La charge de la preuve incombe toujours à celui qui émet l’affirmation (Même s’il s’agit de la Russie).

par Caitlin Johnstone (traduction John V. Doe pour Cocyec)

Eh bien vous serez choqués d’apprendre que, alors que l’invasion de l’Ukraine dont on nous a dit pendant des semaines qu’elle allait se produire d’un jour à l’autre n’a toujours pas eu lieu, les États-Unis et le Royaume-Uni ont déclaré que la Russie a attaqué l’Ukraine d’une manière invisible et invérifiable dont les preuves sont secrètes.

“Vendredi, la Maison-Blanche a imputé à la Russie les cyberattaques de cette semaine, qui ont ciblé le ministère ukrainien de la défense et de grandes banques, et a mis en garde contre le risque de perturbations plus importantes dans les jours à venir”, rapporte AP. “Anne Neuberger, conseillère adjointe à la sécurité nationale de l’administration Biden pour la cybernétique et les technologies émergentes, a déclaré que les États-Unis avaient rapidement lié les attaques de mardi à des officiers du renseignement militaire russe.”

“L’analyse des informations techniques montre que le GRU était presque certainement impliqué dans les attaques DDoS perturbatrices, ajoute un communiqué du ministère britannique des Affaires étrangères.

Aucune preuve de cette affirmation n’a été fournie au-delà du ton affirmatif avec lequel les responsables américains et britanniques l’ont prononcée, mais cela n’arrêtera probablement pas les arguments des gestionnaires narratifs occidentaux selon lesquels cette “attaque” justifie des sanctions économiques immédiates.

Vous avez probablement aussi entendu maintenant que le président Biden a annoncé lors d’un point de presse que Vladimir Poutine a pris la décision d’envahir l’Ukraine et de renverser violemment Kiev “dans les prochains jours”, en citant uniquement les “services de renseignements”.

“Pour quelle raison pensez-vous qu’il envisage cette option ?”, a demandé un journaliste à Biden après son discours.

“Nous avons une capacité de renseignement importante, merci beaucoup”, a répondu le président, et a fait sa sortie.

Comme on nous l’a rappelé au début du mois lors d’un échange intéressant entre Ned Price, un communicant du département d’État, et Matt Lee de l’AP, les responsables américains sont fermement convaincus que le simple fait de placer le mot “renseignement” à coté d’affirmations doit être considéré comme une preuve solide que ces affirmations sont vraies, et la presse est censée jouer le jeu.

Et en effet, une grande partie de la classe politique et médiatique réagit à l’affirmation non prouvée de Biden selon laquelle Poutine a décidé de lancer une invasion terrestre à grande échelle de l’Ukraine comme si cette invasion était en train de se produire.

Il est incroyable qu'en 2022, alors que nous sommes confrontés à des défis tels que le covide et le changement climatique, un dirigeant national puisse déclencher une guerre qui pourrait tuer des milliers de personnes et créer des millions de réfugiés. Il existe une solution diplomatique à cette crise. Il est tragique que Poutine semble avoir l'intention de la rejeter.

- Bernie Sanders (@SenSanders) 18 février 2022

1. Les États-Unis disposent de renseignements indiquant que Poutine a pris la décision d'envahir davantage l'Ukraine.

2. L'invasion ira jusqu'à Kiev, une ville de 2,9 millions d'habitants.

L'Europe - le monde - ne sera plus le même si Biden a raison.

- Ivo Daalder (@IvoHDaalder) 18 février 2022

Il n’est même pas un tout petit peu rare que les présidents américains fassent des déclarations incendiaires sur des gouvernements qu’ils n’aiment pas sans information solide. https://t.co/5wp4CBrlvX

- Caitlin Johnstone ⏳ (@caitoz) 19 février 2022

Il y a aussi des accusations de faux drapeaux (ndt: false flag) au cours des combats dans l’est de l’Ukraine et de nombreuses autres affirmations sur ce que fait la Russie alors qu’elle se prépare à cette invasion qu’elle est censée lancer, et tout cela est accepté aveuglément comme objectivement vrai dans le discours politique dominant. Nulle part cela n’est remis en question. La responsabilité des États-Unis et de l’OTAN dans la création de ces tensions entre la Russie et l’Ukraine n’est jamais mentionnée, pas plus que les avantages géostratégiques que l’hégémonie américaine pourrait tirer de cette impasse. Rares sont ceux qui se donnent la peine d’essayer d’expliquer ce que Moscou gagnerait à envahir l’Ukraine, à l’exception d’une réflexion infantile du type “ils nous détestent pour notre liberté” pour affirmer combien Poutine ne supporte pas la démocratie.

Si, en ligne, vous mettez en doute la véracité de l’une ou l’autre de ces affirmations à la lumière de la longue histoire de ces institutions qui nous mentent sur ce genre de choses, ce sera traité comme une intervention étrange et bizarre qui est au mieux malavisée et au pire la preuve que vous êtes un agent du Kremlin. Je n’ai pas reçu autant de notifications de personnes me traitant d’agent russe depuis 2018, ce qui pour moi est drôle parce que tout ce que je disais sur les récits de la Russie occidentale en 2018 a depuis été complètement justifié.

Et je pense qu’il est important, pendant que tout cela se déroule, de prendre un moment pour nous rappeler que la charge de la preuve incombe toujours à la partie qui fait la réclamation. Il s’agit d’un principe de base que nous tenons tous pour vrai en matière de logique, de débat et dans le système juridique, et vraiment partout où des revendications contestées sont examinées, et cela ne cesse pas d’être le cas par magie simplement parce qu’une revendication est exprimée sur un ton affirmatif par des puissantes personnalités à propos d’un pays qu’elles n’aiment pas. Si vous faites une déclaration non pertinente dans le cadre d’une discussion sur Twitter, on vous demandera immédiatement de prouver qu’elle est vraie, mais si le gouvernement le plus puissant du monde fait une déclaration incendiaire qui pourrait avoir des conséquences sur le monde entier, nous sommes tous censés l’accepter, même si ce gouvernement a un long historique prouvé de fausses assertions.

