque kilomètre récupéré, comme dans les premiers mois de la phase active du conflit qui durait déjà depuis 8 ans.

Et l’Europe dans tout ça ?

Nous, l’Europe, sommes au début de la pente glissante qui nous conduit inéluctablement au Tiers-Monde si nous ne réagissons pas vite et fort contre l’oligarchie qui nous dirige, nous exploite et nous matraque.

D’abord, nous avons perdu la guerre économique contre la Russie : nos sanctions nous font beaucoup plus de mal qu’elle n’en font à l’économie Russe qui s’y attendait un peu quand même. Le rouble ne s’est PAS effondré, la Banque Centrale Russe ne s’est PAS effondrée non plus, les Russes ont a manger et de l’énergie bon marché, ils ne sont pas du tout sur le chemin de “renverser” Poutine, ce “dictateur” élu et supporté par 80% de la population. Ce n’est pas comme nous qui payons “cher et vilain” une énergie insuffisante à long terme et dont le bilan écologique devient de plus en plus catastrophique tout comme la nourriture qui augmente pendant que les agriculteurs perdent de l’argent.

Les raisons de cette défaite sont, pour une partie d’entre elles, assez simples : les sanctions ne marchent que face à un petit pays. Sur les grands, il y a un marché intérieur qui compense un peu trop. Ensuite nous n’avons PAS fait le compte de quoi nous nous coupions avant de prononcer nos sanctions. Je pense que la Russie qui savait que les sanctions démarrées déjà depuis des années allaient s’amplifier, avait fait le compte de ce qu’elle pouvait perdre et avait cherché, voire mis en place, de quoi les contourner. Son auto-suffisance et la volonté de sa population menacée dans son existence sont probablement bien supérieures à nos insuffisants calculs et préparations.

Deuxième problème, la classe politique européenne, auto-intoxiquée par ses propres médias et ceux de ses propres oligarques, a beaucoup de mal à comprendre qu’elle est en train de perdre la guerre. En cela, elle est comparable aux organisations dictatoriales qui perdent le contrôle car la base qui touche bien la réalité des choses, elle, n’ose plus contredire ses chefs qui prétendent qu’il fait jour à minuit. Elle n’ira donc à Canossa, la négociation avec la Russie, qu’au moment où il n’y aura plus rien à négocier : la Russie se sera plus ou moins définitivement tournée vers l’Asie et ne nous considérera plus que comme un marché pour ses invendus.

Les fourches caudines seront d’autant plus basses qu’aux yeux de la Russie, ni la France ni l’Allemagne ne sont plus considérés comme fiables puisqu’ils étaient les garants de la paix signée en 2014 et qu’ils n’ont pu imposer aux Ukrainiens les contre-parties de celle-ci : l’indépendance relative de Donetsk et Lougansk. Au contraire, ils ont permis le bombardement incessant de celles-ci par leurs supplétifs néo-nazis, souvent Galiciens, et leurs “bavures” (tortures, meurtres, viols, etc…) aux dépens de la population russophone d’Ukraine au point que celle-ci ne veut plus jamais dépendre de Kiev et encore moins de ces Galiciens que Zelensky a nommé à tous les postes de responsabilité. Le tout avec la complicité de l’OSCE. En prime, en confisquant illégalement les 300 Milliards russes, nous avons détruit définitivement toute la crédibilité du groupe pro-occidental au sein de l’État Russe au point que même des gens comme l’ancien président Medvedev a dû se transformer en faucon pour survivre politiquement.

Troisième problème, aux yeux des prochains dirigeants du monde, l’Asie, nous aurons perdu la face. Pour eux, c’est aussi crucial que le respect de la parole donnée dans le monde musulman que nous n’avons plus depuis longtemps. Nous aurons aussi perdu les derniers oripeaux de notre indépendance vis-à-vis de nos maîtres outre-Atlantique. Ils savent désormais qu’ils peuvent s’essuyer les pieds sur nous. D’autant plus que, comme lors de des précédentes sanctions, ils nous imposent de prendre des interdictions qu’ils ne suivent pas eux-mêmes ou alors avec tant d’exceptions qu’elles ne les touchent pas.

Quatrième problème, nous sommes confrontés à une double crise économique que nous avons totalement provoquée nous-même. D’une part avec nos auto-sanctions et d’autre part avec les retombées de la gabegie de la gestion du Covid : trop peu, trop tard et pas au bon endroit.