Une interview étonnante de l'ancien chef du MI6 avec @B_judah de l'Atlantic Council (toute la bande est présente) où l'agent du renseignement *admet* que de nombreuses "fuites de renseignements" occidentales que les médias transmettent consciencieusement ne sont pas de vraies fuites mais des messages de propagande destinés à affaiblir Poutine. pic.twitter.com/UOzBxG5F5H

- Glenn Greenwald (@ggreenwald) 17 février 2022

Ce n’est pas à quelqu’un d’autre de prouver que les gouvernements américain et britannique mentent lorsqu’ils font ces affirmations, c’est aux gouvernements américain et britannique de prouver qu’ils disent la vérité. À un moment donné, après l’élection de Donald Trump, la doctrine progressiste dominante a consisté à dire que l’on pouvait dire tout ce que l’on voulait sur la Russie, même si c’était scandaleux, et ne pas subir de conséquences professionnelles si cela s’avérait complètement faux, et personne ne s’est vraiment opposé à cela. Tant de gens ont construit des carrières entières en suggérant pendant des années que toute la famille Trump allait être traînée menottes aux poings hors de la Maison Blanche pour collusion avec le Kremlin, et quand cela ne s’est pas avéré vrai, tout le monde a fait comme si de rien n’était et a continué sa carrière.

Mais ce n’est pas correct. Il n’est pas normal que cet environnement bizarre d’hystérie de guerre froide ait fait fondre le cerveau de tout le monde au cours des cinq dernières années. Il n’est pas normal que les normes les plus élémentaires de logique et de preuve aient été jetées aux toilettes. Il n’est pas normal que nous ayons maintenant des barbouzes du MI6 et des porte-voix de la CIA qui reconnaissent ouvertement que le gouvernement utilise la presse occidentale pour mener une guerre de l’information visant à affaiblir la Russie, alors que le gouvernement et la presse sont censés nous dire simplement la vérité.

Je ne sais pas ce qui va se passer avec l’Ukraine. Ce que je sais, c’est qu’il serait bon de faire reculer violemment la fenêtre d’Overton d’un débat acceptable à un point où la charge de la preuve doit être assumée même, et surtout, par les personnes les plus puissantes du monde. Et où, si cette charge n’est pas remplie, leurs revendications sont traitées avec tout le dédain qu’elles méritent.

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Les mauvais romans d’espionnage de l’Otan

Quand on les revoit à froid, après la samba médiatique, les romans “Skripal & Novichock”, “Novichok et Alexei Navalny” (<5% des voix) et “Vol d’un MH17 au-dessus de l’Ukraine” auraient été mieux écrit par l’auteur de “L’espion qui venait du froid”, le très informé John le Carré que par les services occidentaux : espions, politiciens et presse aux ordres inclus. Leur manque total de finesse fait plutôt penser aux super-productions hollywoodienne.

Les cibles

Ce sont des objets et des personnages insignifiants dont la disparition n’aurait entraîné aucune modification de l’état du monde, les coups eussent-ils été parfaitement réussis.

Quel est l’intérêt politique ou militaire d’abattre au-dessus de l’Ukraine en pleine guerre civile, un avion civil, accessoirement appartenant à un pays très mal vu des USA, et qui n’emportait que des civils dont le seul “intérêt” est qu’ils sont occidentaux et totalement étrangers au conflit, donc que leur mort va déclencher une tempête médiatique.

Skripal est un espion soviétique retraité, passé 20 ans auparavant aux occidentaux. Plus personne donc. Pourquoi prendre le risque d’aller jusqu’en Angleterre pour y toucher avec un produit aussi politiquement marqué sur lequel nous reviendrons ?

Alexei Navalny n’a d’importance qu’à nos yeux d’occidentaux car en Russie il juste l’avocat de la doxa économique néo-libérale et néoconservatrice dont la population Russe ne veut plus entendre parler après le fiasco catastrophique des années Eltsine installé par nos soins. Elles furent bien pire que toutes les erreurs communistes locales réunies mais nous parlons peu de nos erreurs de casting. Suivant les élections, “L’Opposant” Navalny fait entre 1 et 5% des voix aux élections, loin derrière les communistes et leur 15-25% qui constituent les seuls réels opposants à Vadimir Poutine et ses alliés, sauf aux yeux des médias occidentaux. Y toucher va donc aussi déclencher une tempête dans les médias système que les “hasards” du capitalisme ont tous concentrés dans les mains de milliardaires, donc férocement aussi néo-libéraux que leur protégé. Tout ça fait juste de la publicité gratuite pour M. Nobody N° 2.

Les outils

L’instrument de deux de ces affaire est constitué par le Novitchok au mystérieux nom russe qui signifie… “petit nouveau”. Un nom déjà nettement moins vendeur. Il fut inventé jadis en URSS (ça ne rajeunit personne) mais maintenant que la poussière journalistique est retombée, nous pouvons savoir que sa recette relève quasiment du domaine public. D’autant que certains bio-chimistes concernés, dont Vil Mirzayanov, passèrent dès la chute de l’URSS dans les laboratoires militaires occidentaux où ils étaient payés, au moins (cf Eltsine, supra). Il est désormais produit un peu partout dans le monde, y compris au Royaume-Uni, d’ailleurs à quelques miles de chez les Skripal selon certains. Les services secrets… sont secrets à ce sujet.

Dernier point au sujet du Novitchok : le “petit nouveau” est hautement mortel… Sauf quand on l’utilise, apparemment : toutes les cibles visées comme les médecins, sauveteurs, policiers et enquêteurs qui l’ont parfois approché sans précaution ont tous survécu, sans effet même à moyen terme. Bizarre pour une arme de guerre neurotoxique décrite à juste titre comme absolue et rapide !?

L’outil du troisième attentat, aussi peu discret que le précédent est un missile anti-aérien soviétique (aussi) dénommé ici Buk (UK-US) ou Bouk (F) datant des années ’70. Il fait 750 Kg pièce, ça ne se porte vraiment pas sur l’épaule. Il est lancé depuis un tracteur tout-terrain qui en porte 4. Il est accompagné au minimum d’un véhicule radar et d’un véhicule de commandement. Plus le(s) engin(s) de transport des missiles. Vu le niveau de l’électronique soviétique d’il y a 50 ans, plus les chenilles, le blindage et probablement l’équipement NBC caractéristique de l’époque, c’est du lourd, du très, très lourd : quelques dizaines de tonnes pour chacun : 4 gros véhicules sur chenilles présentés ici en vidéo. Peu discret, on disait.

Les auteurs et leurs mobiles

Dans le coin, il est utilisé le plus fréquemment par l’armée ukrainienne, subsidiée par les USA et entraînée par divers occidentaux anglo-saxons. La barrière séparant cet ensemble de leurs supplétifs néo-nazis est très poreuse pour dire le moins. D’autant que les USA ont une longue histoire de collaboration avec les nazis, de von Braun au sulfureux Gehlen. Même si l’armée officielle ne les aiment pas tous ni toujours, les contacts existent. Et ces derniers sont de vrais fous meurtriers, ils l’ont prouvés par leurs paroles et, surtout, leurs actes : le massacre des civils par le feu à la Maison des Syndicats à Odessa pour prendre l’exemple le plus connu.

De l’autre côté, leurs opposants russophones, parfois communistes, pourraient aussi en avoir capturé l’un ou l’autre et l’avoir utilisé à plus ou moins bon escient. Mais cela nécessiterait d’avoir le personnel spécialisé ad hoc et d’avoir capturé l’entièreté de la chaîne d’utilisation qui avec sa portée de 20 km n’est exposé en première ligne. Il semble évident que si les partisans avait capturé un tel groupe, le premier soin des Ukies aurait été de le bombarder par tous les moyens disponibles : chars et unités motorisées avant qu’il n’ait traversé les lignes. De toute façon, ça fait beaucoup de monde, tous capturés et ne sabotant pas le travail ou identifiés et rameutés dans la population locale voire les volontaires Russes pour les utiliser.

Enfin, le dernier utilisateur potentiel est l’armée russe. Le long transport supposé de l’énorme convoi depuis la Russie n’est documenté que par Bellingcat, un organisme au financement suspect issu du MI-6 britannique, soit une source doublement anti-russe tant par son recrutement que par son métier. Ce dernier aussi très peu fiable : le métier des espions est de mentir et manipuler. Ils s’en vantent même. Précisons aussi que ce trajet n’a été observé par aucun satellite-espion côté armée américaine. Bizarre, non ?

Reste une question, la même que pour les affaires “petit nouveau”: pourquoi ? Pourquoi auraient-ils transporté ces engins à travers la partie russophone de l’Ukraine, bourrée de civils pas tous de leur côté donc parfaitement indiscrètement ? Pour le seul plaisir de tuer des civils Hollandais n’ayant rien à voir dans l’affaire sauf pour allumer la mèche courte des médias occidentaux ? En d’autres termes, on n’a pas résolu le “Qui bono” traditionnel de la justice : à qui cela profite ?

Le monstre

Attribuer ces divers attentats à Vladimir Poutine et à son supposé pouvoir absolu implique nécessairement le postulat que l’accusé, le-dit Poutine, soit irrationnel jusqu’au monstrueux et stupide en prime. Soit le contraire de ce que ce judoka et joueur d’échec a démontré tout au long des quelques 20 ans qu’il occupe avec calme et autorité le pouvoir russe.

Ces qualificatifs définitifs siéraient bien mieux à Biden qui a voté et milité pour toutes les guerres (insensées) tout au long de ses 30 0u 40 ans de Sénat, ou à Trump évidemment voire à l’hypocrite Obama qui a fait exécuter sans jugement plus d’USAméricain, journalistes inclus, que tous ses prédécesseurs réunis sans que la presse-système aux mains de divers milliardaires (WashPo, NYT, CNN, BBC, Guardian, Le Monde, etc…) n’en fasse autant de Kashoggi.

Ne parlons même pas du couple de criminels de guerre Bush & Blair (UK) qui les ont précédés: de 1,5 à 2,5 millions de mort.e.s civil.e.s, enfant.e.s inclus, à eux deux pour éliminer un tyran local. Il faisait quand même moins de dégâts que les seigneurs de la guerre qui l’ont remplacé. La pollution à l’uranium appauvri (mais toujours radio-actif) de larges zones urbaines irakiennes vient en prime gratuitement avec les monstres plus ou moins viables qu’elle a produit en quantités (pas uniquement) statistiquement significatives si l’on se réfère au très officiel et médical The Lancet et al. Je vous épargne les photos mais elles existent.

Le secret

Des gens ont lancé ces missiles et se taisent encore. L’hypothèse d’un complot présente le même problème que tous les complots : il faut qu’aucun complice ne parle jamais de l’horreur commise par le groupe. C’est possible dans une armée très motivée mais à peine : tout le monde et son chien a envie de se vanter d’une opération réussie ou de prendre des photos avec son smartphone en oubliant de bloquer la géolocalisation. Les soldats russes ont été particulièrement peu discret dans le genre. Dans les services secrets, mieux entraîné aux procédures ad hoc le secret est mieux assuré, surtout si on liquide les témoins.