Les victimes sont et seront toutes les soutièr.e.s qui ont trimé comme des bêtes pendant le Covid et sont encore plus maltraité.e.s qu’avant : les ouvriers qu’on a envoyé à l’abattoir dans des locaux insalubres du point de vue contagion, les personnes du “soin” et de la santé, désarmées par des années de restrictions et que l’on a abusées avec des promesses, comme d’habitude non-tenues, pour compenser l’impéritie des 12 sinistres de la Santé en Belgique comme des quelques autres en Europe. On l’oublie, le cul sur notre chaise en nous croyant à la barre, mais ce sont ceux et celles qui travaillent debout qui font avancer le bateau.

Liens supplémentaires, rajout et précision ajoutés les 14/06 et 15/06

Europe : la constance dans la nullité

Stratégie Zéro Covid : 42 fois moins de décès et une contraction de PIB cinq fois moindre“. L’étude comparait 3 gouvernements capitalistes (Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) mais efficients contre la France. La Belgique n’est guère différente de ce dernier.

La Suède qui avait choisi un laisser-aller encore pire que le reste de l’Europe de l’ouest, a très bien échoué aussi. Même si vous êtes nul en géographie, c’est facile de la retrouver dans la carte ci-dessous : c’est au Nord le seul pays en rouge, entourée de deux pays en jaune (Norvège et Finlande) qui ont, eux, appliqué un minimum de précautions.

Tout ça est issu de Les-Crises. L’auteur est actuaire-statisticien spécialisé en mortalité, quelqu’un d’un tant soit peu plus qualifié et crédible que votre journaliste habituel, au moins dans ce cas précis. Mais le reste de ses articles est très bien aussi.

Je ne veux pas persifler plus que nécessaire mais la Chine avait bien mieux réagi, de même que la plupart des pays où les dirigeants se préoccupent un tant soi peu de leurs habitants. Pas le Brésil, ni les USA, ni l’Inde. Ça va être amusant de comparer les “crimes” du communisme efficient contre les morts du “c’est pas notre faute, c’est une crise imprévisible” du management capitaliste qui a coupé dans les budgets de la santé et du bien-être avec les résultats que l’on sait.

Demain, la guerre ?

Petits veinards: “c’est une certitude factuelle que vous serez sur un champ de bataille pour l’Amérique” Hum : disons “les USA”, ça sera déjà pas mal. Pour leur 1e juin, Mike Pence vient de déclarer à West Point que ces soldats auront la chance de connaitre un champ de bataille. Chose que ni ce Vice-President (VP) ni même le Président en exercice n’ont jamais connu, bien sûr. La santé, tout ça, chez les riches héritiers…

Évidemment, c’est une prédiction facile parce que les USA ont été en guerre 95% du temps depuis leur création il y 243 ans et ont depuis peu pris l’habitude de dénoncer les traités qu’ils ont signés: FNI, accord nucléaire avec l’Iran pour ne nommer que les plus pertinents ici. La guerre est aussi un espoir pour ce super-faucon qui vient leur prédire que cela se passera en Corée du Nord, en Chine, en Iran, au Venezuela, en Russie voire partout en même temps.

C’est une nécessité non seulement pour faire gagner de l’argent à l’industrie de guerre mais aussi pour les ressources qui ne sont hélas pas toutes aux USA telles les terres rares exploitées en Chine, le pétrole mais surtout l’exportation du gaz de schiste produit à grand frais. Plutôt que de le vendre à perte sur le marché intérieur, la bonne solution est de le vendre cher à l’Europe après l’avoir rebaptiséFreedom Gas” pour remplacer le gaz russe bon marché.

Ça ne se fait pas tout seul : il a fallu un coup d’état en Ukraine (5 milliards selon Victoria “fuck EU” Nuland) pour pouvoir fermer le robinet principal et maintenant des sanctions sur ceux qui veulent de construire le North Stream pour contourner ce blocage. Notez que pendant que tout le monde parle de ce dernier, les Russes et les Serbes construisent le South Stream que feu McCain combattit jusqu’à sa mort.

Mise à jour 23:17: Un autre article de commentaires sur cet article est paru sur “Le Grand Soir” sous la signature de Bruno Guigne.

Mise à jour 07/06/2019 : 2 liens au 1e §