Commettre une erreur peut aussi pousser à se taire : un groupe peu expérimenté visait un avion militaire, donc Ukrainien, et l’a confondu avec le vol MH-17. Mais alors ce n’est pas l’armée russe qui les utilise depuis un demi-siècle. Les milices russophones pourraient mieux répondre à cette définition d’un acte involontaire mais nous avons vu qu’il est très peu probable qu’ils aient pu en acquérir le contrôle.

CONCLUSION

L’hypothèse d’une opération “sale” sous faux drapeau avec du matériel Ukrainien reste la plus probable. Celles-ci sont assez courantes ces dernières années. En prime, la commission d’enquête réunie par les occidentaux pour définir les responsabilités a inclus le coupable le plus probable dans la commission, avec en prime un droit de veto sur toute publication. Et ça, c’est quand même un signal assez caractéristique de la volonté d’étouffement d’une affaire sale, très sale.

Le futur “territoire” perse

La guerre d’Iran aura lieu, d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs, elle a déjà commencée avec le blocus économique que ce dernier subit depuis de nombreuses présidences américaines. Elle est inéluctable car les USA ne peuvent tolérer un gouvernement qui ne leur soit pas totalement soumis, au pilotage des 4e réserves mondiales de gaz et de pétrole. La remarque vaut aussi pour le Venezuela, 3e réserve mondiale des mêmes. Ne parlons pas de la diabolisation de la Russie, comme par hasard bien placée dans cette histoire.

L’énergie, même celle dépassée que constituent les hydrocarbures liquides ou gazeux, est une nécessité absolue pour ceux qui se veulent les maîtres du monde au 21e siècle et qui ne peuvent le rester que par la violence et la force militaire démesurées.

Parlant du conflit à venir avec l’Iran, Elijah Magnier, vient d’écrire ce qui suit : “(l)a dissuasion iranienne s’est imposée d’une manière ou d’une autre” (sic) sur son site payant. Avec tout le respect que je dois à cet auteur généralement pertinent, je dois dire que je ne le comprend pas : Israël bombarde les forces iraniennes en Syrie au moins chaque semaine depuis un an environ, sans aucune réaction ou riposte significative de l’Iran jusqu’à présent. Qui a la force de dissuasion ici ?

Ne nous faisons pas d’illusion : rappelons-nous comment la “4ème armée du monde” (sic) irakienne a été vaincue en quelques jours avec très peu de morts occidentaux après 6 mois de bombardements américains quotidiens et intensifs. Qui peut soutenir une telle cadence de feu pendant une si longue période à part les USA et peut-être la Chine ? Personne n’a été capable d’arrêter les bombardements de l’OTAN sur la Syrie qui ont conduit à la chute du pays, non plus. Certes l’Iran est bien plus grand, mais est-ce un obstacle suffisant ? J’en doute et je crains que l’Otanie pense de même.

Certains ont une haute opinion des S-400/S-500 russes pensant qu’ils seront plus ou moins efficients pour contrer ces bombardements. Premier souci, ils ne sont pas iraniens ! En prime, ces fleurons de l’armée russe ne sont pas conçus pour arrêter des essaims de bombes guidées et de drones bon marché actuellement utilisés des deux côtés du champ de bataille moderne (voir récemment en Azerbaïdjan). Ce n’est pas leur but qui est bien stratégique* et non tactique. Idem pour les chasseurs Su-35s/Su-53, bien supérieurs au dispendieux (surtout à l’usage) F-35 dont nous attendons toujours la mise en service effective, faute de simulateurs pour entraîner les pilotes et de pièces détachées pour les entretenir.

Certains occidentaux disent que le F-35 sera un jour une merveille, la plupart des commentateurs autorisés aux USA et en Europe en doutent de plus en plus ouvertement mais de tout façon, ils ne constituent pas ce qui sera principalement utilisé contre l’Iran en cas de conflit de grande ampleur, du moins si l’on se réfère aux offensives passées : des essaims de vieux missiles de croisière “US-cheap**” lancés par les USA, jours après jours, depuis une Arabie Saoudite ou l’autre voire une flotte du premier cité saturera toute défense iranienne et détruira toute infrastructure, éventuellement après un bombardement de précision des batteries de missiles anti-navires. Et ça s’arrêtera là pour le principal.

L’occupation au sol est facultative et vise juste à amplifier le résultat de ce genre de guerre qui abouti à créer un territoire sans tête, déchiré par des seigneurs de la guerre abondamment arrosés en armes légères, là où se trouvait un pays. A plus long terme, le but est la balkanisation de la cible comme dans le prototype de la Yougoslavie qui a précédé dans le désordre en Libye, en Syrie, en Somalie, en Irak et ainsi de suite. Le Venezuela et l’Iran sont sur leur liste des choses “à faire”. Nous espérons tous qu’ils échoueront mais je ne parierais pas d’argent là-dessus : notamment parce qu’il reste à voir si la Chine et la Russie risqueront un conflit de grande ampleur avec les États-Unis pour empêcher la destruction d’un allié somme toute assez secondaire pour eux et dont l’exemplarité symbolique n’est pas évidente.

Reste la question du détonateur du conflit : en l’état, nous sommes nombreux à penser à Israël mais la dictature, pardon,: le royauté absolue des Saoud fera aussi bien l’affaire. Le prétexte sera l’une ou l’autre réaction iranienne aux agressions quotidiennes du roquet apartheido-religieux pré-cité ou du MBS affligé de son habituelle et agressive folie des grandeurs (aventurismes Yemen, Qatar, Kashoggi, etc…). Si ça ne suffit pas, les faux drapeaux n’ont pas été inventés pour les chiens : voyez les Anglais qui en usent et abusent depuis 1970, au moins, ou les USA où ils sont indispensables depuis toujours. La presse-système otanienne (Les WashPo, NYT, Monde, CNN, BBC & C°) se chargera de la propagande où le psittacisme tient lieu de preuve et de mobile***.

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(*) Leur mission est de protéger certains points stratégiques Russes et bien ciblés contre des missiles balistiques nucléaires et les bombardiers du Strategic Air Command : les B-52 et B-1, le discret B-2 comme le futur B-21. Éventuellement aussi quelques chasseurs bombardiers Français porteurs d’armes nucléaires qui tenteraient une percée vers Moscou.

C’est tout et c’est déjà beaucoup à l’échelle du budget militaire Russe qui n’est que la moitié, oui, LA MOITIE des budgets militaires réunis des 3 grands “européens” la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne (cf. chiffres du suédois SIPRI et al.). Je ne parle même pas des USA, là nous changeons tout simplement d’ordre de grandeur.

(**) L’expression “US-cheap” essaye d’exprimer en peu de mots qu’à l’échelle du gargantuesque (et mal utilisé) budget militaire US, ça ne leur coûte pas grand-chose. En prime, leur valeur par rapport à la richesse de USA est ridiculement basse par rapport au prix des rares anti-missiles que pourrait leur opposer le pauvre Iran. N’oubliez pas que les USA ou Israël utilisent sans état d’âme des missiles de précision, valant des dizaines de millions de $ pour détruire des bunkers arabes valant à l’unité 2 ou 3.000 $ à tout casser, c’est le cas de le dire.

(***) Voir article suivant

Le ridicule ne tue toujours pas, au moins en politique.

Le président des USA vient de déclarer que les USA n’ont jamais influencé d’élections dans le monde 😂😂😂 Et le pire est qu’aucun journaliste occidental présent n’a même souri et encore moins posé la plus petite question.

Même si vous ne parlez pas anglais, allez à 2:24 dans cette vidéo pour avoir la liste des manipulations d’élections et de renversements de gouvernements, date incluses, dont nous sommes sûrs car ils les ont plus ou moins officiellement reconnus. Kissinger a encore récemment affirmé sa culpabilité à propos du Chili d’Allende et Victoria “F*ck EU” Nuland se vantait sur antenne de ce que son gouvernement (les USA) avait investi 5 milliards dans le renversement du gouvernement élu d’Ukraine .

Beaucoup de gens pensent que même en Europe de l’Ouest, leurs sales pattes ont été et sont encore partout : l’attentat de la gare de Bologne en 1980 en Italie portait à l’évidence (judiciaire) les empreintes digitales des services secrets italiens qui étaient de facto dirigés à l’époque par la CIA.

“Ils volent pour tuer” disait la très policière DH en 1982, faisant pour l’occasion preuve d’une clairvoyance inhabituelle à propos des introuvables Tueurs du Brabant (Belgique). Ces “combattants sauce terreur” démontrèrent une belle pratique de techniques de combat dignes de soldats très entraînés par des instructeurs militaires de haut niveau. Justement PAS des copains des flics informateurs habituels de la DH, tiens ! En tout cas, leurs attaques tombaient à pic pour faire passer certaines lois sécuritaires réclamées à corps et à cri par l’OTAN à l’époque pour protéger le SHAPE en cours d’aménagement.

Quand ils n’étaient pas occupés à faire exploser des vitres et accidentellement deux pompiers, les maladroits CCC ont profité des moments de repos des Tueurs ci-dessus pour attaquer des cibles “militaires” en Belgique. En l’occurrence, un oléoduc de l’OTAN. La presse précisât qu’il était en cours de démolition… bien longtemps après les évènements. Qui avait passé ces vrai-faux plans à Pierre Carette et ses camarades est une question qui n’a jamais été posée officiellement pour autant que je sache !?

Dans le même goût, un “patron” d’une des organisations terroristo-combattantes allemandes de l’époque de la RAF (1970-1988), Bommi Baumann, affirme dans son livre en français “Tupamaros Berlin-Ouest” que les premières armes de son groupe lui furent données par un agent de l’équivalent allemand de la Sûreté de l’Etat (belge) ou du SDECE (français) qui s’est dévoilé comme témoin à un de leurs procès. Des gens qui ne se sont certainement jamais coordonnés avec la CIA ni leur ont obéi, vous pensez bien. D’ailleurs, si le Parti Communiste et les communistes furent chassés d’Allemagne de l’Ouest en 1972, cette idée leur est venue spontanément.

En Espagne en 1973, les USA en avaient officiellement marre du régime franquiste, trop retardataire à leur goût. Un attentat à l’explosif a tué le successeur désigné du Caudillo, Carrero Blanco, à la façon dont fut exécuté Rafic Hariri au Liban : beaucoup, mais vraiment beaucoup d’explosif et un détonateur au petit poil. Pas vraiment du matériel de guérillero, genre ETA et peut-être Grapo, qui revendiquèrent officiellement l’attentat. Juste une question : si c’est bien l’ETA qui en fut l’origine comme le prétend toujours la version officielle, pourquoi n’a-t-elle jamais réussi un coup du même tonneau contre Franco, autrement plus symbolique ? L’attaque était de plus particulièrement bien synchronisée : juste le jour de la visite de Kissinger venu à Madrid prévenir les autorités des risques de subversion communiste. Le hasard fait bien les choses, non ?

Feu le champion du monde au saut en hauteur en voiture blindée, Carrero Blanco, a dû être remplacé au pied levé par le très corruptible roi Juan Carlos qui a livré son pays au “capitalisme moderne”. Traduisons en français : “les capitaux US”. Les réformes royales (et socio-démocrates) ont laissé intact l’appareil juridico-policier hérité du franquisme, à commencer par la Guardia Civil, les juges et quelques escadrons de la mort qui ont sévi au pays Basque, y compris en France. Cette même “justice” héritée du franquisme a tout récemment condamné des politiciens séparatistes catalan à des peines de prison. Du jamais vu en Europe de l’Ouest sur ce genre de sujet : vous imaginez le représentant du VOKA, Bart De Wever ci-devant bourgmestre d’Anvers, se faire entôler pour séparatisme ? On vous le disait, le ridicule ne tue pas, en tout cas pas en politique.

Hypothèses farfelues en Corée

Il est rationnel que les USA soufflent le chaud et le froid en Corée. S’ils ne peuvent que réprimer la montée vers l’atome de la Corée du Nord qui menacerait leur sphère d’influence locale, ils se doivent aussi de freiner toute coopération entre les deux entités de cette péninsule.

Le cauchemar américain pourrait être que le Nord devienne “l’atelier bon marché” de la Corée du Sud voire de la Russie ou même de la Chine où le revenu moyen de l’ouvrier dépasse aujourd’hui celui de pas mal de pays de l’Europe de l’Est. Une hypothèse pas du tout improbable à long terme vu le délabrement de l’économie du Nord incapable de démarrer seule son industrialisation, ce dont les autorités sont bien conscientes, au contraire de ce que l’URSS stalinienne et la Chine post-Mao ont réalisé.

Cette industrialisation est absolument indispensable à la survie militaire du régime communiste coréen, comme l’ont prouvé l’échec de l’invasion allemande en Russie en ’41 contrée par le peuple de l’URSS mais surtout par la croissance continue de leur industrie qui a largement surpassée celle l’Allemagne dès 1943, voire à ce sujet “La Russie en guerre” d’Alexander Werth et “Les guerres de Staline” de Geoffrey Roberts. Du côté Chinois, la longue histoire du colonialisme dans ce pays, Guerres de l’Opium incluses, a également démontré son ardente nécessité.

Est-ce si farfelu d’imaginer ce futur ? Les commentaires vous sont ouverts.

L’irrationalité est rare

Tous les médias “officiels” du monde occidental se disputent le privilège d’être le plus anti-Trump sous l’argument que celui-ci est irrationnel. Cette assertion est probablement vraie dans ce cas d’espèce mais la politique générale des USA, y compris sous son règne, est loin de l’être. Au contraire, la volonté de mettre fin aux collaborations USAméricaines dans les grands organismes internationaux chargés de civiliser le monde, ONU-OMS est cohérente avec l’état des USA actuel.

Les USA ne sont plus l’atelier du monde qu’ils étaient dans l’après-guerre ’39-’45, c’est évident, la Chine a largement pris leur place. Il n’est que de voir les mesures qui la vise sous l’administration Trump. Mais même les états de second rang comme l’Allemagne ou de 3e comme la France sont régulièrement visés par des mesures discriminatoires pour freiner leur domination dans le commerce de luxe, voitures et mode respectivement, aux USA.

Les USA commencent à ne plus être la tête pensante du monde maintenant que les Chinois multiplient les formations de haut niveau grâce à leur développement en plein essor. Par exemple, le principal centre de recherche hors USA de Microsoft y est situé. Je pense que ce n’est qu’un début, de la même manière que les firmes occidentales sous-traitent de leur informatique à l’Inde alors que l’ICT est le cœur de métier de toute entreprise quelle qu’elle soit.

Enfin, le centre financier du monde est en train de se déplacer de Wall Street vers la périphérie et cela va aller en s’accentuant avec l’épanouissement de l’Asie tirée par la Chine, à nouveau, mais aussi l’Inde, la Corée du Sud, le Vietnam et tous les autres dragons.

Il s’y ajoute la faillite prévisible des finances de ce pays qui, grâce au dollar, a vécu depuis trop longtemps largement au-dessus de ses moyens : emballement du déficit tant de la balance des paiements que des budgets de l’État, exploitation des pays liges et soi-disant “alliés”, aliénation progressive des fournisseurs de matière première, de main d’œuvre servile et maintenant de produits manufacturés. Tout ça va se finir en crash majeur voire en défaut sur le dette aux détriments de ses grands financeurs, la Chine en tête.

Parallèlement, la trahison des représentants attitrés des 85% entraîne une désaffection de la politique et son corollaire, l’irruption des Caligula de tous poils à la tête du pays, je ne vous citerai pas le plus orange, on l’a trop vu. Au sujet de cette trahison, je ne peux trop vous recommander la lecture de “La bourgeoisie intellectuelle, une élite héréditaire” (Le Monde Diplomatique, Août 2020, p. 22-23) qui justifie à lui seul l’achat de ce remarquable mensuel.

Le seul point où les USA soient en pointe c’est le militaire… pour le moment. Depuis des dizaines d’années, ils représentent à eux seuls 50% de la dépense militaire dans le monde. La proportion a un peu diminué depuis quelques années, notamment car la Chine accélère fameusement. D’où panique au Pentagone quand ils voient leur dernier porte-avions d’assaut flamber au point d’être irréparable pendant que les Chinois réparent vite fait celui qui, chez eux, a subi un évènement comparable et sont en train d’un construire un deuxième à un rythme incomparable et effrayant aux yeux du Pentagone. Reste que leur domination outrancière des mers et leur millier de bases militaires à travers le monde oblige encore la puissance ascendante du géant asiatique a développer un réseau terrestre via l’intiative “Belt and Road”.

En conclusion, la politique à long terme des USA de se dégager de tout ce qui peut entraver son militarisme et la volonté qui en découle de l’usage de la force pour obtenir ce qu’elle veut est parfaitement cohérente, rationnelle. Ils en sont au dernier stade de l’impérialisme, celui où seul subsiste le complexe militaro-industriel : militarisation de tous les aspects de la société, usage disproportionné dans la force dans l’obtention de la paix civile en interne, mépris de la loi par les polices, milices plus ou moins officielles tant en interne qu’en externe, mercenaires plus ou moins étrangers pour les interventions extérieures d’ailleurs de plus en plus destructrices, inefficaces et illégales tant au regard de l’ordre international que même de leurs lois internes.

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La France suit avec retard cette déliquescence : désindustrialisation, extrême concentration de la richesse, désaffection des élites et son corollaire: l’arrivée de clowns incompétents et mêletout à la magistrature suprême. Un autre indice : la progressive prétorisation des forces de l’ordre accompagnant une magistrature de plus en plus ouvertement aux ordres, même au PNF, ce qui ne les change “guerre” (sic), hélas. Son aventurisme guerrier et imbécile n’est plus à démontrer, le chaos libyen a été précédé du génocide rwandais et des crimes innombrables mais alors efficients de la Françafrique.

La Belgique n’a pas encore subi la crise économique brutale entraînant une révolte suffisamment menaçante pour le pouvoir en place qui révélerait les mêmes maux dont les fondations sont déjà en place depuis belle lurette grâce à l’effet de choc des “Tueurs du Brabant” et autres Dutroux, notamment. Dans tous ces cas, il est remarquable de voir que les mesures prises à ces occasions ont récompensé les pires incompétents, voire les complices plus ou moins volontaires : gendarmerie comme journalistes “embarqués” dans l’appareil d’état et parfois la classe politique et judiciaire.

Leur efficience sur le Smeerpijp comme sur les “valises” de l’époque Mobutu qui ont largement alimenté les caisses noires de la classe politique belge de la fin du XXe siècle a été remarquablement nulle. Est-il besoin de démontrer plus avant leur efficacité dans la reproduction et la protection de la classe dominante belge ? Si on ne trouve que difficilement dans la presse belge de liste des nombreuses dynasties familiales de leur tissu économique, contrairement aux autres pays, ce n’est peut-être pas un hasard. Je remercie d’avance les commentateurs pour des liens éventuels : la liste des habitants de certains quartiers de Sint-Martens-Latem ou Uccle ferait l’affaire 🙂

Joe Trump ou Donald Biden ?

Le Démocrate Biden, militariste, impérialiste et chouchou de la finance mondialisée, soutenu par l’aile néo-cons du parti Républicain qui le reconnaît comme l’un des siens ou Trump, allié de l’industrie US et des fous de Dieu dont l’incompétence et, disons-le ouvertement, la folie avérée peut aboutir n’importe où mais qui est, jusqu’à présent, le seul président américain depuis Kennedy à ne pas avoir lancé de nouvelle guerre à l’étranger ?

Parlons franc : en tant qu’habitant des USA, battre Trump est un impératif malgré les casseroles (corruption, harcèlement, faucon) de Joe Biden. En tant qu’habitant d’Europe, mon jugement est largement plus réservé. Biden & Son, nous les avons vus à l’œuvre en Ukraine et il ne vont pas changer de route. Cette présidence signifiera une accentuation de la pression sur la Russie depuis l’Europe et ainsi qu’une très probable “révolution de couleur” en Biélorussie. Le tournant serbe vers l’Otan va s’accentuer. Etc… Cela va accélérer le raidissement russe déjà bien entamé.

Globalement, nous nous dirigeons tout droit vers une guerre en Europe ou en tout cas d’alarmants bruits de bottes qui vont accentuer en retour la répression des forces progressistes dont nous avons déjà goûté les effluves sur tout l’ouest-européen et en Amérique Latine au temps de sa vice-présidence : militarisation de la police, caporalisation de la justice, mise au pas des syndicats, “libéralisation” des services notamment d’État, écrasement des pauvres au profit des puissants, le tout recouvert d’un mince vernis vert, assaisonné d’un “féminisme” de droite et d’un timide anti-racisme d’apparence.

Revue de presse du 19 mars 2020

La recommandation du jour, c’est l’article de Ian Johnson paru dans le New York Times du 13 mars et traduit en français par Le Cri des Peuples qui explique comment, dans un mélange de racisme et d’idéologie, nos dirigeants ont perdu le temps offert par la Chine en matière de Covid19. A ce propos, sortir sur son balcon tous les soirs à 20 heures pour applaudir les professionnels de la Santé, c’est bien mais les financer correctement et payer ses impôts, c’est mieux, n’est-ce pas Bill Gates.

Autre recommandation, une critique longuement argumentée des printemps arabes décrits comme “Une guerre de prédation économique d’un Occident en crise (…)” par René Naba, que vous auriez tort de négliger si vous voulez comprendre un peu de géopolitique.

Tout le monde aimera “Neuf réflexions sur COVID-19 et ce qui s’en vient” de Caitlin Johnstone remarquablement traduit par Viktor Dedaj. La version originale en anglais est .

Un texte vigoureusement socialiste rappelle que tant la Chine que Cuba envoient de l’aide à nos pays libéraux si développés qu’ils sont incapables de faire face une épidémie finalement pas mal gérée là-bas. Et cet autre article critique tout aussi vigoureusement l’aspect inhumain des sanctions économiques contre l’Iran et le Venezuela en cette période de pandémie.

Sur un blog d’Alternatives Économiques vous pouvez lire une explication de la crise économique révélée par le Covid19 mais qui lui était pré-existante. Ce peut être complété, en français, par cet article des Économistes Atterrés publié sur El Correo.

Une tribune en faveur de l’anonymat sur Internet, baromètre de la démocratie, publiée par Sputnik et écrite par un lauréat de la française Revue de Défense Nationale. Bonjour, les dissonances cognitives ?

Le russe SouthFront met en lumière et en anglais dans deux articles, la montée des menaces de guerre des USA à l’égard de la Russie. Ce se passera en Europe. Il publie aussi la liste des principales pandémies plus ou moins mondiales classé par nombre de morts. Réjouissant, enfin presque.

Sous le titre ““Nous avons des intellectuels de gauche qui se pensent anticapitalistes, qui le sont au sens de leur militance, mais qui écrivent le récit dont la bourgeoisie a besoin“, Bernard Friot nous gratifie d’un article contre, notamment, la pension à points et “l’acharnement (des libéraux) à en finir avec le droit au salaire des retraités pour réaffirmer que ne peut avoir cours que la pratique capitaliste de la valeur : seuls travaillent ceux qui mettent en valeur du capital et la qualification ne peut pas être attachée à la personne”.

L’info est ancienne mais je la signale car l’auteur vient de gagner son procès contre la société de vente pyramidale Akéo alias MLM alias FAR. Cette victoire lui coûte quand même 4.000 €. Vous pouvez le soutenir, même de 5 €, ça lui fera du bien.

Enfin, au cas où ne le sauriez pas déjà, la religion est un obstacle à la science, même aujourd’hui, même chez nous, même dans nos têtes.

“A l’Ouest, rien de nouveau”

Enterré dans les nouvelles militaires, on trouve l’accord du département d’Etat (les Affaires Étrangères US) pour la vente par les USA de 8 avions ravitailleurs KC-46 à Israël pour moderniser leur flotte. C’est confirmé. Une demande de longue date des israéliens. La seule raison militaire possible de cette vente est de permettre aux avions israéliens d’atteindre l’Iran sans l’aide de l’infrastructure des USA, y compris avec quelques-unes de ses 200 charges nucléaires.

Ce pays vient de voter majoritairement pour l’extrême-droite contre la droite. Il vient de choisir la haine comme unique moteur de sa politique et se voit ainsi doté de moyens extraordinairement puissants de déclencher une guerre générale voire nucléaire au Moyen-Orient.

Le (réel) dirigeant actuel de l’Otan, le Général Wolters a aussi déclaré qu’il était “fan de la politique flexible d’utilisation de l’arme nucléaire en premier” (vidéo). Il n’a pas ajouté “uniquement si c’est pas chez moi” mais dans la mesure où il combine ça avec l’usage d’armes nucléaire destinées au champs de bataille, il est évident que ça vise l’Europe, la Russie et le Moyen-Orient.  Logiquement, la Russie réplique depuis longtemps qu’une attaque nucléaire locale (donc chez elle ou ses alliés) est une attaque nucléaire globale et sera répondue comme telle.

Les politiques sont complètement à l’Ouest.

Liens en vrac du mardi

La RTBF publie un long article reprenant les disponibilités et prix différents véhicules partagés en Belgique : de la trottinette électrique à la voiture en passant par les vélos avec ou sans assistance. Et complète ce matin cet inventaire avec un article sur les mono-roues, non-partagées.

Un site, “Bloque la Pub“, reprend les différents avantages et moyens de bloquer la pub sur Internet. Il appelle aussi au partage des connaissances sur ce sujet avec vos amis et familles.

L’ONU recense 49 millions de gens pauvres aux USA. L’extrême pauvreté y frappe près de 9 millions de personnes dont 1 million totalement coupés de la société et du moindre revenu. Le premier des droits de l’homme est celui de ne pas mourir de faim au milieu de la richesse, non ?

Caitlin JOHNSTONE relève les censures éhontées exercées dans tous les pays du monde par les GAFAM, twitter, Facebook et YouTube en tête, à l’encontre de tous ceux, journalistes, politiciens et médias majeurs compris, qui contredisent les médias occidentaux. Pour ajouter l’insulte à l’injure, ces monopoles favorisent parallèlement les machines à propagandes de nos pays. C’est en anglais et c’est indispensable.

Lavamedia est remonté contre l’école inégalitaire en Belgique, l’une des pires dans les pays industrialisés. Il met en exergue une question vitale : “il ne faut pas se demander pourquoi les classes populaires échouent si souvent à l’école, mais pourquoi les enfants de riches, eux, réussissent à l’école”.

Il a fallu attendre le 10 septembre 2019 pour que les USA désignent la filiale locale d’Al Quaida en Syrie comme une organisation terroriste. Cet acte juridique entraîne des interdictions de financement et des facilités de surveillance pour les autorités américaines et alliés. Ça ne faisait jamais qu’un an et demi que cette organisation avait été fondée en se réclamant des pires fous de Dieu.

“Les bombes du climat et des inégalités sur lesquelles nous étions assis ont bel et bien explosé”, voila la première phrase d’un nouvel article de Pour. Ce “born again” de la presse belge avait disparu en 1982 après un attentat de l’extrême-droite. Il a poussé un premier vagissement à 150.00 exemplaires en juin-juillet 2015 sur le traité trans-atlantique. Il parait régulièrement depuis plus d’un an en pdf et sur internet. Vous y trouverez notamment des articles de Paul Delmotte, un favori de votre serviteur.

Les retraites belges sont payables calcule le Vilain Petit Canard dans un article au vitriol contre les manipulations des chiffres qui ornent les médias de révérence (sic) belges et les discours des politiciens de droite.